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16 janvier 2007Bonjour grand-papa,
C'est un peu triste à dire mais cette lettre sera l'une des dernières que je t'enverrai. L'exposition " Histoire d'îles " est presque terminée et maman m'a appris que tu allais venir passer quelques jours au pays du Survenant très bientôt.
As-tu passé un beau temps des fêtes? Cela m'a fait plaisir de te revoir ainsi que tous les cousins et toutes les cousines que je n'avais pas vus depuis longtemps. J'ai été heureuse de constater que, grâce à mes lettres, tu avais beaucoup appris sur la région que tu connais pourtant comme le fond de ta poche; une région qui a cependant beaucoup changé depuis quelques années. Mais c'est notre discussion sur ta vie à Sainte-Anne-de-Sorel, pendant le souper de Noël chez tante Suzanne, que j'ai appréciée le plus.
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Le chenal d'Embarras telle une patinoire durant la période hivernaleChenal d'Embarras, Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada
Crédits:Denis Côté
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J'ai été particulièrement intriguée quand tu m'as parlé des communes; ces endroits sur certaines îles où les cultivateurs laissent paître leur bétail durant l'été. J'ai souvent vu des vaches sur les îles mais je ne m'étais jamais posé de questions sur leur présence en ces endroits. Ces communes existent encore aujourd'hui et le chaland (le bac comme on dit communément dans la région) qui transporte les animaux sur les îles attend la fonte des glaces pour reprendre du service.
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Le chaland qui transporte le bétail à la commune de l'île du MoineChenal du Moine, Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada
Crédits:Aline Viau Bélanger
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En faisant un peu de recherche, j'ai découvert que les communes que l'on connaît aujourd'hui tirent leur origine du régime seigneurial du 17e siècle. Le seigneur, en échange d'une redevance, cédait des pâturages à ses contribuables. Ces droits sont transmis de génération en génération ou sont tout simplement loués à des cultivateurs désireux d'y amener taures, moutons et chevaux. Il semble que les toutes dernières communes au Québec se trouvent dans l'archipel du lac Saint-Pierre. La plus célèbre se trouve sur l'île du Moine.
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Le bétail sur la commune de l'île du MoineCommune de l'île du Moine, Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada
Crédits:Normand Gariépy
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Je laisse la parole à M. André Sarrazin qui m'a raconté une belle histoire à ce sujet. Probablement que cette histoire pourrait être racontée par plusieurs jeunes hommes ayant grandi dans l'archipel du lac Saint-Pierre.
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André Sarrazin se remémore des souvenirs de jeunesse sur les communes de l'archipel
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Et les inondations! Je ne me doutais pas qu'elles aient été si fréquentes et qu'elles détruisirent autant de demeures et de bâtiments. Les plus ravageuses ont eu lieu en 1896, 1947, 1951, 1971, 1976 et 1998. J'en ai encore des frissons quand je pense à certaines d'entre elles.
Après le souper, en revenant à la maison, j'ai fouillé dans les vieilles photographies de mes parents et j'ai trouvé des merveilles. Je te les envoie avec cette lettre. Ce sont des photos des inondations du printemps en 1968 et 1973. Je n'étais pas née mais en les regardant, je me suis rappelée toutes les histoires que mes parents et toi m'avez racontées sur les crues printanières dans les îles de Sainte-Anne-de-Sorel.
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Le pont de l'île aux Fantômes inondé1973
Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada
Crédits:Fonds Fernand-Gariépy, CSPR
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Des chaloupes sur le chemin inondé1973
Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada
Crédits:Fonds Fernand-Gariépy, CSPR
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La maison chez Corona Beauchemin1968
Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada
Crédits:Fonds Fernand-Gariépy, CSPR
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Au printemps 1968, le niveau de l'eau était monté si haut que les caves des maisons avaient été inondées. Les gens se déplaçaient même en bateau ou en chaloupe dans les rues. Je n'avais jamais vu le pont de l'île d'Embarras ainsi recouvert d'eau. Vous m'en avez tellement parlé qu'en regardant ces photos, c'est comme si j'avais été là moi-même!
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M. Beauchemin dans sa chaloupe1968
Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada
Crédits:Fonds Fernand-Gariépy, CSPR
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