AU FIL DES SAISONS (suite)
La principale activité du cultivateur en hiver est le battage des céréales, qui consiste à séparer les graines de l'épi ou de la tige. Cette tâche s'effectue au cours des mois de janvier et février, d'abord parce que l'on dispose de plus de temps libre pendant la saison hivernale, mais aussi parce que les grains se détachent mieux de leur enveloppe à basse température. Ainsi, par les journées de froid intense, mais sans vent, les batteurs se mettent à l'œuvre. Ils étendent les gerbes de céréales sur le sol de la batterie, sur lequel ils ont pris soin d'étendre une toile pour éviter que les grains ne tombent entre les joints du plancher. Puis, ils assènent une pluie de coups sur la tête des plants avec le fléau, un outil composé de deux morceaux de bois reliés par des courroies de cuir. Cette corvée éreintante se déroule toujours en groupe et tous s'échinent en cadence, battant le grain sans briser le tempo. Les hommes rythment leurs efforts en fredonnant des chansons entraînantes, qui font oublier la fatigue. La sonorité des coups sur le plancher change lorsque tout le grain est détaché de la gerbe, ce qui indique que le travail est terminé. La paille est ramassée pour nourrir les animaux, alors que le grain est empoché et remisé jusqu'à la prochaine visite au moulin.
UN MOULIN À TOUT FAIRE
La fonction principale du moulin est de moudre le grain, mais rien n'empêche d'exploiter sa puissance pour faire fonctionner d'autres machines. Par cette pratique, les habitants cherchent à simplifier leurs tâches et, surtout, à amoindrir l'effort qu'ils doivent fournir pour les accomplir. Certaines besognes éreintantes - ou épuisantes par leur caractère répétitif - se trouvent ainsi grandement facilitées. Au cours de son histoire, le moulin à farine accueillera entre ses murs une série d'outils hétéroclites, qui profiteront de son énergie. En fait, pratiquement tout engin mécanisé peut être relié au moulin et les meuniers font souvent preuve d'une inventivité étonnante pour alléger leur tâche.
UN MOULIN À TOUT FAIRE (suite)
Par exemple, la beurrerie du domaine ne se situe pas dans un bâtiment indépendant. Les équipements sont installés à l'intérieur même du moulin. D'énormes barattes sont raccordées aux engrenages en place pour transformer, sans peine, la crème en beurre. Les cultivateurs évitent ainsi l'épuisement engendré par cette corvée laborieuse.
Plus tard, le moulin à farine s'enrichira également d'une panoplie d'outils de menuiserie et d'ébénisterie : scie à ruban, planeur, tour à bois. Ils serviront à effectuer des travaux plus délicats qu'à la scierie adjacente. Au cours des années 1930, les outils de ce modeste atelier serviront à la fabrication des boiseries et des meubles pour les Frères de l'Instruction Chrétienne. Trois ans seront nécessaires à M. Hubert Jolin afin de réaliser les véritables chefs d'œuvres d'ébénisterie qui orneront la chapelle.