Les fêtes d’autrefois
Levé depuis bien longtemps, votre grand-père est dans le petit jardin, derrière la maison. Vous le soupçonnez de se lever parfois durant la nuit pour regarder ses tomates pousser.
Vous voyant approcher, il lève les yeux :
T’as besoin d’un petit deux dollars ?
Je te demande pas toujours de l’argent, tu sauras.
Vous boudez quelques secondes.
En fait, je me demandais : c’est quoi une veillée d’antan ?

Illustration d’une veillée sur la pochette d’un disque 45 tours des Fêtes du Vieux Saint-Eustache, 1978
Il s’accote sur sa bêche et vous explique que jusqu’à tout récemment, dans les années 1960, c’étaient les fêtes religieuses, comme Noël, Pâques et la Fête-Dieu qui rythmaient la vie des familles québécoises. En dehors du cadre religieux, même si le curé du village n’était souvent pas favorable à ce genre de fête, on se rassemblait pour des veillées. Les veillées étaient des rassemblements festifs très populaires, surtout en hiver. Pendant la saison froide, le travail se faisait plus rare, surtout pour les cultivateurs. Il était donc plus facile de réunir voisinage, parenté et amis dans les maisonnées pour chanter et danser.
Au son des violons, des tapements de pieds, et parfois d’autres instruments, les danseurs suivaient un « câlleur » qui indiquait, au fur et à mesure, les différents mouvements à faire. On organisait des veillées simplement pour le plaisir, mais aussi pour souligner certains évènements.
Dans sa famille, les plus grosses veillées qu’il a connues sont celles du Jour de l’an. Il faut dire que quand il était plus jeune, le Premier janvier était la plus grande célébration de l’année. Il raconte :
Fêter le jour de l’an au début du XXe siècle. Écoutez l’extrait audio avec une transcription en français.
Visiblement, votre grande sœur vient de s’éveiller. On entend le vinyle qu’elle écoute depuis le jardin. Votre grand-père hausse le ton :
Ce n’est plus comme c’était, hein ! Dans les dernières années, on a délaissé la religion et les veillées sont de moins en moins populaires. Mais je ne pense pas que ça veut dire que les gens n’ont plus le goût de fêter. Il y a Noël, le Jour de l’an, les carnavals, les festivals…
La musique de votre sœur commence à vous déranger. Vous rentrez donc dans la maison.