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Les gens du radar – Charlie Jackson

Charlie Jackson (ARC)

Charles Jackson était résident de London, Ontario, et élève à l’école secondaire H.B. Beal. Il a par la suite étudié à l’Université de Western Ontario, puis s’est porté volontaire pour servir dans l’Aviation royale canadienne. Il a été interviewé par le personnel du Musée des secrets du radar.

Adapté de son entretien d’histoire orale:

Je ne sais toujours pas comment un gamin de l’est de London, Ontario, a fini par faire des trucs Top Secret pour l’ARC pendant la Seconde Guerre mondiale. Je suppose que tout a commencé à Lorne Avenue P.S.

J’avais de bonnes notes. Cela m’a valu une place dans un programme de 5 ans à l’école secondaire H.B. Beal. Mes notes faisaient que j’aurais eu droit à une place dans une bonne université, si je le voulais. Malheureusement, mes parents n’avaient pas les moyens de m’envoyer à l’université, alors j’ai pris un poste peu rémunéré afin économiser de l’argent.

Je ne me souviens plus trop quel était l’emploi – ça fait vraiment longtemps. Mais je sais que j’y étais encore depuis peu quand un de mes anciens professeurs de technologie de Beal est passé me voir. Il voulait savoir pourquoi un gars intelligent comme moi n’était pas à l’université – puis il m’avait dit que je devrais aller m’inscrire à un cours d’électronique qu’ils avaient à Western. Il m’avait assuré que ça ne me coûterait pas trop cher. Et que j’avais un don pour l’électronique, donc que je réussirais bien.

J’y ai réfléchi un peu et me suis dit : « ah bon, pourquoi pas ?! » Pire des pires, j’échoue le cours.  Alors, je suis allé à l’université et je me suis inscrit.

Le cours ne durait que 3 mois, mais ils nous ont beaucoup appris. Le cours comportait des éléments assez avancés – mais, vous me connaissez – j’aime un bon défi. J’ai réussi brillement l’examen final. C’était le début de mon aventure.

En fait, je devrais dire « notre » aventure. Chacun de nous qui avions réussi le cours étions invité à se joindre aux forces aériennes. L’instructeur ne nous avait pas dit sur quoi nous allions travailler – juste que nous serions « bien pris en charge ». Cela semblait intéressant, alors je me suis inscrit.

C’était en décembre 1940. On m’a envoyé à la Réserve de personnel à Brandon, au Manitoba. Garde de service, imaginez-vous! Ils construisaient de nouvelles bases et j’ai aidé à les garder. Fais ça pendant le reste de l’hiver et encore venu l’arrivée du printemps.

Et d’un coup, c’est l’été. Je me trouve sur un bateau en direction de l’Angleterre. On a failli ne pas réussir. On était parti depuis quelques jours lorsque notre convoi de 30 navires a été attaqué pendant la nuit.

 

Écoutez le propre compte de Charlie avec la transcription

Lorsque nous nous sommes réveillés le lendemain matin, nous avions perdu environ 10 navires, transportant principalement du pétrole ou des avions. Les autres bateaux ont filé pour Reykjavik, en Islande. Nous sommes restés quelques jours pour récupérer nos esprits, puis c’était le départ pour l’Écosse.

Nous avons effectué notre dernier entraînement à la base RAF Prestwick. C’était un peu déroutant au début. Leurs schémas de circuit utilisaient de différents termes et symboles des nôtres ; j’avais demandé à un très sympathique de m’aider à les « traduire ». Une fois que je comprenais ce qui était quoi, le cours était une bagatelle. Nous étions 120 dans ce cours-là ; j’étais un des 20 qui ont réussi.

Il s’est avéré que la RAF pensait que j’étais trop bon pour être envoyé sur le terrain, alors ils m’ont envoyé à la base RAF Cranwell pour une formation sur le système Chain Home. Ensuite, on m’a envoyé à Yatesbury pour que je forme le nouveau groupe de Canadiens, à mon tour.

Après 2 ans sans promotion dans la RAF (mon commandant n’aimait pas nous promouvoir, nous, les « Canucks »), j’ai demandé un transfert.

J’ai été promu « sergent temporaire » et on m’a donné une petite augmentation de salaire (et de responsabilité). Par la suite j’ai passé du temps à toute une série de stations Chain Home Low avant d’être renvoyé chez moi au Canada.

Ils voulaient que j’enseigne, et disaient que je pouvais choisir aller n’importe où qui me plairait. Alors je leur ai dit que j’aimerais être à la base ARC Clinton ; c’était proche de la maison et de la famille. J’y suis resté jusqu’à la fin de la guerre, ce qui m’a bien convenu.

Après la guerre, quand le gouvernement m’a demandé si je voulais recevoir une maison ou une éducation, j’ai choisi une éducation. J’ai obtenu ma maîtrise en radio-électronique à l’Université de Western Ontario, ici à London.

J’ai finalement décidé que j’aimais tellement enseigner, que j’ai simplement continué à le faire. J’ai enseigné à l’Université Ryerson et au Hamilton Institute of Technology. Et ensuite j’ai pris ma retraite, chez moi à London. Après 96 ans, je dirais que la vie a été plutôt bonne, jusqu’à présent.

Courtoisie de Charlie Jackson