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L’île aux deux noms: Big Island/Fergus Island

Photographie en couleur d’un groupe de plongeurs dans l’eau, avec une île à distance.

Plongeurs avec Big Island derrière eux, 2011.

Big Island, située à l’entrée du port naturel, protège Bay Roberts des tempêtes océaniques. Elle est peut-être aujourd’hui mieux connue des touristes pour former la silhouette d’un chien terre-neuve endormi, les pattes étirées vers l’avant, quand elle est photographiée du bon angle. Actuellement inhabitée, Big Island comptait autrefois plusieurs maisons ; un cimetière fut découvert sur son côté sud par la Heritage Society dans les années 1990.

Vers 1560, Bay Roberts était utilisé par des pêcheurs venus du Jersey qui appelaient la région Robert’s Bay. Ils utilisaient différents endroits pour leur pêcherie, dont Big Island. Plus tard, l’île abrita un certain nombre d’habitants et de commerces. Les colons faisaient paître leurs chèvres et autres animaux sur l’île, ce qui les protégeait des prédateurs et les empêchait de se perdre, tout en procurant une source de viande aux habitants.

Le nom plus récent de Fergus Island vient de John Fergus, un natif de Glasgow, en Écosse, qui ouvrit un établissement commercial à Bay Roberts en 1812. John Fergus est enterré dans le vieux cimetière de Wareham’s Lane, à Mercer’s Cove, avec sa fille Isabella. Contrairement à toutes les autres sépultures de Bay Roberts, John et Isabella partagent une tombe construite hors-terre, ce qui rappelle leur relative aisance matérielle dans cette collectivité au début du 19e siècle. La tombe des Fergus est un bon exemple du type de tombeau qu’on appelle en anglais « box tomb » [tombe en forme boîte], « slab tomb » [tombe en forme de dalle], « box grave » [tombe en forme de boîte] ou « chest tomb » [tombe en forme de boîte].

Photographie en couleur du tombeau carré hors-terre de John Fergus et sa fille Isabella.

La tombe de John Fergus et de sa fille Isabella, 2017.

Un cairn de pierres marquait autrefois le sommet de Big Island. En 1973, le folkloriste John Widdowson recueillit l’histoire suivante à propos d’un feu follet, qu’on appelle localement Jack ‘o Lantern ou Jacky Lantern [citrouille-lanterne ], aperçu au cairn :

Quand papa était enfant, sa mère avait l’habitude de lui faire peur avec Jack o’ Lantern. Jack o’ Lantern était supposé vivre au sommet de l’American Man (l’Américain) – nom donné au cairn situé sur le sommet de Big Island à Bay Roberts. L’île n’était pas visible de la maison car la vue était bouchée par la colline de Big Head… Jack o’Lantern était bien sûr un gaz qui s’échappait des marécages et il était vraiment visible. Je l’ai vu. Papa avait peur et croyait à l’histoire liée à ce qu’il voyait. Cependant, il n’obéissait pas toujours quand on le menaçait. Grand-maman disait : « Il y a une lumière sur Big Head ; elle vient te chercher ». Jack o’Lantern apparaissait seulement sur Big Head. Il descendait ensuite dans le port – on le remarquait très bien au-dessus des marais à Running Brook. Il avançait ensuite jusqu’au marais de French’s Cove et, de là, traversait pour rentrer chez lui sur le sommet de l’American Man sur Big Island.

En janvier 2007, l’écrivain Dennis Flynn a interviewé Gwen Dawson au sujet de ses souvenirs des fêtes sur l’île. Voici ses souvenirs :

On avait aussi des fêtes au clair de lune sur Fergus Island. Je pense qu’on avait 14 ou 15 ans et mon frère John transportait très souvent notre gang de filles dans notre bateau à moteur et nous déposait sur l’île. C’était magnifique – la pleine lune illuminait l’eau – et on faisait des feux, on chantait des chansons et faisait des « boil up » [expression terre-neuvienne : action de faire cuire du thé et un peu de nourriture sur un feu] là. Il revenait et nous ramenait après quelques heures ; nous ne passions jamais la nuit sur place, mais c’était des moments merveilleux.