Des temps hallucinants
Alors que la nouvelle musique rock psychédélique déferlait sur le continent au début des années 1970, un résident de Ladysmith concoctait un produit pour soutenir ce mouvement.
Art Williams avec l’un de ses arcs révolutionnaires, vers 1960.
Homme extrêmement intelligent, Art Williams a conçu l’arc révolutionnaire Williams Bow, qu’il a fabriqué et vendu pendant 20 ans dans son usine d’archerie près de Ladysmith, attirant des clients des quatre coins du globe. Forcé de fermer son entreprise en 1969 à cause des pratiques agressives d’un concurrent beaucoup plus important, Art a attiré l’attention de la police en raison de ses liens avec un gang de motards local. Toutefois, c’est surtout son BC Institute of Mycology qui a éveillé l’intérêt des autorités — une organisation créée grâce à une importante subvention fédérale canadienne, soi-disant pour des recherches sur la culture des champignons.
La grange d’Art Williams. Son laboratoire secret de fabrication de la drogue psychédélique MDA se trouvait sous le sol, en bas à droite, 1977.
En 1972, le US Bureau of Drugs and Narcotics menait une enquête sur la fabrication illégale de MDA, une drogue psychédélique très prisée sur la côte ouest. Ils ont retracé une grande livraison d’un ingrédient essentiel jusqu’au Mycological Institute d’Art. Bien qu’ils fussent persuadés qu’Art fabriquait cette drogue, ils ignoraient où cela se faisait. Pendant cinq ans, ils ont mis son téléphone sur écoute, intercepté son courrier et surveillé ses moindres gestes. Cependant, Art, conscient qu’il était surveillé, a élaboré des stratagèmes complexes qui lui donnaient une longueur d’avance sur les autorités.
Une trappe en acier au sommet d’un ponceau vertical avec une échelle formait l’entrée du laboratoire souterrain d’Art Williams pour la fabrication de la drogue psychédélique MDA, 1977.
La trappe de secours du laboratoire souterrain de MDA, 1977.
En août 1977, la police a perquisitionné la propriété d’Art et a découvert un réseau ingénieux de rampes et d’escaliers ainsi qu’un laboratoire très moderne. Par hasard, une étagère a été déplacée, révélant une porte en acier massif donnant sur un conduit vertical – qui menait à une trappe métallique s’ouvrant sur une pièce secrète de 10 pieds par 10, en béton, avec un tunnel d’évasion. Des traces de MDA ont prouvé que l’usine de fabrication avait enfin été localisée ! La police disposait désormais de suffisamment d’éléments pour porter des accusations.
Libéré sous caution en moins de deux semaines, Art utilisait son propre avion pour voler de Vancouver à Ladysmith afin de rencontrer son avocat. Le 30 novembre 1977, l’avion d’Art aurait supposément percuté les eaux du détroit de Géorgie lors d’un vol de retour. Aucun corps n’a été retrouvé et les débris étaient très limités. Une enquête a conclu qu’Art était décédé dans l’accident, mais depuis des rumeurs circulent selon lesquelles Art aurait simulé l’écrasement et fuit le pays.
L’histoire s’est poursuivie. En 1979, Margaret, l’épouse d’Art, a disparu sans laisser de trace.
Art a-t-il orchestré sa soi-disant mort? Qu’est-il arrivé à sa femme ? Ont-ils fui vers une vie de luxe dans un paradis tropical ?
Quelqu’un connaît la vérité…
Couverture du livre 85 Grams: Art Williams, Drug Czar de Daryl Ashby