Des vies brisées
Nos coeurs étaient brisés
Dans le but d’assimiler et d’intégrer les peuples des Premières Nations à la société des colons, le gouvernement canadien a permis, pendant près d’un siècle, le retrait forcé des enfants des communautés des Premières Nations, les séparant ainsi de leur famille, de leur société, de leur culture, de leurs traditions et de leur langue.
Entre les années 1890 et 1970, les enfants de la Première Nation Stz’uminus, certains n’ayant que quatre ans, ont été placés dans plusieurs pensionnats autochtones, le plus proche se trouvant sur l’île voisine de Kuper (aujourd’hui appelée Penelakut).
Pensionnat autochtone de l’île de Kuper
Le pensionnat autochtone de l’île de Kuper a ouvert ses portes en 1889. Géré par l’Église catholique pendant une grande partie de son histoire, il a fonctionné jusqu’en 1975. Des garçons et des filles y étaient scolarisés. Sa mission était de « fournir une éducation pratique et domestique aux enfants autochtones de l’Agence indienne Cowichan et des groupes Salish de la côte de la région ». Les enfants étaient punis s’ils parlaient leur langue maternelle et on leur disait que leurs pratiques traditionnelles étaient « païennes ».

L’auteur Tony Charlie et sa femme Lorraine Charlie présentent le livre qu’il a écrit retraçant son expérience dans un pensionnat autochtone.
L’histoire du pensionnat autochtone de l’île de Kuper est marquée par de tragiques récits d’abus. Ce n’était pas un bon endroit où vivre – une sorte d’Alcatraz du Nord, séparé de l’île de Vancouver et des familles des élèves par plusieurs kilomètres de mer. On apercevait la maison, mais on ne pouvait y accéder. Désespérément nostalgiques et traumatisés, plusieurs enfants se sont noyés en tentant de s’évader, soit en nageant, soit en flottant sur des troncs d’arbre pour traverser l’eau jusqu’à l’île de Vancouver. Un petit garçon a réussi à traverser neuf fois, chaque fois pour être ramené à l’école par la police locale.
Le bâtiment de l’école a été démoli dans les années 1980 dans le but d’effacer certains souvenirs douloureux. En 2021, la Première Nation Penelakut a signalé la découverte de 160 tombes non identifiées autour de l’ancien site scolaire.
Renouveau culturel
Les anciens élèves et leurs familles sont encore aujourd’hui profondément marqués par les expériences vécues dans les pensionnats autochtones. Cependant, la revitalisation récente de la culture et de la langue des Premières Nations nourrit la fierté d’embrasser leur identité. Le processus de réconciliation tente de réparer les torts du passé en restituant les terres traditionnelles, en écoutant et en prenant du recul pour faciliter la guérison d’une communauté dont le cœur a été brisé. Les façons autochtones ne sont plus considérées comme « arriérées » et « païennes », mais sont respectées et chéries dans le kaléidoscope culturel du Canada moderne.
George Harris, Aîné de Stz’uminus, a composé l’hymne Stz’uminus Mustimuxw, largement chanté au sein de la communauté, exprimant la grande fierté des membres de la Première Nation Stz’uminus et de leur culture salish de la côte.
VIDÉO: Stz’uminus First Nation anthem (sous-titres disponibles en français et en anglais). Profitez de cette vidéo avec la transcription.
Tradition musicale
Il existait une tradition musicale au sein du pensionnat autochtone de l’île de Kuper. Dans les premiers temps (années 1890 – années 1920), la fanfare de l’école était renommée pour son excellence. Les instruments à vent en cuivre avaient été introduits à l’origine par les missionnaires catholiques et ont été adaptés par de nombreuses communautés des Premières Nations à des fins récréatives et cérémonielles.
À Ladysmith, nous sommes déterminés à nous réconcilier et à restaurer les liens au sein de notre communauté. Cela prendra du temps, et il nous faudra écouter les voix des membres des Premières Nations.