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La médaille que personne ne voulait

Une boîte contenant une croix en argent accrochée à un ruban pourpre et une carte signée par le ministre de la Milice et de la Défense.

Croix du souvenir
Environ 1920, MRCR2016.031.004a-c.

Une plaque en cuivre circulaire représentant l’image d’une femme tenant des feuilles de laurier et un lion devant elle.

Plaque commémorative décernée au parent proche du L/Cpl Whetter
Environ 1920. John White de London, ON, photo du MRCR, 2017.

Bien qu’on n’encourageât pas les familles des soldats décédés à afficher leur deuil, la reconnaissance des personnes en deuil devint bientôt une priorité pour les autorités tout comme pour les organisations locales, surtout après la cessation des hostilités.

Au mois d’octobre 1916, le gouvernement britannique commença à évaluer l’idée d’une plaque commémorative pour les parents proches des hommes et des femmes dont la mort était imputable à la Grande Guerre. La plaque circulaire en bronze, 12 cm de diamètre, fut produite seulement à partir de 1918. Plus d’un million de plaques commémoratives furent distribuées dans tout le Commonwealth britannique au cours des années 1920. Connu aussi sous le nom de « Death Penny », la plaque commémorative était accompagnée d’un rouleau et d’une lettre, deux documents étant signés par le Roi George V.

Parchemin de commemoration avec blason

Rouleau pour la plaque commémorative décernée à la mère de Becher
Environ 1920. MRCR2015.031.028

La Croix du souvenir fut créée en 1919 pour les parents de sexe féminin des soldats tués, d’où le nom populaire de  « Croix des mères ». C’était la médaille que personne ne voulait. En forme de croix grecque au chiffre royal centré au croisement des bras et des feuilles d’érable à l’extrémité des quatre bras, la Croix du souvenir était une distinction canadienne.  Au cours des années 1920, un total de 58 500 Croix du souvenir furent décernées et envoyées à autant de mères, ou veuves canadiennes, avec une carte signée par le Ministre canadien de la milice. Les « Death Pennies » et les « Croix des mères », tout comme les rouleaux et les cartes qui les accompagnaient, comptent parmi les témoignages du deuil lié à la guerre les plus courants qu’on puisse trouver aujourd’hui.

Il y eut aussi des organisations non gouvernementales qui participèrent au deuil public. Les « Associated Kin of the Canadian Expeditionary Force » – organisation créée par des Londoniens éminents dans le but d’augmenter le recrutement – développèrent à leur tour un insigne pour honorer le deuil. Ils créèrent la médaille de bronze des « International Order of Allied Mothers in Sacrifice » (IOAMS), laquelle fut décernée aux mères endeuillées de l’Ontario. Le nom du soldat était gravé à l’avers de la médaille, et le nom de la mère au dos ; le but consistait à en accroître le recrutement. À la fin de la guerre on arrêta la production de ces médailles, qui furent pour la suite oubliées ; cependant, elles représentèrent une importante contribution locale au deuil public.

La Première Guerre mondiale eut un impact significatif sur la façon dont les Canadiens pleuraient leurs morts. Après la guerre, les familles ne revinrent pas aux pratiques traditionnelles du deuil dans la société victorienne ; en occurrence, elles adoptèrent des formes de deuil uniques et plus privées. Et la culture matérielle associée au deuil que nous avons aujourd’hui dérive en grande partie du fait que les parents proches des soldats tombés, comme les femmes ou les mères des frères Becher, du soldat Woolley, du soldat Legge ou du caporal suppléant Whetter conservèrent les objets de leurs proches tués au combat.