Moulin Seigneurial de Pointe-du-LacTrois-Rivières, Québec
Maître Meunier MAÎTRE-MEUNIER: LES RUDIMENTS DU MÉTIER
ÊTRE MEUNIER AU QUOTIDIEN
Le meunier est un personnage de premier plan dans la communauté. Malgré l'importance de la tâche, le métier est peu glorieux et exige force et endurance. D'autant plus que les instants de repos sont rares, puisque le meunier œuvre sept jours sur sept. En période d'affluence, le moulin tourne jour et nuit, le meunier ne s'accordant de relâche que lorsque les conditions climatiques ou un bris empêchent le bon fonctionnement du moulin.
ÊTRE MEUNIER AU QUOTIDIEN (suite)
Pour cette raison, le meunier fait preuve d'une extrême vigilance. Il met un grand soin à ajuster la cadence des meules, qui doivent conserver une vitesse précise. Trop rapides, elles brûlent le grain ; trop lentes, leur friction est insuffisante pour assurer l'efficacité de la production. Le meunier ne peut donc s'assoupir que d'un œil, les sens toujours à l'affût, prêt à détecter toute anomalie du rythme de son moulin.
La tâche du meunier ne se limite pas à la fabrication de la farine. Il doit également assumer l'entretien du moulin et, surtout, veiller au bon fonctionnement des mécanismes. Il évite les pannes en effectuant des opérations routinières : le nettoyage et le déglaçage des canaux, par exemple, qui visent à maintenir un débit constant. Malgré tous ces efforts de prévention, les bris mécaniques occasionnels sont inévitables. Dans ce cas, le meunier exhibe ses talents de bricoleur, s'improvisant charpentier ou menuisier. Les plus inventifs prennent même des allures d'ingénieurs, tant ils mettent d'ardeur à repenser sans cesse leurs installations pour améliorer le rendement du moulin.
La meunière, quant à elle, ne chôme pas non plus. En plus d'effectuer les tâches assumées par toutes les ménagères, elle assiste son mari en accueillant les paysans venus faire moudre leur grain. Elle offre à toute heure du jour des rafraîchissements ou même le repas aux cultivateurs qui patientent, et prépare à l'occasion des lits de fortune pour ceux qui viennent de loin.
LES QUALITÉS D'UN BON MEUNIER
À la lumière de cette description des rudiments du métier de meunier, il est évident que plusieurs qualités sont requises afin d'occuper le métier de meunier de manière efficace.
Être un bon meunier demande:
1. De l'endurance : le moulin tourne jour et nuit;
2. De la vigilance : le rythme du moulin doit être constant;
3. Le sens de la prévention : les mécanismes doivent être entretenus afin d'éviter les bris;
4. De l'inventivité : les engrenages peuvent servir à faire fonctionner plusieurs équipements, autres que ceux du moulin;
Aussi, un meunier inventif et débrouillard trouve rapidement une solution aux bris mécaniques fréquents. Sa production en est donc moindrement affectée.
5. Et un brin de... sagesse : les grains de chaque cultivateur doivent être moulus distinctement afin d'éviter les conflits;
Sa sagesse lui permettra aussi de juger du meilleur mélange selon les circonstances : une moins bonne récolte demande de mélanger du germe et du son à la fine fleur afin d'augmenter la quantité de farine. En ajustant ainsi la composition de sa farine, le meunier permet aux familles de cultivateurs d'avoir une quantité suffisante de farine pour l'année. D'autre part, la sagesse du meunier lui dicte de garder le secret de l'assemblage des toiles de son bluteau : elles garantissent la qualité et le mérite de sa farine!
AU FIL DES SAISONS
Le travail du cultivateur précède celui du meunier. Les tâches à effectuer lui sont dictées par le passage des saisons. Dès que le sol dégèle au printemps, le paysan débute les labours. Il retourne la terre, l'aère et l'engraisse pour la préparer avant de faire les semis. L'été est consacré à l'entretien des cultures de blé, d'avoine, de sarrasin, d'orge et de maïs. Lorsque vient l'automne, on s'empresse de faucher les récoltes et d'engranger les céréales.