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Cuisine construite sur un radeau directement sur la rivière pour les draveurs au travail
Années 1930
Vallée de la Lièvre (Québec) Canada


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Les castors au travail

Cette photographie datant des années 1930 présente un groupe de draveurs s’affairant autour d'un radeau près des rives de l'ancien village disparu de North Nation Mills. Comme la photographie le présente bien, les radeaux des draveurs étaient souvent aménagés de cuisines et de tentes afin de leur faciliter la vie et de pouvoir exercer leur métier plus facilement.

Les propriétaires-commerçants surnommaient souvent les draveur "les castors" en raison des huttes qu'ils construisaient sur les radeaux, du fait de leur ingéniosité, de leur tempérament et de leur acharnement. Le castor est ensuite devenu l'emblème animalier du Canada, en partie pour cette raison.

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Cantine flottante bien fréquentée
Au cours des années 1930
Vallée de la Petite-Nation, (Québec) Canada


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Cette photographie des années 1930 nous présente un groupe de draveurs profitant d'une petite pause sur un radeau aménagé d'une cabane fermée.

Ce moment de détente était certainement mérité en raison du travail difficile qu'ils exécutaient chaque jour. Chaque draveur travaillait normalement 12 heures par jour et ce, 7 jours sur 7.

C'est grâce à une étude rédigée en 1991 par Lorne-F. Hammond et intitulée "Anatomy of a Lumber Shanty : A Social History of Labour and Production on the Lièvre River, 1876-90" que l'on peut décrire avec précision le type de travail effectué par les hommes durant toute la saison sur un chantier en Outaouais. Cette étude s'appuie sur des pièces d'archives du fonds de la James Maclaren Company qui décrivent avec précision le temps de travail de chaque employé, le nombre d'hommes assignés à chaque tâche, tous les biens de consommation, les matériaux reçus au chantier ainsi que leur provenance et la date de réception, ainsi qu'une liste récapitulative des achats faits par chaque employé du chantier.

Un examen approfondi des livres et pièces d'archives contenants ces informations et fourni par la Maclaren Company a permis à Lorne-F. Hammond de reconstituer le cycle de vie d'un chantier.

Les premiers travailleurs arrivaient normalement au chantier au début de l'automne, mais en très petit nombre.

Lorsqu’il s’agissait d'un nouveau chantier, celui-ci avait été repéré dès le printemps précédent.

Les premiers travailleurs effectuaient donc les travaux de réparation aux bâtiments existant nécessitant des réfections et si besoin était, ils avait aussi comme responsabilité ou comme tâche la construction de nouveaux bâtiments destinés à l'accueil des travailleurs à venir.

Lorsque les travaux de réparations et de construction des bâtiments étaient terminés, ils s’affairaient ensuite à la construction et à l'entretien de barrages filtres sur les ruisseaux et les rivières. Les barrages filtres jouaient un rôle très important puisqu'ils permettaient l'élévation du niveau des eaux des ruisseaux par lesquels les billots allaient être dirigés vers la rivière principale (dans le cas de la James Maclaren Company, la rivière La Lièvre) ou une autre rivière principale tel la Blanche ou la Petite-Nation.

Les hommes devaient par la suite dégager les routes par lesquelles les billots seraient halés jusqu'aux abords des ruisseaux, rivières ou lacs qui se trouvaient à proximité des chantiers. Des entrepôts servant à l'entreposage de la paille destiné aux chevaux de tire étaient également construits. Lorsque ces tâches étaient accomplies, l'abattage des arbres pouvait débuter.

Ce n'était qu'au moment du dégel des cours d'eaux et des lacs qu'un second groupe de travailleurs arrivait au chantier. Ceux-ci étaient normalement accompagnés de nombreux attelages de chevaux, ceux-ci étant utilisés pour le halage des billots qui étaient ensuite empilés près d'un cours d'eau afin de faciliter leur transport jusqu'au moulin à scie de la compagnie.

À l'approche du printemps, les ouvriers devaient également préparer ou réparer les outils utilisés par les draveurs (gaffes, crochets, etc.). Les employés étant embauchés pour l'hiver devaient absolument quitter les chantiers avant le dégel puisque la rivière était la seule voie de communication disponible. Au moment du dégel, les employés restant sur les chantiers s'occupaient de récupérer les billots dans les allingues de retenue sur les rivières.

Une fois la drave commencée, le parcours que devaient franchir les draveurs, à partir du camp de coupe jusqu'au moulin à scie n'était pas sans embûches. De nombreuses embâcles se formaient le long des cours d'eau, particulièrement aux endroits où la rivière était plus étroite. Les draveurs devaient donc parer à ces encombrement afin de rétablir ou préserver l'écoulement naturel des eaux et donc des billots.

La drave se déroulait du dégel des glaces jusqu'à la fin du mois de juillet. Les entrepreneurs effectuaient ensuite des travaux d'amélioration aux cours d'eau, en construisant des glissoires et des barrages de rétention aux endroits propices. Ces installations leur permettaient de faciliter le passage du bois.

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Scène courante du métier de draveur ; un bateau tirant une cage remplie de billots de bois
1940-1950
Vallée de la Petite-Nation, (Québec) Canada


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Au fil de l'eau

Cette image datant probablement des années 1950 représente l'évolution des technologies et des techniques de drave. Les radeaux qui étaient dans le passé propulsés par le courant et le vent (de grandes voiles étaient fixées aux radeaux afin d'augmenter la vitesse de déplacement normale due au seul courant) sont à l'époque des années 1950 tirés par de petits bateaux qui se fraient un chemin à travers les amoncellements de billots de bois.

Ce nouveau moyen de propulsion accélérait bien entendu le transport des billots de bois, mais les draveurs devaient toujours manoeuvrer et diriger les billes eux-mêmes dans les passages plus difficiles des cours d'eau tels des rapides, des zones de rétrécissement de la rivière ou en cas d'autres obstacles ou difficultés.

À cette époque, la seule force brute combinée à l'utilisation des gaffes et crochets des draveurs n'est plus le seul moyen de briser les embâcles. Au cours des années 1950, les draveurs et cageux ont recours à la dynamite afin de briser les restants de glace du printemps et libéraient ainsi les billes plus rapidement et avec beaucoup moins d'effort que dans le passé. Toutefois, le danger de blessures n'en était certainement pas réduit.

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Draveur au travail sur la Rivière des Outaouais
1955
Rivière des Outaouais (Québec) Canada


Crédits:
André Duval

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La gaffe à l'eau

Cette magnifique photographie nous présente le draveur qui, du bout de la cage, et muni de sa gaffe, dirige son chargement sur la rivière Petite-Nation à destination de la scierie de son patron.

La présence d'un petit bateau de draveur motorisé est facilement devinée grâce à la présence des vagues que celui-ci provoque, dont le type est caractéristique de la propulsion par hélices, et à ce que nous pouvons considérer comme l'extrémité du bateau, que nous pouvons remarquer au bas de la photographie.

L'effet de plongé donné par le photographe, probablement perché sur le toit du petit bateau à moteur, ainsi que le contact visuel établi entre le draveur et lui rendent la photographie encore plus spectaculaire.

Dans les années 1820, des droits de coupe sont accordés à Baxter Bowman dans la vallée de la rivière du Lièvre, au nord de High Falls. Les premières coupes se concentrent sur le pin blanc qui est acheminé aux grands chantiers maritimes en Angleterre, via Québec. Le bois coupé en hiver est déposé sur la glace et conduit par flottage jusqu’à l’Outaouais. Les draveurs, hommes habiles et fantasques, sautent alors sur les billes et les dirigent dans le courant des crues du printemps, armés de leur courage et d’outils spécialisés : la fourche, la gaffe, le cantouque, le franc-renard, le crochet. Les obstacles exigent des opérations adaptées.

Les billes sont regroupées en cages, espèces de grands radeaux flottants, que l’on démonte à la tête des chutes et des rapides, pour les reconstituer en aval. On fait sauter à la dynamite les embâcles dans les goulots naturels de la rivière. Les pertes en vies humaines sont nombreuses. Mais le bois se brise aussi dans des chutes et les rapides. Les MacLaren, ayant obtenu le monopole sur la rivière du Lièvre par des rachats successifs et des permis de coupe, construiront un premier glissoir pour contourner les High Falls. Faute de chemin de fer et de routes adéquates, la drave ne cessera sur la rivière du Lièvre qu’en 1993.

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Adélard Fournier (à droite) avec un compagnon devant un camion chargé de bois
Au cours des années 1950
Municipalité de Duhamel (Petite-Nation, Québec) Canada


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Un nouveau moyen de transport pour le bois

Cette photographie nous présente Adélard Fournier, propriétaire de A. Fournier Transport Général, de Duhamel (à droite) ainsi qu'un compagnon, posant devant un camion chargé d'énormes billots de bois à destination d'une scierie des environs.

Durant les années 1950, le transport du bois pouvait avoir lieu même durant l'hiver, et ce en raison des nombreuses routes qui sillonnaient maintenant la province et qui étaient inexistantes durant le XIXe siècle ainsi qu'au début du XXe. Ainsi, le développement des routes du Québec ont permis aux bûcherons d'acheminer leur bois avant l'arrivée du printemps et du dégel des lacs et cours d'eau et de gagner de l'argent plus rapidement.

C'était le début de l'aire du transport routier.

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Raoul Courchesne s’amusant dans le chantier de son père
Au cours de 1952
Vallée de la Petite-Nation, (Québec) Canada


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Un garçon dans un camp de bûcherons

Nous retrouvons ici Raoul Courchesne qui, jeune adolescent de 13 ou 14 ans au cours de l'hiver 1952, s'amusait sur le chantier de son père avec ce qui semble être une branche de bois, mais qui aurait également pu être un godendart ou une scie, utilisés pour couper les branches des arbres en bûches.

Les campements des hommes nécessitaient l'utilisation de beaucoup de bûches ou de combustible, autant pour le chauffage des baraquements, là où les hommes dormaient et ce spécialement au cours de l'hiver, mais également pour les cuisines.

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Albert Desgagné conduisant un tracteur transportant du bois dans la foret
1940
Municipalité de Duhamel (Petite-Nation, Québec) Canada


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La force motrice au service des bûcherons

Nous retrouvons ici M. Albert Desgagné qui effectue le halage ou débardage du bois en forêt à l'aide d'un gros tracteur motorisé. Cette étape était, durant plus d'un siècle, effectuée grâce à l'aide de chevaux ou de boeufs de travail. Toutefois, avec l'arrivée des nouvelles technologies, les hommes ont tranquillement délaissé les animaux au profit des tracteurs et autres équipements et machineries lourdes.

Ces nouvelles techniques furent elles aussi utilisées durant bien des années, mais les entreprises forestières autant que les propriétaires de fôrets privées retournent de nos jours de plus en plus vers les veilles techniques, préconisant aujourd'hui de plus en plus l'utilisation d'animaux de trait à la machinerie, qui est jugée depuis quelques années comme responsable d'une dégradation des sols (tassement nuisant aux racines et à la circulation de l'eau et des nutriments) ainsi qu'à la dégradation de l'environnement (bruit, pollution due aux moteurs, déversements d'huiles ou de carburants, nécessité d'un réseau dense de routes et de pistes, etc.).

Ces préoccupations n'étaient pas au goût du jour durant les années 1950 et dans les décennies suivantes, puisque la conscience sociale n'était pas orientée vers les préoccupations écologiques, ce qui est heureusement le cas aujourd'hui.

Le hallage ou débardage à l'aide de chevaux permet de diminuer le tassement du sol, n'impose pas de créer de nouveaux layons ou de nouvelles pistes ou routes d'accès vers ou à partir des sites de coupe, puisque, se contentant de passages de moins d'un mètre de large, le cheval respecte les sols fragiles et travaille sans bruit, sans moteur ni pollution. Le cheval est moins rapide, en moyenne, qu'une machinerie lourde, mais beaucoup plus efficace pour le débusquement sur les sols difficiles.