Une grève amère
Au début des années 1900, les accidents et les décès dans les mines de charbon étaient très fréquents. Les mineurs réclamaient des conditions de travail plus sûres, de meilleurs salaires et le droit d’adhérer à un syndicat. Les compagnies charbonnières y étaient opposées, car cela augmentait leurs coûts. La tension montait.
En juin 1912, un membre du syndicat qui avait signalé la présence de gaz dans l’un des puits de la mine Extension fut congédié ; la compagnie le considérait comme un fauteur de troubles. Il fut inscrit sur une liste noire et empêché d’obtenir un emploi par la suite.
Cela déclencha une grève qui s’étendit rapidement aux autres mines de l’île de Vancouver. Soutenus par le syndicat United Mine Workers of America, les mineurs décidèrent qu’il était temps de prendre position!
Cependant, les indemnités de grève du syndicat ne suffisaient pas pour vivre : les mineurs et leurs familles souffraient gravement. Pour garder le moral, le syndicat loua une grande salle à Ladysmith, avec des salles de jeux, une bibliothèque et un piano pour des concerts. Noël 1912 fut célébré avec de la musique et de la danse.

Le 72e régiment des Seaforth Highlanders du Canada, mené par des pipers, marche vers le nord le long de la Première Avenue à Ladysmith en 1914.
Le jour de la fête du Travail en 1913, des milliers de mineurs, leurs familles ainsi que des sympathisants des syndicats ont défilé à Ladysmith en signe de solidarité. Une fanfare ouvrait la marche en tête du défilé.

Paroles de la chanson Bowser’s Seventy Twa, dans le British Columbia Federationist, le 24 avril 1914.
Cependant, les compagnies charbonnières refusaient de céder : elles rouvraient les mines en recourant à des briseurs de grève.
Les tensions violentes entre grévistes et briseurs de grève culminèrent en émeutes à Ladysmith et à Extension en août 1913. Des biens furent détruits ; deux bombes furent lancées, dont l’une fit exploser la main d’un briseur de grève.
La milice fut envoyée par le procureur général, William Bowser, pour faire régner l’ordre. Cela ne plaisait PAS du tout aux mineurs, qui composèrent et chantèrent une chanson peu flatteuse sur le 72e régiment des Seaforth Highlanders du Canada intitulée Bowser’s Seventy Twa.
VIDÉO : Bitter Strike (sous-titres disponibles en français et en anglais). Profitez de cette vidéo avec une transcription.

Des membres de la milice du 5e régiment d’artillerie de campagne (C.-B.) marchent le long de la Première Avenue à Ladysmith pendant la grande grève.
Cinquante mineurs furent condamnés à la prison. Lorsqu’une dizaine d’entre eux retournèrent à Ladysmith au printemps 1914, ils furent paradés dans les rues au son retentissant de « La Marseillaise ».
Cependant, les compagnies charbonnières ne cédèrent pas. En juillet 1914, le syndicat fut à court d’argent et supprima les indemnités de grève. En août, deux semaines après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, les mineurs reprirent le travail à contrecœur, mettant fin à l’une des grèves les plus amères qu’ait connues la Colombie-Britannique.
De mauvais sentiments diviseraient la communauté pendant des générations.