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JOUER AVEC LE FEU !

En 1867, la première église de Batiscan est délaissée au profit d'une nouvelle construction plus vaste. L'ancien temple est alors transformé, par le curé Fréchette, en manufacture d'allumettes, suscitant le scandale parmi les paroissiens. La controverse est de courte durée, puisque l'église-manufacture succombe à un incendie suite à un accident, provoquant la faillite du curé Fréchette. C'était jouer avec le feu, chuchotèrent plusieurs...

Dans la première moitié du 19e siècle, le lopin de terre où sied le Vieux presbytère est au coeur de l'activité de la communauté batiscanaise. À proximité de la maison curiale se trouvent l'église, le cimetière et le moulin à farine. Cependant, la petite église parvient difficilement à accommoder les besoins de la paroisse grandissante. Il est décidé de faire bâtir une église plus vaste et un nouveau presbytère plus à l'est, près des quais devenus le centre de l'activité villageoise avec la montée de l'exploitation forestière régionale et l'arrivée des goélettes en chantier. Wenceslas Fréchette, alors prêtre de la paroisse, assume les coûts de construction de sa nouvelle résidence. En échange, les paroissiens lui font don de l'église abandonnée, de l'ancien presbytère et de ses dépendances.

En 1875, le curé Fréchette s'associe à ses neveux Léandre W.T Fréchet et Onézime Fréchette, en vue de construire une manufacture d'allumettes. Le curé Fréchette fournit le bâtiment, le capital, ainsi que tous les outils et équipements nécessaires à l'entreprise. Il confie l'administration à l'un de ses neveux.

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Le curé homme d'affaires
17 mars 2008
Batiscan (Québec), Canada


Crédits:
Collaboration de Vox Cap-de-la-Madeleine

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À cette époque, l'allumette de soufre vient de naître. Cette innovation permet une certaine indépendance et révolutionne les habitudes de vie. Désormais, on peut rallumer les lampes et les chandelles à son gré. C'est donc un marché très lucratif et très alléchant pour un homme de la trempe de Fréchette.

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Batte-feu et silex
19e siècle, avant 1860
Batiscan (Québec), Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Collection du Musée de la civilisation
Archives de la Fondation des Amis du Vieux Presbytère de Batiscan

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Évidemment, une telle entreprise fait jaser : un curé qui installe une usine dans une église... Mais, soyez rassuré, avant la mise en opération de la manufacture, le clocher, la cloche, les objets sacrés, les chandeliers, les statues, les lampes du sanctuaire et le maître-autel ont tous été transportés dans la nouvelle église.

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Statuette de Saint Ignace de Loyola
18e siècle, vers 1742
Batiscan (Québec), Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Collection du Musée national des beaux-arts du Québec

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Statue de Saint-Joseph
18e siècle, vers 1734
Batiscan (Québec), Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Collection du Musée national des beaux-arts du Québec

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Maître-autel de la deuxième église
18e siècle, vers 1741
Batiscan (Québec), Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Collection du Musée national des beaux-arts du Québec

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Objets de l'église
21e siècle, vers 2008
Batiscan (Québec), Canada


Crédits:
Luc Béraud

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COMMENT FABRIQUE-T-ON UNE ALLUMETTE?

Le bois - généralement un bois tendre, comme le tremble, le peuplier, le bouleau ou le tilleul - est d'abord coupé en tranches dont l'épaisseur correspond à la longueur d'une allumette. Ces tronçons sont ensuite séchés au four, avant de passer à la machine à découper les allumettes. Le rabot, animé d'un mouvement de va-et-vient, est formé de 50 filières tranchantes accolées. À chaque coup, il enlève 50 allumettes rondes, carrées ou cannelées selon la forme des filières, dans la tranche de bois.


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Étape 1
19 siècle, vers 1875
Batiscan (Québec), Canada


Crédits:
Archives de la Fondation des Amis du Vieux Presbytère de Batiscan

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Ces bâtonnets sont par la suite enserrés dans des cadres de bois. Ils sont mis en presse à la verticale et maintenus à égale distance par une série de languettes de bois. Ainsi fixées, les allumettes sont d'abord trempées dans un bain de soufre et de paraffine.

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Étape 2
19e siècle, vers 1875
Batiscan (Québec), Canada


Crédits:
Archives de la Fondation des Amis du Vieux Presbytère de Batiscan

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Puis, toujours maintenues dans leur cadre, elles sont trempées dans la pâte chimique. La pâte est étalée en mince couche sur une plaque chauffée au bain-marie pour la maintenir à l'état semi-liquide. Le cadre d'allumettes déjà imbibées de soufre est appliqué sur la plaque et chaque bâtonnet se garnit de pâte sur une épaisseur de quelques millimètres.