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L'usine Singer s'avère être une véritable ville à l'intérieur même de la Ville de Saint-Jean. En effet, la Singer est autonome dans plusieurs domaines : incendie, électricité, soins de santé… de tout sous un même toit!

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Le service incendie
La superficie couverte par la Singer et le nombre important d'employés qui y travaillent, autant dans l'usine que dans les bureaux, nécessitent une organisation efficace en cas d'incendie. C'est pourquoi la Singer s'est dotée de ressources qui lui permettent d'agir rapidement si besoin est. Ainsi, on compte une équipe d'une quarantaine de pompiers volontaires, disponibles en tout temps, qui s'entraînent régulièrement par le biais de simulations. À une certaine époque, la brigade de pompiers de la compagnie est plus nombreuse que celle de la Ville de Saint-Jean! Les pompiers volontaires sont parfois même appelés en renfort pour aider leurs collègues de la Ville lors de feux importants! La Singer possède aussi son propre camion pour combattre les incendies!

Après les incendies et les exercices de feu, les boyaux sont installés dans la cabinetterie, aux tours à élévateurs, pour le séchage.

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Brigade des pompiers de l'usine Singer de Saint-Jean
Première moitié du 20e siècle
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada


Crédits:
Jacques Richard
Photographe: Joseph-Laurent Pinsonneault

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Journal L'Entre-Nous (pompiers de Singer en 1918)
1918
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Robert Châteauneuf

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Casque de pompier
20e siècle
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Jacques Richard

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Les soins de santé
En 1920, la Singer instaure un service de premiers soins, géré par les ambulanciers Saint-Jean, pour répondre aux urgences en cas de blessures légères. Chaque département a une trousse de premiers soins. Ce sont des infirmières auxiliaires qui assurent le traitement des blessés entre 1920 et 1948. Une fois par semaine, les blessés reçoivent la visite d'un médecin qui assure un suivi.

La mise sur pied d'un système de premiers soins s'avère essentielle. En effet, les accidents ne sont pas rares, ce qui peut dénoter des lacunes sur le plan de la sécurité. L'utilisation de scies circulaires, de couteaux servant à découper le contre-plaqué et l'utilisation des presses entraînent parfois des blessures graves, notamment la perte de doigts.

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Soins médicaux à la Singer
20e siècle
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Janine Boivin

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L'électricité, le chauffage et l'eau
Dès sa construction au début du 20e siècle, l'usine Singer de Saint-Jean est autonome sur le plan du chauffage et de la production électrique. En effet, Singer construit sa propre centrale thermique, constituée de quatre fournaises, qui sert aux besoins exclusifs de l'entreprise. Elle est utilisée pour alimenter les moteurs de l'usine, éclairer et chauffer en hiver. L'usine compte également quatre bouilloires qui brûlent, durant la nuit, les boîtes de rebuts de bois, de bran de scie, de cartons et de papiers divers. Cependant, au début des années 1940, les coûts élevés de production d'énergie électrique poussent les dirigeants à arrêter progressivement la production d'électricité. C'est la toute jeune entreprise gouvernementale Hydro-Québec qui prend le relai de la centrale thermique (aussi connue par les travailleurs sous le nom de " Pouvoir "). Cette dernière cesse de fonctionner complètement en 1954. L'édifice abritant la centrale thermique est démoli en 1978.

Singer Saint-Jean possède également son aqueduc privé. L'usine reçoit l'eau directement de la rivière Richelieu, par le biais d'un conduit passant sous le canal de Chambly. Dans la cabinetterie, il y a trois gros réservoirs d'eau pouvant contenir 10 000 gallons chacun (45 000 litres). Deux d'entre eux sont utilisés uniquement en cas d'incendie. L'autre réservoir sert à faire fonctionner les élévateurs et la machinerie lourde reliés à la pompe hydraulique. Mais dans les années 1940, la Ville de Saint-Jean développe ses infrastructures et est, dès lors, capable d'offrir les services d'aqueduc et d'égout.

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Être facteur... à la Singer!
La taille imposante de l'usine Singer justifie l'installation d'un réseau de communication interne permettant aux départements de communiquer facilement entre eux, en plus, évidemment, de pouvoir communiquer avec l'extérieur. Ainsi, l'usine possède sa ligne téléphonique qui relie les départements. Un répertoire téléphonique Singer est même publié annuellement!

De plus, Singer a mis sur pied un service de distribution du courrier à l'interne reliant le bureau-chef et les différents départements. Un facteur est même employé à temps plein pour assurer la livraison du courrier dans l'usine. Le postillon (facteur) fait cinq tournées par jour à travers les quatre étages de l'usine et les deux étages du bureau principal. Son horaire est très serré. Dès 8h15, il entame sa première tournée de distribution. Deux autres tournées complètes de l'usine bouclent son avant-midi qui se termine au son du sifflet de midi. Il reprend ses tournées en après-midi. À 16 h, il récupère le courrier destiné à la poste externe et le remet à un commissionnaire qui se charge de l'apporter au bureau de poste.

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Le "p'tit char" de la Singer
L'autonomie de l'usine Singer s'étend au-delà de ses murs. L'usine possède en effet son propre réseau ferroviaire. Il s'agissait d'ailleurs de l'une des clauses du contrat entre la Ville et l'entreprise lors de l'opération charme pour inciter les dirigeants à installer l'usine à Saint-Jean. Ainsi, l'usine a son quai situé sur le canal Chambly. Les matériaux de tous genres (fonte, sable, glaise, etc.) qui arrivent par bateau sont installés dans les wagons de la compagnie et envoyés par la voie ferrée jusqu'à la rue Saint-Paul dans la cour à bois et aux divers départements. La voie ferrée de la Singer occupe le centre de la rue Saint-Paul et s'étale sur une distance de huit kilomètres.

La locomotive Singer, aussi surnommée le "p'tit char", est alimentée par un courant de 240 volts. En fonction depuis les débuts de l'usine, il semblerait que le "p'tit char" aurait cessé de fonctionner à l'hiver 1918. Selon les souvenirs, le "p'tit char", de couleur rouge, est conduit par un employé qui fait sonner la cloche pour avertir les gens de son passage.