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Techniciens et musicien en régie lors d'une première gravure au studio RCA
1948
Montréal
ATTACHEMENT DE TEXTE


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Anecdotes des ingénieurs du son (extraits sonores)

Plusieurs professionnels du son ont accepté de dévoiler ici des incidents cocasses, des erreurs fatales, des journées où tout va mal, des événements stressants, des malentendus, bref des anecdotes qui pimentent la vie en studio.

Voici quelques anecdotes à savourer en se disant que ça n'arrive pas qu'aux autres.

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Salle de bruitage du studio Marko
2006
Montréal
ATTACHEMENT AUDIO


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Martin Cazes
(technicien, monteur et directeur du studio Marko à Montréal)

Passage effacé d´une scène avec un bruitage complexe
(1´09') - Martin Cazes, enregistré en 2006

«Je me rappelle, je m´occupais encore à faire des transferts à ce moment-là. On était dans une situation un peu complexe, parce que c´était une coproduction avec l´Angleterre. Le montage sonore avait été fait là-bas. On recevait tout sur un certain format. On avait (retransféré) ici. Les bruitages étaient faits ici. Puis en Europe, ils travaillaient en PAL, qui est un autre format vidéo. J´ai reçu le matériel qui venait du bruitage. C´était une scène qui était très compliquée. Je me suis trompé de bouton. J´ai effacé environ cinq minutes d´une scène qui avait été très complexe à faire en bruitage. J´ai appelé mes amis du bruitage pour dire : «Il m´est arrivé un petit problème. Il faudrait refaire la scène». C´est une scène qui avait fait beaucoup de dégâts dans le studio à cause de l´eau qu´on lance. «- Bon, OK. C´est correct. On va la refaire». Ils avaient repris la scène. Ils avaient travaillé encore beaucoup. Des scènes comme ça, ça peut prendre une demi-journée à faire. On arrive en mix, le réalisateur dit au mixeur : «Écoute, cette scène-là, on va la jouer, puis ça va être juste de la musique (Rires).»

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L'ingénieur du son Alain Chénier expliquant une prise de son de type MS (Middle-Side)
2006
Montréal
ATTACHEMENT AUDIO


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Alain Chénier
(technicien et preneur de son au studio 12 de Radio-Canada)

Utilisation accidentelle d´une sonnerie d´entracte
(47') - Alain Chénier, enregistré en 2006

«J´étais assistant dans ces années-là. Je commençais à Radio-Canada. Radio-Canada avait dans ces années-là, des studios en permanence dans des endroits comme la salle Claude-Champagne. On enregistrait un concert à la salle Vincent-d´Indy. On arrive là. Bing Bang, on s´installe. «Ah! Notre ampli pour le haut-parleur est brisé. C´est pas grave. Il y en a un juste en haut qui sert pas à la salle Claude-Champagne». Je vais le chercher. Sur place, il y a l´appartement du concierge qui s´occupe de la salle. La façon d´appeler cette personne, c´est que tu montes à la salle et tu presses sur le buzzer (qui appelle les gens à l´entracte). Puis tu attends cinq minutes. D´un seul pas, je rentre et je fais Bip!… BIP! Là, j´entends des pas dans le couloir. Il y avait un concert. La salle était pleine. Moi, écoute, j´aurais pu passer entre les tuiles du plancher.»

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Magnétophone conservé au studio 270
2006
Montréal
ATTACHEMENT AUDIO


8

Robert Langlois
(technicien et preneur de son au studio 270 à Montréal)

Inversion du ruban lors du montage
(28') - Robert Langlois, enregistré en 2006

«Dans le temps de l´ancienne technologie, quand on montait sur du quart de pouce, c´était assez laborieux. On écoutait, on coupait le ruban, on se le mettait autour du cou, puis on recollait plus loin… Il fallait aller vite. C´était fatigant. Il fallait identifier des petits bouts de ruban. Puis évidemment arriva ce qui devait
arriver. Je fais ma copie. La personne m´appelle, puis elle me dit : «Ouais, c´est bien l´fun quand je chante, ça fait : bonjour, youptouptoup! da da da!…». J´en ai collé une couple de fois à l´envers comme ça.»

9

Console de mixage à l'Office national du film
2006
Montréal
ATTACHEMENT AUDIO


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Jean-Pierre Joutel
(preneur de son et mixeur aux studios de l´Office national du film à Montréal)

Mixeur aux prises avec l´indécision de certains réalisateurs
(47'') - Jean-Pierre Joutel, enregistré en 2006

«Je dois dire que bien souvent, les mixages se passaient très bien. Un exemple, Denys Arcand, c´était une personne fantastique pour qui mixer, parce que, premièrement, c´est extrêmement facile de communiquer avec lui. On sait ce qu´il veut. Lui aussi. Et il sait le communiquer. Bien souvent, les problèmes
auxquels j´ai fait face, c´est que le réalisateur n´était pas totalement sûr de ce qu´il voulait, et / ou, il n´arrivait pas à l´exprimer. Des fois, il fallait réellement aller chercher tout ça. La pire des réponses c´est quand tu essayais quelque chose et tu disais : «Est-ce que ça va, c´est bon comme ça? - Ouais». Alors ça là…
Moi je préférais quelqu´un qui dit : «Non, ce n´est pas du tout ça que je veux». Parce que là, on peut se diriger carrément autre part.»

11

Console dans les années 1960
1960

ATTACHEMENT AUDIO


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David P. Leonard
(technicien et preneur de son, directeur et fondateur de l´Institut Trebas à Montréal)

Enregistrement en direct avec plusieurs musiciens sur la même piste impliquant un mixage en temps réel
(56'') - David P. Leonard, enregistré en 2006

«On jouait un jingle de 30 secondes live. C´est une expérience que les étudiants actuels qui peuvent travailler en overdub, ne comprennent pas… comment on fait, live, avec l´orchestre. Même à New York, quand j´ai travaillé avec des groupes de Phil Spector ou avec Tina Turner, ou de Jive Five, on avait 15 à 25 musiciens dans le studio, live. On n´avait pas 24 pistes, mais on avait une douzaine de microphones, mélangés sur deux pistes, quelques années plus tard, trois pistes. On devait créer le bon mix quand les musiciens étaient là. Parce qu´après, on ne pouvait pas changer la balance si on a une douzaine de musiciens sur la même piste. On ne pouvait pas diviser… You had to have good ears (il fallait avoir de bonnes oreilles).»

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Console Neve AB utilisée dans la salle de matriçage chez London
1982
Montréal
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Émile Lépine
(graveur et technicien responsable du matriçage (mastering) chez London, chez SNB et chez RSB à Montréal)

Double inversion d´une piste hors phase
(59'') - Émile Lépine, enregistré en 2006

«C´est un artiste connu qui ouvrait un studio quatre pistes. Pour vérifier l´azimuth, le parallélisme de la tête entre les côtés A et B, on ajustait une petite vis pour que la tête soit au maximum des hautes fréquences, en supposant que les fréquences sont bien en phase. Une chose qu´il ne savait pas, c´est qu´une de ces pistes, une seule de ces pistes, était inversée, hors phase. Mais on ne s´en apercevait pas trop en l´écoutant. En mettant ensemble ces bandes deux pouces en monophonie, le chanteur est disparu, parce qu´une des pistes du chanteur était hors phase. J´ai téléphoné au producteur. Je lui ai dit : «Écoute, l´une de tes pistes dans ton multipiste est en inverse». Pendant ce temps-là, l´ingénieur du son me téléphone et me dit : «Comment est ma bande». Là, je lui dis la
même chose. J´aurais jamais dû. J´aurais dû le dire à une personne. Le producteur est allé en studio et a changé la piste. L´ingénieur, lui, a changé l´autre piste sur le côté. Ce qui fait qu´on est revenu au même point. L´inverse était inversé.»