La scierie de Pointe-du-Lac évolue à travers deux siècles d'histoire sous la direction de différents propriétaires. Par contre, les activités qui s'y déroulent restent du même ordre: couper le bois en planches ou en madriers. Pour se faire, les billots acheminés par la drave ou la route subissent plusieurs étapes nécessaires à la confection de planches solides et durables. Trempage, écorçage, sciage et séchage demandent l'expertise du scieur et une machinerie précise.

D'un bout à l'autre de la scierie

Une fois que le bois a été coupé en forêt et que les billots ont été entreposés dans la cour, le temps est venu de les scier. Scier du bois n'est pas si simple. Cela nécessite plusieurs étapes et les billots voyagent du trempage, à la scierie et ce jusqu'au séchage. Les billots doivent passer un certain temps dans l'étang à l'extérieur pour mouiller, ensuite ils seront écorcés et coupés à l'intérieur avant d'être retournés sous forme de poutres et planches à l'extérieur pour sécher. Elles reviendront finalement à l'intérieur, au deuxième étage, pour terminer leur séchage avant de pouvoir être utilisées.

Une petite saucette

Après avoir fait son long voyage en descendant le courant, le billot, bien trempé, arrive enfin aux portes de la scierie. À Pointe-du-Lac, le billot arrive par flottaison ou est déchargé dans l'étang, où il doit obligatoirement mouiller quelques semaines. Il sera ainsi plus facile à couper, car la sève diluée dans l'eau ne collera pas à la scie ronde.

Pour s'assurer d'avoir suffisamment d'eau, un barrage est construit à même la rivière St-Charles, ce qui crée un étang artificiel. La vanne d'entrée du canal souterrain du moulin est ouverte afin d'activer la turbine qui donne tout le mouvement nécessaire aux mécanismes de la scierie.

Du bassin à la scie

Une fois bien mouillés, les billots sont déversés par la chute à billots et tombent sur les madriers de bois. Deux canteurs manient le cantouque - crochet avec manche de bois qui aide à déplacer un billot - et chargent le billot sur le chariot.

À son tour, le chariot, contrôlé par le scieur, fait des aller-retour d'un bout à l'autre de la scierie pour couper d'abord l'écorce, puis les planches, dépendamment du résultat voulu. Une ouverture sur le mur du fond a été ajoutée pour permettre la coupe de billots trop longs pour la dimension du bâtiment.

Écorçage des billots

Avant d'être scié en planches, le bois doit être écorcé. Cette opération s'effectue aussi avec la scie circulaire, de façon à obtenir des madriers carrés. Les longues lisières d'écorce sont récupérées et taillées en tronçons de 16 pouces, appelés croûtes, qui seront utilisées pour le chauffage. Le botteur donne un mouvement de balancier à la botteuse (balançoire), puis avance progressivement la lisière d'écorce vers la scie afin d'obtenir ses tronçons de croûtes.

Il est facile de couper les croûtes grâce au guide qui indique la longueur appropriée. L'élévateur les entraîne par la suite vers l'extérieur du moulin, où elles s'accumulent jusqu'à former une gigantesque montagne. Lorsqu'il y a suffisamment de croûtes, le tout est envoyé à la boucherie pour chauffer l'eau, ou encore à la cabane à sucre des Frères pour chauffer l'évaporateur.