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Studios de RCA Victor
Depuis 1903, la multinationale RCA Victor a offert toute la gamme de services permettant de mettre en marché les enregistrements sonores. Plusieurs compagnies ont occupé les locaux de l´usine Berliner. Victor Talking Machine Company achète la Berliner Gramophone Company of Canada et sa filiale His Master's Voice en 1924. Victor avait l'oeil sur l'usine de Montréal, concurrente de l'usine de Camden au New Jersey. Avant qu'Herbert Berliner ne fonde Compo (voir studio de Berliner), la compagnie Victor n´apprécie guère l'essor des disques canadiens, au détriment de ceux pressés aux États-Unis. Victor publie commercialement le premier enregistrement électrique en 1925. En 1929, la compagnie Radio Corporation of America (RCA) acquiert à Montréal la Victor Talking Machine Company et devient la RCA - Victor.
En 1943, un vaste studio à la fine pointe de la technologie de l'époque est construit par RCA Victor à Saint-Henri, dans un local adjacent à l'usine (voir studio Victor).
En 1949, RCA Victor lance le 45 tours, dont ses séries en vinyle rouge, jaune ou vert. D'abord conçu pour concurrencer le 33 tours, RCA adopte ce format pour la musique classique, et destine le 45 tours aux succès populaires. Dans les années 1950, la demande commence à se diversifier avec le boom économique de l'après-guerre et l'affirmation d'une génération qui s'imprègne à fond de la société de consommation. Lors de cette décade, RCA Victor ouvrira un autre studio, à proximité de l´actuel station de métro Guy - Concordia, consacré à l´enregistrement de la musique populaire et à la publicité.
L´essor de l´entreprise à Montréal se poursuit, obligeant en 1967 la compagnie à construire un autre studio à la fine pointe des développements acoustiques et techniques (voir studio Marko), sur la rue La Gauchetière. RCA acquiert un magnétophone Ampex 350 trois pistes. RCA continue d´être la pierre angulaire de l´industrie du disque, offrant des services de gravure, de matriçage (mastering) et de pressage, contrairement aux autres studios concurrents. À partir de la fin des années 1950, les studios indépendants profitent de la concurrence entre RCA et London pour la gravure et le matriçage (mastering) des disques.
Michel Descombes travaille pour la compagnie RCA de Montréal de 1964 à 1967. Il commence à faire du matriçage (mastering) au studio situé sur la rue Guy de Montréal, puis devient assistant-technicien de studio où il prépare les sessions d'enregistrement. Dès 1965, il travaille, avec son collègue Bernard Tremblay, à la prise de son et au mixage de nombreux artistes de la période yé-yé (Pierre Lalonde, Joël Denis, les Classels, les Baronets, Tony Roman). En 1965, on travaille encore en monophonie, sans technique multipiste et système de réduction de bruit. On se sert d'égalisateurs, de compresseurs et de chambres d'écho pour accentuer ou créer de l'effet sonore. Les transformations technologiques majeures proviennent de Toronto et surtout de New York. Durant ces années, le studio RCA de Montréal faisait alors figure de parent pauvre, héritant de la technologie déjà utilisée auparavant.
Avec l´exemple de la compagnie Sun et la découverte d´Elvis Presley, les multinationales s´aperçoivent qu´il est parfois rentable d´enregistrer à l´extérieur de leurs grands studios. Les studios indépendants émergent alors pour répondre à une approche plus personnalisée et innovatrice. Dans les années 1960, Harry Bragg dirige le studio RCA, très performant techniquement parlant mais avec une atmosphère un peu froide. Le studio dispose d´un magnétophone huit pistes.
Ian Terry (technicien et preneur de son au studio Tempo à Montréal)
Chronologie de l´arrivée des magnétophones multipistes à Montréal
(1´04') - Ian Terry, enregistré en 2006
«Il y avait des machines 3 pistes. C´était avant mon époque. Il y en avait chez RCA. J´en ai vu chez RCA. C´était des machines Ampex 350, je crois. Après, il y avait des 4 pistes à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Ça c´était des Ampex 440. Moi, je suis rentré chez Studio 6, au moment où il faisait la transition entre son 4 pistes et un 8 pistes, à l´automne 1970.
- C´était assez nouveau 8 pistes?
- C´était assez nouveau. Il y avait RCA qui avait un 8 pistes et je crois que… Give Peace a chance a été fait quand?
- En 1969, lors du bed-in.
- Donc c´est André Perry qui l´a fait… avec un 8 pistes ou un 16 pistes. Je sais qu´il a transporté de son studio à Brossard sa machine de là à la chambre où était John Lennon et Yoko Ono. Je me rappelle pas si c´était un 8 pistes ou un 16 pistes. C´était au moins un 8 pistes. Pour une raison dans ma tête, je pense que c´était un 16 pistes.»
[Selon une entrevue accordée à la revue Beatlology Magazine (par Andrew Croft) en 2001, Perry raconte qu´il a utilisé pour cette session un simple magnétophone Ampex quatre pistes loué chez RCA, avec quatre microphones. Son propre équipement était utilisé à la Place des arts pour l´opéra rock Tommy. Un magnétophone huit pistes a toutefois été utilisé en postproduction.]
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Plafond ondulé d'un des studios de RCA Victor établis à Montréal, acquis par Marko
2006
Montréal