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Depuis maintenant 10 000 ans que les glaciers ont cédés leurs places à l'eau, qui elle aussi s'est progressivement résorbée, faisant place au territoire que nous connaissons aujourd'hui. Ces grands changements ont laissés des traces importantes dans notre environnement. Le territoire que nous connaissons aujourd’hui continue pourtant d'évoluer, à un rythme nouveau, certes, mais les populations qui ont progressivement habitées le territoire se sont adaptées à cet environnement et ils en ont tiré le meilleur parti possible, selon les moyens à leur disposition.

L'homme à commencé à laisser des traces de son passage dans notre région il y à 8 000 ans déjà. Selon les outils de pierre trouvés au parc national de Plaisance durant des fouilles archéologiques, de petits groupes de Paléo-indiens pourchassaient épisodiquement les troupeaux de caribous 6 000 ans avant notre ère, soit seulement 2 000 ans après la fonte des derniers glaciers.

À cette époque, le territoire était une région subarctique essentiellement recouverte par la foret boréale. Ils ont progressivement fait place aux chasseurs-cueilleurs, mieux adaptés aux conditions locales et ce sont les populations que Jacques Cartier et Samuel de Champlain ont plus tard rencontrées à leur arrivée en Amérique.

Les populations de l’Archaïque et du Sylvicole, ancêtres des Algonquins et des Iroquois, se sont disputé le contrôle de la rivière des Outaouais et des ressources de la région pendant plusieurs millénaires, comme en témoignent les vestiges de campements et les objets d’usage courant trouvés à Thurso, Plaisance, Papineauville, Saint-André-Avellin et Duhamel. Une pierre sculptée aperçue dans la rivière Petite-Nation, dont le profil évoque un chevreuil, et des peintures rupestres à l’ocre rouge sur le rocher Manitou, au lac Simon, attestent également des croyances et des pratiques rituelles de ces populations.

Source : http://www.mrcpapineau.com/43|Historique

Depuis plusieurs siècles, des Attikameks et des Algonquins parcourent le vaste territoire des vallées de la Petite-Nation et de la Lièvre. C’est grâce à des contacts de plus en plus soutenus avec ces Amérindiens, qui jouissaient d’une remarquable connaissance des rivières, de la faune et de la flore, que les nouveaux arrivants ont pu apprivoiser le territoire et sélectionner les meilleurs endroits pour s’y fixer et établir une colonie. La présence millénaire des autochtones, attestée par les recherches archéologiques, s’exprime encore aujourd’hui dans la toponymie régionale. Continuant à sillonner le territoire après le début de la colonisation, certains d’entre eux ont choisi de se joindre à la population d’origine euro-québécoise, avec laquelle ils se sont peu à peu métissés. Seul un passionné de généalogie peut, à force de ténacité, éclairer les liens unissant les deux groupes.

Le pays des Weskarinis

Lors de son premier voyage dans la région, en 1613, Samuel de Champlain remonte l’Outaouais en route vers l’île aux Allumettes. Devant la rivière Petite-Nation, il note :

« continuant nostre routte à mont ladicte rivière, en trouvasmes une autre fort belle & spacieuse, qui vient d’une nation appelée Ouescharini, lesquels se tiennent au nort d’icelle, & à 4. iournées de l’entrée. Ceste riuiere est fort et plaisante, à cause des belles isles qu'elle contient, des terres garnies de beaux bois clairs qui la bordent : & la terre est bonne pour le labourage... »

Les Weskarinis, ou peuple du Chevreuil dans la langue algonquine, vivaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette. La MRC de Papineau est au cœur de leur territoire ancestral, qui s’étendait du bassin de la Rouge au bassin de la Gatineau, bien que des dissensions existent entre les historiens et les chercheurs contemporains quant aux limites de ce territoire.

Les Weskarinis, qu’on appelle aussi la «Petite Nation des Algonquins»j, s’organisaient en petites bandes à l’intérieur des terres et se rassemblaient l’été à l’embouchure de la rivière Petite-Nation. Un site funéraire du 17e siècle découvert au parc national de Plaisance semble coïncider avec le récit que fait le père Sagard du décès d’une trentaine de membres de la Petite Nation pendant l’hiver de 1627.

Les attaques répétées des Iroquois contre les populations algonquines ont poussé les Weskarinis à chercher refuge auprès des Français à Trois-Rivières et à Sillery, entre 1630 et 1650. Les missionnaires Jésuites rapportent qu’il n’y avait plus d’Algonquins sur les rives de l’Outaouais et de ses affluents en 1649. Les Weskarinis allaient encore chasser dans le haut de leur territoire. La tradition orale raconte toutefois qu’ils ont été surpris et massacrés par les Iroquois en revenant de la chasse sur le Petit lac Nominingue, vers 1650.

À la suite de la signature de la Grande Paix en 1701, et tout au long des 18e et du 19e siècles, quelques familles d’Algonquins et d’Iroquois - les familles Amikons, Chawan, Chichip, Odjik sur la Rouge, les Commandant au lac Papineau, les familles Amikwabe, Simon, Tanascon, Wabichip sur la Petite-Nation - ont recommencé à exploiter le territoire des Weskarinis, alors que la rivière des Outaouais renforçait son statut d’artère principal pour le commerce des fourrures. Des postes de traite ont notamment été établis à l’embouchure des rivières Petite-Nation et du Lièvre.

Source : http://www.mrcpapineau.com/43|Historique
Collaboration au texte Marcel Laliberté et Jean-Guy Paquin

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Famille autochtone dans une tente traditionnelle algonquienne
Autour des années 1950
Région de l'Outaouais (Québec) Canada


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Une vie familiale comme une autre

Ce beau cliché nous présente une famille autochtone dans une tente traditionnelle algonquine.

Les familles étaient en grande majorité nomades, en raison du manque de ressources essentielles sur le territoire qu'elles occupaient, et qui correspondait à une ou deux heures de marche à partir de leur site de campement, en particulier pour les besoins liés à la chasse des castors, des élans, des ours, des porcs-épics tout comme pour certaines espèces de poissons.

À des intervalles régulières, souvent tous les deux ans, les familles autochtones déménageaient et reconstruisaient un nouveau camp sur un nouveau site. La tente était constituée d'un épais canevas couvrant une structure de bois. Lors de chaque déménagement, le canevas de la tente était transporté d'un camp à l'autre, alors que la structure en bois était abandonnée ou brûlée pour être reconstruite à chaque nouveau site. Lors d'un déménagement d'un site de campement vers un autre, les autochtones prenaient le temps de bien nettoyer le site afin de ne pas offenser les esprits.

Durant l'été, les tentes individuelles étaient agencées en ligne droite ou en ligne légèrement courbée, Elles étaient mieux adaptées parce qu'elles étaient plus légères et faciles à transporter. Les camps d'été constituaient des lieux de célébrations, de mariages et de festivités pour la communauté.

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Le travail du cordonnier Hyacinthe Canard Blanc
1950
Municipalité de Duhamel (Petite-Nation, Québec) Canada


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Couler sur l'air comme le vent...

Ce cliché de Monsieur Hyacinthe Canard Blanc nous présente le personnage connu et reconnu pour son savoir faire et ses qualités de travailleur manuel.

Gérald Lavergne, conteur de Ripon, raconte : « Hyacinthe Canard Blanc, i’marchait sans qu’on l’entende venir, i’ coulait sur l’air comme le vent, c’était le vent qui marchait. Moins de train qu’un chevreu dans l’bois. Tu r’gardes par dessus ton épaule, le v’la rendu derrière toué... »

Référence : Jean-Guy Paquin, Le pays de Canard Blanc, Écrits des Hautes-Terres, Montpellier, 2004.

Hyacinthe Canard Blanc demeurait à la Pointe-à-Baptiste du lac Gagnon, à Duhamel. En plus de son travail de cordonnier, Hyacinthe Canard Blanc fabriquait des canots d'écorce miniatures qu'il écoulait à son kiosque de Chénéville durant la période des courses de chevaux sous harnais qui étaient très populaires dans les années 1950 et qui se tenaient dans le secteur du parc Urbain-Chéné de Chénéville.

Il fut le dernier résident/habitant de l'île du lac Gagnon. Lorsqu'il rendit l'âme en 1972, Hyacinthe Canard Blanc habitait en résidence à Ripon et il était âgé de 96 ans. Son père, Amable avait quitté ce monde le 19 septembre 1931, à l'age aussi vénérable de 97 ans.

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Installations traditionnelles algonquiennes dans une arrière-cour
Région de l'Outaouais (Québec) Canada


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Des habitations selon le mode de vie

Cette photographie nous présente des installations traditionnelles algonquine localisées dans une arrière-cour privée.

La société algonquine est une société patriarcale, même si les femmes y sont respectées et considérées comme importantes. Les familles se rattachent donc toujours au côté paternel de la famille. À titre d'exemple, bien avant l'époque de l'arrivée des premiers colons dans la région, les territoires de chasse étaient légués ou transmis de père en fils. Lors d’un mariage, les jeunes filles quittaient leurs familles pour adopter la famille de leur mari.

Le chef n’était pas élu par les membres de la communauté, mais le titre était plutôt transmis de père en fils et de génération en génération. Si un chef n'avait pas de fils à qui transmettre ses fonctions, le titre était alors transféré directement à son premier gendre. Le titre de chef n'était par contre pas associé, comme il l'est aujourd'hui, au rôle décisionnel ou patronal de la communauté, l'homme qui prenait les décisions et les imposait à ses concitoyens. Il était en fait davantage considéré comme un porte-parole ou un chef spirituel. Le processus de décision était en fait très démocratique et chaque membre, homme ou femme, avait la liberté de s’exprimer à sa guise et la décision finale était prise par consensus.

Durant la période estivale, plusieurs familles se rassemblaient pour des échanges, des mariages, ou tout autre événement d'ordre social ou communautaire. Les rassemblement de ce type contaient les membres d'une même famille ou d'une famille élargie, tout comme il était possible de retrouver des gens de familles qui n’avaient pas de liens filiaux entre elles. Durant la belle saison, les membres restaient au même endroit ou se déplaçait dans les environs.

C'était la période de l'année idéale pour accumuler les provisions nécessaires en vue de la subsistance du groupe durant la saison froide. Ainsi ils faisaient sécher les viandes et les poissons, ils amassaient des baies sauvages et autres petits fruits, ils cultivaient certaines plantes, préparaient des plantes médicinales en vue de la confection d’élixirs, etc. La nourriture amassée permettait ensuite aux familles et aux membres de la communauté de se rendre dans leurs territoires de chasse éloignés et de pouvoir subsister jusqu’à la fin novembre, soit jusqu’au début de la saison hivernale. L'hiver était une période de subsistance et de survie.

Dans cette optique, une fois l’automne arrivé, le groupe se divisait en petites unités de 30 personnes au maximum, puisque chaque groupe ne disposait que d’un territoire de chasse d’une superficie d’environ 1 000 kilomètres carrés. En conséquence, un groupe d’une plus grande ampleur n’aurait pu survivre adéquatement avec les seules ressources disponibles sur leur territoire de chasse. Ces petits groupes étaient composés de familles élargies c’est-à-dire d’un grand-père, d’une grand-mère, de leurs enfants, des conjoints de ceux-ci et de leurs petits enfants.

Quand le temps doux et la période de renouveau étaient de retour, lorsque les neiges fondaient et que les glaces recouvrant les étendues d’eau se rompaient, les groupe familiaux quittaient leur territoire de chasse et repartaient en direction des campements d’été.

Aujourd’hui les communautés se sont toutes fixées sur des territoires établis et résident dorénavant dans des maisons. Bien que les membres des communautés algonquines poursuivent en général tous leurs activités traditionnelles, particulièrement la chasse et la pêche, les algonquins occupent en général des emplois et leurs enfants fréquentent les école publiques.

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Portrait de Jean-Baptiste Canard Blanc
1940-1950
Municipalité de Duhamel (Petite-Nation, Québec) Canada


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Jean-Baptiste, fils de Amable Canard Blanc

Ce cliché nous présente Monsieur Jean-Baptiste Canard Blanc, fils de Amable Canard Blanc, baptisé sous le nom de Amable Pekakasiketch et né à Oka, le 8 juin 1835 ainsi que de Madame Marie-Louise Simon, née sous le nom de Louise Minawasikekwe.

Elle était la fille de Simon Kanawato, l'homme de qui le lac Simon hérita du nom. Ils se marièrent le 12 juillet 1857 à Oka et furent tous deux inhumés à Chénéville.

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Portrait de Valmir Tanescon
Vers 1922
Vénus Studio, Montréal (Québec) Canada


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Valmir Tanescon

Ce cliché nous présente un portrait de Madame Valmir Tanescon. Le cliché a été pris aux Studios Vénus, situés au 820 rue Ste-Catherine O, de Montréal vers 1922.

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Photo prise dans un atelier de fabrication de canots à Kitigan Zibi
Kitigan Zibi


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Du bouleau au canot

Cette photographie d'un canoë d'écorce en construction fut prise dans un atelier de fabrication de canots à Kitigan Zibi selon les techniques ancestrales des Algonquins.

L’écorce de bouleau est un matériau aux multiples usages, qui fut utilisée depuis de nombreuses années de plusieurs façons, entre autres à la construction des wigwams et à la fabrication des paniers et des canots.

Pour fabriquer un canoë, de longues bandes d'écorce de bouleau devaient être prélevées sur de grands arbres, suffisamment grands pour convenir à la fabrication de canots d’écorce de bouleau de grande dimension. Un cadre de bois devait être assemblé avec de la résine et des racines d'épinette

Assemblé sur un cadre de bois assemblé avec de la résine et des racines d’épinette, un canot peut être entièrement fait de matériaux naturels et biodégradables. Le canot d’écorce, à la fois léger et étonnamment fort, peut transporter une cargaison lourde et de nombreuses personnes. Sa fabrication exige beaucoup de préparatifs.

Collecte de l’écorce
Il est de plus en plus difficile de trouver un bouleau de bonne taille. L’arbre doit avoir une très grande circonférence et être exempt de taches. Il faut ensuite le couper, mais avant de procéder à son abattage, il faut recouvrir la zone où il tombera de petits arbres afin d’éviter d’endommager son écorce si précieuse.

On fait une incision de la base du tronc jusqu’aux premières branches. On prélève ensuite l’écorce en un seul morceau en la pelant délicatement. L’écorce est enroulée, face externe (côté blanc) à l’intérieur, puis attachée.

Collecte des racines d’épinette
Les racines sont déterrées à quelques pieds du tronc et retirées sur toute leur longueur. Lorsqu’une quantité suffisante a été recueillie, elles sont empilées les unes sur les autres, enroulées à l’image d’un beigne, puis attachées.

Collecte du thuya
Les thuyas matures fournissent le meilleur bois pour fabriquer les membrures et les bordages.

Collecte de la résine d’épinette
On recueille des morceaux de résine durcie dans des blessures d’arbres.

Les matériaux récoltés pour la fabrication d’un canot d’écorce de bouleau peuvent être laissés à sécher indéfiniment. Il suffira de les faire tremper dans de l’eau pour les utiliser.

Construction
Les bordures de l’écorce sont entaillées et un morceau additionnel est placé sous les plats-bords. Le tout est maintenu ensemble avec des racines d’épinette. Le thuya occidental est utilisé pour les épaisses lattes des bordages et pour les membrures réparties uniformément sous le plat-bord.

Cinq traverses de thuya occidental sont installées et attachées à l’aide de racines d’épinette. Une planche de thuya est ajoutée sur le dessus du plat-bord et maintenu en place à l’aide de gougeons de bois. Les plats-bords sont attachés avec des racines d’épinette à intervalles réguliers, et de la résine d’épinette sert à calfater le tout. Voilà le canot d’écorce de bouleau prêt pour sa mise à l’eau.

Références web : http://www.pc.gc.ca/APPS/CP-NR/release_f.asp?bgid=1021&andor1=bg

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Peinture rupestre au rocher Manitou
2011
Lac Simon, Petite-Nation (Québec) Canada


Crédits:
Nicole Catellier, Cinémanima