1

Carte anglaise de la région de Beaubassin, 1755.
Juin, 1755
Beaubassin
ATTACHEMENT DE TEXTE


2

Les marais à Beaubassin et aux Mines, en 1686

La situation de Beaubassin est charmante; il est arrosé de sept rivières assez grosses, qui après avoir formé cinq iles, vont se jeter dans la mer à l'endroit d'un bassin de cinq à six lieues de tour qui fait naturellement un des plus beaux havres du monde. On en sort par une embouchure qui n'ayant qu'une demi-lieue de large, n'est pourtant pas dangereuse, et qui sert d'entrée dans la baie française...

On compte dans cette habitation cent cinquante âmes, sans y comprendre trois familles chrétiennes de sauvages qui s'y sont retirées pour y faire blé d'Inde. Les premiers Français qui s'y transportèrent il y a dix ans, sortirent de Port-Royal; ils y furent réduits d'abord à ne vivre que d'herbages, ils ont eu beaucoup de peine dans la suite à faire du blé, parce que les terres labourables étant inondées de la marée, il a fallu les garantir de l'inondation par des digues qu'on a élevées à force de travail et de dépense. Ils sont maintenant plus à l'aise, et comme ils ont de beaux et vastes paturages, ils y ont mis quantité de vaches et de bestiaux qu'ils ont tirés de l'ile de Sable, où le feu commandeur de Razilly les ayant fait jeter autrefois, ils sont devenus comme sauvages, et ne se laissent approcher qu'avec peine; mais on les apprivoise peu à peu, et ils sont d'un grand secours pour chaque famille qui peut aisément en avoir bon nombre.

(...) De là je passai aux Mines: (...) les habitants sont des jeunes gens bien faits et laborieux, qui sont sortis du Port-Royal, comme ceux de Beaubassin, dont ils ont suivi l'exemple pour dessécher les marais (...).

Mgr de St-Valier

État présent de la Colonie française dans la Nouvelle-France

3

Carte Beaubassin, Ganong (détail)
1754
Beaubassin
ATTACHEMENT DE TEXTE


4

Voyage du Port Royal 1699-1700

Il en coûte beaucoup pour accomoder les terres qu'on veut cultiver, celles qu'ils appellent Hautes, & qu'il faut défricher dans les Bois ne sont pas bonnes, le grain n'y lève pas bien, & quelque peine que l'on prenne pour le faire venir par des Engrais dont on a trés-peu, on n'y recüeille presque rien, & on est quelquefois contraint de les abandonner. Il faut pour avoir des Bleds dessecher les Marais que la Mer en pleine marée inonde de ses eaux, & qu'ils appellent les Terres Basses; celles-là sont assez bonnes, mais quel travail ne faut-il pas faire pour les mettre en état d'être cultivés ? On n'arrête pas le cours de la Mer aisément; cependant les Acadiens en viennent à bout par de puissantes Digues qu'ils appellent Aboteaux, & voicy comment ils font; ils plantent cinq ou six rangs de gros arbres tous entiers aux endroits par où la Mer entre dans les Marais, & entre chaque rang ils couchent d'autres arbres de long les uns sur les autres, & garnissent tous les vuides si bien avec de la terre glaise bien battuë, que l'eau n'y sçauroit plus passer. Ils ajustent au milieu de ces Ouvrages un Esseau de manière qu'il permet à la marée basse, à l'eau des Marais de s'écouler par son impulsion, & défend à celle de la Mer d'y entrer. Un travail de cette nature qu'on ne fait qu'en certain temps que la Mer ne monte pas si haut, coûte beaucoup à faire, & demande bien des journées; mais la moisson abondante qu'on en retire dés la seconde année, après que l'eau du Ciel a lavé ces terres, dédommage des frais qu'on a faits. Comme elles appartiennent à plusieurs, ils y travaillent de concert : Si ce n'étoit qu'à un Particulier, il faudroit qu'il payât les autres, ou bien que dans d'autres travaux, il leur donnât autant de journées qu'on en auroit employées pour luy, & c'est comment ils s'accommodent ordinairement entre eux.

Dièreville

5

Carte de Franquet (détail),Beauséjour, 1755
1755
Fort Beauséjour
ATTACHEMENT DE TEXTE


6

(…) la population qui, cédant à la persuasion ou aux menaces, s'était formée au nord de l'isthme, était devenue si considérable qu'elle commençait à embarrasser Le Loutre et le commandant français de Beauséjour. (…) Afin de créer des terres propres à la culture du grain, Le Loutre conçut l'idée de construire des aboiteaux près du fort, ce qui permit de reprendre à la mer un immense et fertile territoire semblable aux terres endiguées des Mines et de Beaubassin. Les aboiteaux étant complètes, les Acadiens, croyait-il, seraient en mesure de se supporter d'eux-mêmes dans l'espace de trois ans. (…) La construction de l'église et des aboiteaux fut commencée sans délai. (…) L'église fut complétée un peu plus d'un mois avant la chute de Beauséjour. La construction des aboiteaux constituait une entreprise de proportions plus formidables. Pendant trois mois une équipe de trois cents hommes travailla afin d'en hâter l'achèvement. Puis sans avertissement une tempête s'élèva qui détruisit tout ce qui avait été fait. Sans se laisser ébranler par cette calamité et en dépit des murmures des habitants, Le Loutre donna ordre de recommencer les travaux.

Prof. Norman MacLeod Rogers, Acadia University, Wolfville N.-É
dans L'Évangéline, 19 mai 1927

7

Construction d'un aboiteau, marais de Chipoudie, Harvey (N.-B.), 1902.
Novembre, 1902
Acadie
ATTACHEMENT DE TEXTE


8

Joint à la lettre de Mr. Dailleboust et Prevost du 14 Décembre 1753

Mémoire concernant la construction d'une Digue ou abboiteau projettée et proposée à la Cour par M. L'abbé Le Loutre ensemble reflexions et reponses aux observations du Ministre et de M. Prévost concertés entre Mr. De La Martinière, commandant de Beauséjour, M. Jacau de Fiedmont, et M. Le Loutre.

Description Topographique des terres qui se trouvent entre le fort de Beauséjour et différents villages où L'on propose d'établir des familles réfugiées.

(...) Ce terrain est bas uny. Le fond très bon et de terre grasse sans aucune pierre, produisant beaucoup de foin, il est entrecoupé de plusieurs petits Lacs et mollieres que La mer, lorsqu'elle grossit, Les deux rivières inondent entièrement et se peut diviser en deux sortes de terre. La première propre à être Labourée, et à produire des grains et des foins.

La seconde consiste en Lacs et mollières ne pourrait rien produire quant à présent, cependant en travaillant à égouter ces Lacs et mollières ce qui se faira par succession de tems, elle deviendra praticable et très propre pour produire des foins.

Pour parvenir à tirer party de ces terres et les rendre susceptibles de production, il faut trouver Le moyen d'empécher La mer de Les couvrir, et il n'y a point d'autres moyens que de construire des digues ou abboiteaux et de renfermer Les terres par des Levées.

(...) L'on pratiquera dans le fond de cet abboiteau des acqueducs appellés dalles par nos habitants afin de laisser un cours Libre aux eaux qui en sortiront avec impetuosité pourquoy on placera des plates formes à L'Effet d'en recevoir La Chute qui par La devenant plus éloignée conserveront Le fond de L'abboiteau, et empecheront Les eaux de le miner, ce qui Le rendra d'autant plus solide et durable, que L'on n'aura plus à craindre aucun inconvénient (...).

Centre d'études acadiennes, Fonds René-Baudry, 20.10-18

9

Principe de l'aboiteau
20 février 2003
Acadie
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Dessin: Bernard LeBlanc

10

Maintenant, quand l'eau salée de la rivière monte, a presse le clapet sur la dalle; a peu pas rentrer parce que la pesanteur de l'eau le ferme tight, de l'eau peut pas venir dans nos marais. Ensuite, quand le doucin vient, l'eau douce de la terre haute, et que la mer est basse, parce qu'ici nous autres chez nous, aux provinces Maritimes, à Memramcook, ou à Dorchester, ou à Sackville, ou à Grand-Pré, la mer vient naturellement basse. Et là, si le canal est plein, ou qui mouille, quand le doucin vient, il pousse le clapet qu'avait devenu tight par l'eau salée; l'eau douce le lève et là l'eau s'en va toute à la mer. Ensuite quand l'autre marée remonte, elle ferme les clapets encore, et puis nous avons pas l'eau salée, l'eau de la mer nous abîme pas, on conserve nos prés.

Adolphe LeBlanc

Centre d'études acadiennes, U. de Moncton, Coll. P. Anselme Chiasson