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22 décembre 2006

Bonjour grand-papa,

Je t'écris aujourd'hui pour te raconter la suite des étapes qu'a dû traverser notre petite équipe d'aventuriers. Je t'ai déjà parlé de leur grande tournée des municipalités, des études, des analyses, des modifications à proposer, à faire accepter, des formulaires à compléter, à expédier, et tout le tralala. Je t'ai aussi révélé les secrets de quelques difficultés qu'ils ont rencontrées pendant leur parcours. Aujourd'hui, j'ai envie de te parler de leur rencontre avec M. Fred Roots, président de MAB Canada et de la visite des membres du comité MAB dans la région du Survenant.

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L'eau qui monte au pied des arbres dans les îles de Sorel
Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada


Crédits:
Sylvie Ouellet

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Mais tout d'abord, suite à l'envoi de la première version du formulaire -- et crois-moi, il y en aura plusieurs-- ils ont été invités à participer à une rencontre avec l'Association canadienne des réserves de biosphère (ACRB) afin de présenter leur projet de réserve de biosphère. Cela a été une expérience exigeante pour la petite équipe qui devait convaincre les gens présents de la légitimité de leur projet.

Je t'explique : la petite délégation de la Société d'initiative et de conservation du Bas-Richelieu (SICBR) a eu l'impression que les membres de l'ACRB n'étaient pas convaincus que c'était ce lieu-là, en parlant du lac Saint-Pierre, qui devait être la prochaine réserve de biosphère au Québec. Normand et son équipe ont eu l'impression qu'ils voyaient davantage un lieu comme Tremblant obtenir cette désignation. Au fond, le vrai problème était qu'ils ne connaissaient pas le lac Saint-Pierre comme Normand, Louis, Hélène ou encore toi, grand-papa.

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Hélène Gignac, Normand Gariépy et Louis Gagné lors de leur rencontre avec l'ACRB
1999
Saskatchewan, Canada


Crédits:
Jim Birtch

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Suite à cette rencontre, les trois protagonistes m'ont avoué que le lac Saint-Pierre n'était pas un lieu facile à défendre. L'approche tout à fait nouvelle que proposait ce nouveau projet de réserve de biosphère semblait plus difficile à concevoir pour les gens notamment à cause du lieu, physiquement très différent des autres réserves qui ressemblent davantage à des parcs nationaux et provinciaux et où l'entrée et la sortie sont clairement identifiables.

Tu peux facilement comprendre qu'aujourd'hui la réserve est très observée par ces organismes pour vérifier si les choses ont été faites correctement et si les actions futures auront des impacts positifs ou négatifs sur l'environnement et les populations.

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Un chevreuil dans les îles de Sorel
2005-2006
Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada


Crédits:
Claudette Cardin

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De plus, ce projet représentait un réel défi sur le plan du développement durable. Le lac Saint-Pierre, comme tu le sais, n'est pas situé dans un endroit isolé. Au contraire, il est situé dans un endroit très habité et très fragile. Il est exposé à un grand nombre de problématiques. En fait, c'est un peu comme si le territoire de cette future réserve comprenait d'un seul coup l'ensemble des problématiques vécues par les réserves québécoises existantes : la navigation commerciale, la navigation de plaisance, le dragage, les traversiers, l'agriculture, la chasse, la pêche, l'industrialisation, l'urbanisation, l'érosion des berges, etc.

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Les ravages causés par l'érosion des berges



Crédits:
Normand Gariépy

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La marina de Sorel avec comme arrière-plan le traversier et les silos à grains du port de Sorel
Sorel-Tracy (Québec), Canada


Crédits:
Normand Gariépy

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Tous ces éléments réunis, en ajoutant le fait que l'idée ait été initiée par un groupe d'individus et non par une instance gouvernementale, faisaient de cette réserve de biosphère un projet unique et très spécial.

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Vue aérienne d'un complexe industriel au bord de la voie maritime du Saint-Laurent
Sorel-Tracy (Québec), Canada


Crédits:
Normand Gariépy

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C'est suite à cette première rencontre avec le comité de l'ACRB qu'ils ont enfin reçu un coup de fil du comité MAB Canada qui désirait visiter le fameux lac Saint-Pierre. La délégation est arrivée à l'été 1999. Cela faisait déjà un an que tu avais quitté le pays du Survenant et que notre chalet avait été vendu à des étrangers. C'est à cette occasion que Normand, Louis et Hélène ont rencontré pour la première fois Mme Gisèle Trubey, chargée des sciences naturelles à la Commission canadienne pour l'UNESCO. C'est au cours de cette même visite que les représentants de la SICBR ont rencontré celui qui deviendrait leur mentor, le Dr Fred Roots. Selon Louis, ils ont tous deux été d'un grand support et d'un appui inestimable.

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Le Dr Fred Roots pendant son discours lors de la cérémonie officielle du 8 juin 2001
8 juin 2001
Auberge de la rive, Sorel-Tracy (Québec), Canada


Crédits:
Patrick Turgeon, Les 2 Rives

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Je t'explique brièvement comment cela fonctionne. Chaque demande de reconnaissance de réserve de biosphère déposée à l'UNESCO doit être prise en charge par un membre du comité MAB du pays en question. Dans le cas du lac Saint-Pierre, c'est M. Fred Roots qui était chargé de s'occuper de la demande de nos trois amis. La relation qui s'est établie entre les deux parties a été très particulière, entre autres à cause du passé de M. Roots.

Avant même d'être jumelé au projet de la réserve de biosphère du Lac-Saint-Pierre, il était déjà très sensible à la problématique entourant le fleuve Saint-Laurent et les Grands Lacs. Mais il n'avait jamais mis les pieds au lac Saint-Pierre. Malgré le fait qu'il avait souvent vu des cartes du fleuve Saint-Laurent, il n'imaginait pas l'ampleur et l'immensité du lac Saint-Pierre qui se love fièrement comme une mer à l'intérieur d'un fleuve; comme un lac traversé par une voie maritime internationale.