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Église historique Saint Henri de Barachois
1990
Grand-Barachois, Nouveau-Brunswick
ATTACHEMENT DE TEXTE


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L'Église historique Saint-Henri de Barachois serait parmi les plus anciennes églises acadiennes encore debout. Elle a été construite à partir de 1824 par les membres de cette communauté, alors encore à ses débuts, pour remplacer une chapelle rustique qui datait de l'établissement pionnier, vers 1800. En érigeant cette église permanente, la communauté de Barachois manifestait sa foi, sa pérennité et sa confiance en l'avenir.

L'édifice a subi d'importantes modifications au cours des décennies, notamment l'érection du clocher actuel et de la sacristie, respectivement en 1884 et 1900.

L'église a été désaffectée par l'Archidiocèse de Moncton vers le milieu des années 1970, en faveur d'une église moderne érigée à proximité. Par la suite elle a été prise en charge par la Société historique de la mer Rouge, qui a mené une importante restauration de l'intérieur comme de l'extérieur. Reconnue comme édifice historique, l'église sert de musée communautaire et, pendant la belle saison, on y présente des spectacles culturels et des expositions d'oeuvres d'art.

La collection muséale comprend l'édifice lui-même, une importante collection d'objets et de vêtements religieux traditionnels, et la dalle d'aboiteau qui est le principal sujet et le point de départ de la présente exposition.

Claude E. Léger

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'Barachois de l'est', vue générale
1984
Barachois, Nouveau-Brunswick
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Photo: Musée Acadien, U. de Moncton

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Le village de Barachois, dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, non loin de Moncton, doit son nom aux deux barachois qui s'y trouvent. Le barachois est une particularité de la topographie côtière du sud du Golfe du Saint-Laurent, commune à l'est du Nouveau-Brunswick, à l'Île-du-Prince-Édouard, à la Nouvelle-Écosse et aux Îles-de-la-Madeleine.

Dans son « Glossaire acadien », Pascal Poirier définit le mot « barachois » comme suit :
« étendue d'eau de peu de profondeur, séparée de la mer par un banc de sable, et entourée de prairies naturelles. Le barachois communique généralement avec la mer par un goulet. »

Plusieurs localités des trois provinces Maritimes, des Îles-de-la-Madeleine et des Îles Saint-Pierre et Miquelon, ont porté le nom de Barachois.

Claude E. Léger

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Barachois de l'est, v. 1840, esquisse de reconstitution
26 janvier 2003
Barachois, Nouveau-Brunswick
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Dessin: Bernard LeBlanc, Moncton, N.B.

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Parmi les premiers colons de Barachois, Joseph à Hilaire Boudreau y construisit sa maison vers la fin du XIIIe siècle. Elle put alors recevoir ses premiers occupants: le jeune ménage de Joseph et son épouse Anne Haché, mariés vers 1795.

Joseph serait arrivé ici du cap de Gédaïque, où il demeurait depuis plusieurs années. Sa famille s'y était réfugiée à la suite de l'incendie de leur maison à Jolicoeur, par les soldats britanniques. Ceux-ci agissaient ainsi en guise de représailles à cause d'une attaque échouée sur le fort Cumberland (l'ancien fort Beauséjour) en novembre 1776, par un groupe d'indépendantistes sympathiques à la Révolution américaine, et parmi lesquels on comptait un nombre d'Acadiens.

Pendant quelques années c'est dans la cuisine d'Anne que les colons de Barachois se rassemblaient pour la célébration de la messe. Vers l'année 1800, une chapelle fut construite pièce sur pièce juste à l'est de la maison de Joseph, sur sa concession.

Joseph n'était toujours pas le propriétaire de la terre sur laquelle il s'était établi. Ses titres de propriété lui furent enfin accordés en 1806, avec la concession de son lot, qui comprenait 180 acres en plus de 22 acres de marais au barachois de l'ouest. La ferme était déjà vieille d'une dizaine d'années, la famille comptait cinq enfants et Joseph, lui, avait 39 ans.

À l'époque, sa maison aurait été confortablement meublée de pièces artisanales. On pouvait trouver, entre autres, dans la cuisine, une table à manger, des bancs, des chaises, des berceuses, une armoire à vaisselle, un joug et un banc à seaux, des cruches et des crocs, des marmites et des ustensiles de cuisine. Le fusil à baguette, avec sa corne de poudre, était accroché au-dessus de la porte sur des crochets en bois. Un banc-lit (banc du quêteux) accommodait peut-être la visite et les étrangers.

Joseph et Anne eurent sept enfants, soit cinq filles et deux garçons: Rosalie (née 1796 , mariée en 1816), Marie (n.1798, m.1817), Thomas (n.v.1800, m.1828), Marguerite (n.1801, m.1823), Henriette (n.1805, m.1831), Joseph (n.v.1807, m.1827) et Gertrude (1813 - 1815).

En 1825, la ferme de Joseph était évaluée à 500 livres sterling, se classant au quatrième rang parmi les six maisons coloniales de Barachois. La valeur moyenne des 29 habitations de la région de Gédaïque était de 291 livres.

Lors de son mariage en 1827, Joseph fils construisit sa propre maison à l'ouest de celle de son père, sur la même concession. Il ne demeurait alors dans la maison de Joseph père que deux enfants: Thomas, âgé de 27 ans, et Henriette, 22 ans.

L'année suivante, le 1er septembre 1828, Thomas épousa Marie Babineau, fille de Jean et Françoise LeBlanc, de Barachois. Cette nouvelle famille demeura dans la maison paternelle. Ils eurent onze enfants, soit six garçons et cinq filles.

Le morcellement de la concession originale commença au cours des années 1830 avec la vente des lots de marais: 2 1/2 acres et 1 acre à Francis Doiron pour 29 livres en 1833 et en 1843; 1/2 acre à Amable Léger pour 5 livres en 1834; 2 acres à Maxime Boudreau pour 21 livres en 1837.

En 1837, la ferme de Joseph à Hilaire était évaluée à 400 livres. Celle de son fils Joseph, marié depuis 10 ans, était évaluée à 100 livres.

Cette époque, cependant, était marquée par une situation économique très difficile. Le père Antoine Gagnon mentionna dans une lettre écrite en 1836 que le numéraire était très rare dans la région et que presque tout se payait en produits. La situation s'était empirée au cours des années suivantes puisqu'il écrivit de nouveau en 1841:"... jamais le commerce n'a encore été si bas, si mort, qu'il est par ce temps ... Presque tout le commerce se fait ici en échange, et le produit du cultivateur n'a aucun prix."

Bernard LeBlanc

Extraits de "Les bâtiments anciens de la mer Rouge", Michel Henry éditeur, Moncton, N.-B., 1988

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M. Stanislas (Tasse) Gallant, avec sa trouvaille
Mai, 1984
Barachois, Nouveau-Brunswick
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Photo: Musée Acadien, U. de Moncton

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Par une belle journée du mois de mai 1984, Monsieur Tasse (Stanislaus) Gallant, pêcheur à la retraite, se promenait le long de la dune juste en bas de chez lui, quand il aperçut un objet d'apparence plutôt singulière, échoué sur une « basse » (barre de sable visible à marée basse, mais normalement submergée à marée haute). Regardant de plus près, il se rendit compte qu'il s'agissait de l'aboiteau dont les plus âgés lui avaient parlé durant sa jeunesse. Comme cet aboiteau avait cessé de fonctionner depuis longtemps et que la mer et le vent l'avaient enfoui dans le sable, Tasse était parmi les dernières personnes à en connaître l'existence.

Ronnie-Gilles LeBlanc

Les cahiers de la Société historique acadienne, Vol. 19, no. 1 - 2, 1988

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Aboiteau de Barachois, vue générale
Mai, 1984
Barachois, Nouveau-Brunswick
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Photo: Musée Acadien, U. de Moncton

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UN ABOITEAU DE MER
Découverte archéologique à Barachois

Les aboiteaux, construits jadis par nos ancêtres, fonctionnaient d'une façon très efficace comme moyen de drainage des terres situées près des rivières. Ceux de la vallée de Memramcook en constituent la preuve.

Mais près de Barachois, on a découvert au printemps 1984, des aboiteaux servant naguère au drainage des marais situés près de la mer; peut-être les seuls dont il reste des vestiges tout le long de notre littoral.

Selon les renseignements fournis par Armand Robichaud, président de la Société historique de la Mer Rouge, ces aboiteaux donnant sur la mer ont été construits vers la fin du 18e ou au début du 19e siècle. Les paysans drainaient les marais afin d'y couper le foin servant de pâturage aux animaux domestiques.

Éric Goguen

Le P'tit Moniteur, jeudi le 8 novembre 1984, Shédiac N.-B.

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Dalle simple, vue générale de l'emplacement
1984
Barachois, Nouveau-Brunswick
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Crédits:
Photo: Musée Acadien, U. de Moncton

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Au Barachois, on érigea des aboiteaux adaptés aux nouvelles conditions géographiques, c'est-à-dire à la mer et au sable, ce qui a donné lieu à un nouveau genre d'aboiteau que l'on peut qualifier d'aboiteau de barachois.

Ces aboiteaux comme leur nom l'indique, étaient construits à l'embouchure d'un barachois et non pas à l'embouchure de ruisseaux ou canaux d'égouts tels que ceux de la baie Française et de Caraquet.

(...) Dessous la dalle simple ainsi que sous les madriers, on avait posé une couche de branches de bouleaux et de conifères, sans doute afin de retenir davantage le sable et ainsi assurer une certaine solidité à l'ouvrage. Fait assez intéressant à noter, c'est que l'on pouvait encore distinguer l'écorce de bouleau entre autres, sur certaines des branches, lors de la découverte en 1984.

Ronnie-Gilles LeBlanc

Les cahiers de la Société historique acadienne Vol. 19, no 1 - 2, 1988

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Aboiteau de Barachois,vue d'ensemble
1984
Barachois, Nouveau-Brunswick
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Photo: Musée Acadien, U. de Moncton

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Examinons de quelle façon ont été disposées ces deux dalles. D'abord une dalle simple était installée plus à l'est et située à l'embouchure de l'ancien goulet. Cette dalle paraît-il, était à l'origine reliée à l'ouest, à une dalle triple. Une dune, renforcée de gros madriers (30 cm x 30 cm) équarris à la hache et mesurant en longueur 3 m, protégeaient l'aboiteau. Allant dans le même sens que les dalles, ces madriers étaient posés côte à côte et également couchés les uns sur les autres. Le premier rang de madriers reposait sur deux poutres transversales disposées à angle droit avec les dalles.

Ronnie-Gilles LeBlanc

Les cahiers de la Société historique acadienne, Vol. 19, no. 1 - 2, 1988