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Plan du Domaine
XIXe siècle
Sainte-Anne-de-la-Pérade (Québec), Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Collection Pamphile Du Tremblay

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Les nouveaux seigneurs
XIXe siècle
Sainte-Anne-de-la-Pérade (Québec), Canada


C'est la famille Hale qui achète la seigneurie de Sainte-Anne en 1819. Chaque printemps, le politicien John Hale fuit la capitale, en compagnie de son épouse Elizabeth et de leurs enfants, pour séjourner quelques mois à Sainte-Anne. La seigneurie offre toute la tranquillité et la fraîcheur de la campagne à cette famille aristocratique. Toutefois, il ne s'agit pas seulement de vacances ! Le couple portera toujours un vif intérêt au développement du domaine, en particulier, et de la seigneurie, en général.

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Dessin de la propriété de Sainte-Anne - Croquis par Elizabeth Frances Hale
après 1819
Sainte-Anne-de-la-Pérade (Québec), Canada


Crédits:
Archives nationales du Canada

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Portrait d'Elizabeth Hale
1774-1826
Sainte-Anne-de-la-Pérade (Québec), Canada


Crédits:
Archives nationales du Canada

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Elizabeth Frances Amherst Hale, épouse de John Hale
XVIIIe - XIXe siècles



Elizabeth Hale est née en Angleterre en 1774 sous le nom d'Elizabeth Frances Amherst. Elle est la fille du Général William Amherst et d'Elizabeth Paterson. Suite au décès de ses parents, Elizabeth et son frère aîné William seront élevés par leur oncle Lord Jeffery Amherst et son épouse. Après la Conquête de 1760, Lord Jeffery Amherst fut nommé gouverneur général et commandant en chef des troupes de l'Amérique du Nord britannique. Son principal héritier n'est nul autre que le frère d'Elizabeth, William Pitt Amherst. L'importance de sa famille dans l'aristocratie de la colonie a permis à Elizabeth de se marier avec un bon parti. En effet, elle épouse John Hale, également issu d'une importante famille bourgeoise.

John Hale est issu d'une lignée de militaires et d'hommes politiques. Il est le fils du général John Hale qui a combattu aux côtés du Général Wolfe lors de la célèbre bataille des Plaines d'Abraham. Il est également celui qui avait été mandaté pour transmettre à Londres la capitulation de Québec. Devant le prestige militaire de son père, il n'est pas surprenant que Mr. Hale ait suivi les traces de son père. Avant de faire la connaissance d'Elizabeth, il avait même accompagné le duc de Kent au Canada en tant qu'aide de camp et secrétaire militaire.

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Portrait de John Hale
1763-1838
Sainte-Anne-de-la-Pérade (Québec), Canada


Crédits:
Archives nationales du Canada

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Maison des Hale à Québec
XIXe siècle
Québec (Québec), Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Archives nationales du Canada

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La situation enviable des Hale
XIXe siècle
Québec (Québec), Canada


Le choix de vivre au Canada s'avère extrêmement profitable pour les Hale. Ils profitent d'une situation économique intéressante ce qu'ils n'auraient pu obtenir en restant en Angleterre. En effet, la carrière de Mr. Hale prend un véritable essor dans la colonie. Dès leur arrivée en 1799, il est nommé trésorier-payeur général adjoint de l'armée britannique. L'année suivante, il obtient le poste d'inspecteur général des comptes publics. Ses qualités l'amènent également à être d'abord membre, puis président du conseil législatif, puis à se joindre au conseil exécutif. De plus, il occupe le poste de Receveur général du Bas-Canada.

Les fonctions occupées par Mr. Hale permettent à la famille de fréquenter les personnages les plus influents de la colonie. Ils participent à tous les événements mondains de Québec, où ils côtoient la grande bourgeoisie. De même, les enfants du couple pourront profiter de ce statut privilégié et ce qui leur permet de dénicher une situation enviable. Notamment, Jeffery Hale qui deviendra un important philanthrope allant même jusqu'à fonder un hôpital qui existe toujours dans la veille capitale.

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L'achat de la seigneurie
1819
Sainte-Anne-de-la-Pérade (Québec), Canada


Les Hale achètent la propriété de Sainte-Anne en 1819. À cette époque, le domaine et la seigneurie appartenaient encore à la descendance de Madeleine de Verchères et Pierre-Thomas Tarieu. C'est Marie-Anne de Lanaudière qui effectue la vente. Après de longues négociations, les Hales en font l'acquisition pour la modique somme de 12 000£. Conseillé par de nombreuses connaissances, John Hale apprend qu'il s'agit d'une véritable aubaine qu'il ne faut pas manquer. Peu de temps après la vente, les Lanaudière reviennent à l'assaut, souhaitant modifier les conditions de leur entente. Ils désirent concéder le manoir et ses dépendances, mais ils veulent conserver les titres de seigneurs ainsi que les rentes qui en découlent. Malgré les protestations des Lanaudière, les Hale refusent ce marché très peu avantageux. Pour la haute société anglaise, une telle conduite est inacceptable.

La famille Hale passe ses étés à Sainte-Anne-de-la-Pérade principalement entre les mois de mai et octobre. Ils aiment y passer leur temps, car ils considèrent que l'air est plus pur à la campagne qu'à la ville. La seigneurie de Sainte-Anne-de-la-Pérade offre également les avantages d'un enrichissement pour la famille, mais offre principalement des terres aux enfants et petits-enfants du couple. Elizabeth Hale profite du temps passé à la campagne pour s'adonner au jardinage. De plus, elle en profite pour examiner les techniques agraires des Canadiens qui lui paraissent bien arriérées en comparaison de celles employées par les cultivateurs anglais. Elle remarque aussi que les agriculteurs déversent tout le fumier dans les cours d'eau, sans en connaître les propriétés bénéfiques pour les cultures, notamment les fonctions d'engrais naturels que lui reconnaissent les Britanniques.

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Dessin des jardins du Domaine
après 1819
Sainte-Anne-de-la-Pérade (Québec), Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Archives nationales du Canada

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Une seigneurie à l'anglaise?
après 1819
Sainte-Anne-de-la-Pérade (Québec), Canada


Dans l'espoir d'améliorer la production agricole, les Hale invitent quelques fermiers anglais à exploiter les terres voisines au domaine. Ils espèrent, par le fait même, faire construire une église protestante à Sainte-Anne, si davantage de compatriotes anglais les rejoignent.

Bien que la famille souhaite ardemment retourner dans leur contrée natale, les nouveaux seigneurs de Sainte-Anne vont exploiter le plein potentiel de la propriété. Toutefois, les Hale tentent de reproduire le mode de vie anglais dans la colonie. Pour s'entourer d'éléments reliés à leur Angleterre natale, Elizabeth Hale plante des chênes pour compléter l'aménagement paysagé des terrains déjà ornés d'arbres splendides lors de l'achat de la propriété. De plus, lors de ses voyages outremer, elle prend le soin d'apporter des boutures pour agrémenter la propriété de fleurs que les Canadiens-français ne semblent pas connaître. De cette façon, elle peut recréer son propre petit coin d'Angleterre dans la vallée du St-Laurent.

L'âpreté du climat n'est, toutefois, pas idéal pour certaines plantes. Tout de même, John Hale réussit à faire pousser des artichauts et de l'estragon. Elizabeth Hale a, pour sa part, planté des fraises comme celles qui abondaient près de la maison de son enfance. Elle croit d'ailleurs qu'elles surpassent les pâles fruits du Canada. Les Hale tentent d'obtenir un oranger et quelques rosiers, mais ces arbres ne survivent pas à la traversée. Pour remédier à la situation, la femme de son frère, Lady Plymouth, leur fait parvenir des semences d'Angleterre. Chaque membre de la famille contribue au jardin des Hale, même leur fils Jeffery, rapporte quelques plantes exotiques de ses voyages à l'étranger. Ce jardin permet à Elizabeth de lui rappeler son pays grâce à ses couleurs et effluves, même si elle est très éloignée de celui-ci.

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Ombrelle et arrosoir
XIXe siècle
Québec (Québec), Canada


Crédits:
Musée de la civilisation
Domaine seigneurial Sainte-Anne

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Dessin du carnet de croquis d'Elizabeth Hale
XIXe siècle
Sainte-Anne-de-la-Pérade (Québec), Canada


Crédits:
Archives nationales du Canada

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Elizabeth, l'artiste
XIXe siècle
Sainte-Anne-de-la-Pérade (Québec), Canada


Puisqu'elle reçoit une éducation exemplaire dans sa jeunesse, Elizabeth conserve ces notions apprises et les utilisera à bon escient dans la colonie. Toute « jeune femme accomplie » à l'époque se devait de savoir lire, écrire, dessiner, jouer de la musique, danser. Elle maîtrise également la langue française qui lui est très utile auprès de la population locale. Le dessin lui permet de faire des croquis des alentours. Elle joint ses croquis à sa correspondance qu'elle fait parvenir à sa famille et ses amis restés en Angleterre. Cela lui permet de partager avec eux la fierté que lui inspire leur situation. En découvrant la splendeur de leurs propriétés et l'abondance dans laquelle ils vivent, ils ne peuvent que constater leur réussite à l'étranger.

Le carnet de croquis d'Elizabeth est donc très précieux et aussi personnel qu'un journal intime, car il traduit en images ses expériences et découvertes. Dès son arrivée au Canada, elle capture sur papier ses impressions de ce nouveau pays. Pour cela, elle utilise le pinceau et le lavis ou encore la plume et l'encre. Elle demande également à ses enfants de joindre des croquis lorsqu'ils voyagent au loin afin qu'elle puisse découvrir avec eux leur nouvel environnement.