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Logo_Exposition parCOURS d'EAU - RÉCITS DES VALLÉES DE LA PETITE NATION ET DE LA LIÈVRE
2012



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Récits des vallées de la Petite-Nation et de la Lièvre

L'eau. L'eau turbulente, ruisselante, l'eau en cascade ou au repos a forgé le paysage de la région et en assure aujourd'hui l'épanouissement. Cette thématique s'est imposée d'elle-même puisque la grande rivière des Outaouais, nourrie de nombreux affluents, est un centre majeur d'activités humaines depuis le retrait de la mer de Champlain il y a des dizaines de milliers d'années.

Les bassins versants des rivières du Lièvre, de la Blanche, de la Rouge, de la Petite Nation et du Saumon forment un immense réseau hydrographique au riche potentiel. Ces rivières sont les routes qui montent vers le nord, empruntées par les Amérindiens, les explorateurs, les industriels d'autrefois, les touristes d'aujourd'hui. Elles ont configuré le paysage et l'environnement et continuent de déterminer le paysage humain.

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Femme observant les chutes de Plaisance
Début du XXe siècle, vers 1900
Village de North Nation Mills, Petite-Nation, (Québec) Canada


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parCOURS d'EAU

L'exposition parCOURS d'EAU vous invite à emprunter un pourcours ludique tracé par le regard des géologues, des archéologues, des historiens, des sociologues, mais aussi par les témoignages directs des occupants dont les récits font surgir les légendes, les mythes, rées réalitées du territoire fa¸onné par lea présence humaine.

Remontnat les vallées de l'exposition, vous serez submergés d'odeurs et de sons, doeuvres d'art, d'artéfacts, d'ossements datant de 11 000 ans, d'histoires réelles ou inventées, bref de la matière dont est constitué l'actuel territoire de la MRC de Papineau.

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Vue du sommet, les High Falls de la rivière du Lièvre, 1909
Au cours de 1909
Chutes de High Falls, rivière du Lièvre, Secteur de Buckingham (Québec), Canada


Crédits:
Collection Pierre Louis Lapointe, série ministère des Travaux publics du Canda

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Quand les rivières font leur lit

Le paysage du territoire des vallées de la Petite-Nation et de la Lièvre se dessine autour d’une plaine coincée entre la rivière des Outaouais au sud et le plateau laurentien au nord. Ce plateau des Basses-Laurentides offre un relief modelé par l’érosion, parsemé de cuvettes reliées entre elles par des vallées.

Deux provinces géologiques composent ce vaste territoire : la province de Grenville [de 1,25 Ga* à 950 Ma**] et la plateforme du Saint-Laurent [de 700 à 350 Ma]. C’est cette dernière province qui longe la rivière des Outaouais. Les champs cultivés s’y étendent et de douces ondulations nous entrainent vers des collines boisées. L’altitude passe de 43 mètres (au-dessus du niveau de la mer) au niveau le plus bas, pour s’élever jusqu’à 286 mètres au nord-ouest.

Dans plusieurs cas, les routes vers le nord du territoire suivent le parcours sinueux des rivières. Quand on s’y attarde, on peut découvrir les traces du passé géologique dans le paysage : surfaces lisses suggérant le ponçage, égratignures, stries glacières, marques qui indiquent l’axe du labourage, orientation des sillons, direction de l’écoulement, traînées erratiques… des signes qui informent mais aussi construisent ce majestueux décor.

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image a chosir

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Les hauts et les bas d’une belle mer !

Il y a environ 18 000 à 20 000 ans, l’inlandsis wisconsinien a atteint son apogée. Tout le pays est alors couvert d’une couche de glace qui atteint, à certains endroits, plus de 3 km d’épaisseur. La calotte glaciaire cesse de prendre de l’expansion, la période pléniglaciaire s’amorce.

La fonte du glacier libère d’énormes volumes d’eau, et son poids, à l’image de la pression qu’un doigt exerce dans une balle de caoutchouc, a enfoncé la croûte terrestre de plus de 100 mètres. Ces facteurs favorisent la pénétration des eaux de l’Atlantique jusque dans les vallées de l’Outaouais. Se crée alors une mer semi-ouverte en amont de Québec : la mer de Champlain. La région de l’Outaouais est envahie par des eaux salées marines.

Le recul de glacier enclenche le long redressement de la croûte terrestre et la baisse progressive du niveau marin. D’épaisses couches d’argile témoignent de la présence de cette mer maintenant sur son déclin. Les magnifiques terrasses de la région, formées par ces anciens rivages, nous laissent une empreinte vivante des grands bouleversements du paysage.

La végétation colonise rapidement ces nouveaux territoires libérés de leur manteau de glace et d’eau. L’étude de ces phénomènes, surtout par les décomptes minutieux du pollen accumulé dans les fonds de petits bassins lacustres, et par les datations au radiocarbone, a permis de mieux comprendre l’évolution de la végétation au postglaciaire et le milieu où nous vivons présentement.

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image a chosir

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Un p’tit coup d’eau ?

Les gigantesques glaciers qui recouvraient la région pouvaient atteindre quelques kilomètres d’épaisseur. Imaginez la pression extraordinaire qu’ils exerçaient sur le sol. En se rétractant et en fondant, ils ont dessiné le paysage tel que nous le voyons aujourd’hui. L’eau de fonte s’est alors engouffrée à travers les glaciers, emportant avec elle de la roche, du sable, des débris vers la terre ferme. Ces amas longilignes, traçant un parcours droit ou en méandres, ont formé des cordons plus ou moins longs que l’on nomme « eskers ». Les eskers constituent ainsi un filtre naturel. L’eau les traverse avant d’être emmagasinée sur les fonds argileux sous l’esker.

Depuis la disparition des glaciers il y a 10 000 ans, l’eau de pluie répète le même processus. L’eau recueillie va ainsi alimenter le réservoir souterrain. Le trop-plein est alors repoussé vers la surface et l’eau surgit par les sources et les ruisselets qui deviennent ruisseaux, puis rivières. On peut concevoir que la Petite Nation, rivière sous-glaciaire, atteint alors de 10 à 20 fois son volume actuel. Cela exerce une pression inouïe sur les parois, les rives, le lit même de la rivière. Ainsi filtrée, l’eau des eskers constitue un formidable réservoir d’eau pure sous nos pieds.

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image Kettle

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Kettle !

Une randonnée à Saint-Émile-de-Suffolk permet de découvrir d’autres curiosités géomorphologiques. De bizarres dépressions circulaires parsèment le paysage. Reconnaissables au sol, elles sont encore plus spectaculaires vues des airs. Ce sont des kettles et elles portent bien leur nom. Ces dépressions à pentes raides, la plupart sans entrées ni sorties de cours d’eau, évoquent l’image d’un chaudron, d’une marmite, d’un cratère. Comment expliquer leur formation dans le sol de la région ?

Lors du retrait du glacier, d’énormes blocs de glace se sont détachés de sa marge pour être par la suite enfouis sous d’épais dépôts de sable et de gravier provenant des eaux libérées par le glacier. La lente fonte de ces blocs a entraîné l’affaissement des dépôts qui les recouvraient, nous laissant ces énigmatiques dépressions.

Nous sommes ici à l’intérieur même d’une de ces dépressions qui contient maintenant un petit étang encerclé et graduellement envahi par un tapis flottant de tourbe spongieuse qui causera tôt ou tard sa disparition. De minuscules fragments de matière (aiguilles de conifères, graines de toutes sortes, feuilles, pollen), provenant de la végétation environnante, s’accumulent sur le fond de cette marmite de géant, formant une soupe épaisse et particulièrement nutritive !

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images de la gytcha

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Gyttja... exotique

Mot d’origine suédoise, gyttja (prononcer yit-chah) désigne une boue riche en matière organique qui s’est accumulée sur le fond de certains lacs et étangs. La photographie provient d’une carotte prélevée dans un petit bassin lacustre semblable à celui du lac de kettle de Saint-Émile-de-Suffolk. La partie pâle de la base indique des sédiments riches en carbonate de calcium tandis que la partie plus foncée (en haut de la carotte) est typique de la matière organique gélatineuse de la gyttja.

Cette séquence de sédiments en dit long car elle permet de reconstituer la végétation du passé et, par la bande, les climats anciens : l’âge est plus jeune près du sommet de la carotte et plus éloigné vers la base. Cette datation relative trouve appui dans la datation radiocarbone de certains niveaux qui nous apporte des âges absolus.