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Émélie se consacre entièrement à sa famille. Méthodique, rigoureuse et calme elle travaille tant que ses tâches quotidiennes ne sont pas complétées. Sa vie durant, elle ne pourra s'astreindre à laisser un ouvrage inachevé. Elle cuisine, maintient la maison impeccable, entretient le parterre de fleurs et voit à ce que chacun soit correctement vêtu. Elle n'a pas oublié le tissage qu'elle pratique encore. À la ferme, le lin est cultivé et quelques moutons fournissent la laine.

Le jeune couple Chamard est généreux et jovial. La maison est souvent investie par de nombreux visiteurs, dont les cousins des États, ceux de la ville qui viennent passer les jours les plus chauds de l'été en campagne, le quêteux qui repart toujours le ventre plein. Une devise règne sous leur toit et Émélie la répétera toute sa vie : " Ce que l'on donne ne nous appauvrit pas ".

Les gens au début du 20e fabriquent presque tout eux-mêmes. Chez les Chamard, on ne fait pas exception. Émélie, outre toute la maîtrise du tissage, de la couture et du tricot, sait confectionner les souliers de toiles, les chapeaux et coudre la fourrure. Elle trouve le temps de cuisiner et de décorer des gâteaux de noces et de créer des bouquets de mariées. Occasionnellement, elle est sage-femme et prépare les corps des défunts pour le rituel de la veillée aux morts.

Dès qu'ils en ont l'âge, les enfants d'Émélie et d'Edmond apprennent ce que leurs parents connaissent et aident tant à la ferme, qu'à la maison ou au commerce un peu plus tard. C'est la dynamique familiale de l'époque. Il faut aussi avouer qu'Émélie tolère peu les personnes à ne rien faire autour d'elle; même le chat était poussé du tapis pour aller chasser !

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La maison et la ferme des Chamard reproduites sur une murale crochetée
Vers 1940
Saint-Jean-Port-Joli (Québec) Canada
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Crédits:
Photo : Judith Douville
Lucille Chamard