Les mets de la fête
Gerald : Je me rappelle quand nous allions chez les uns et les autres pour ramasser des marmites de soupe et ce genre de choses. Et on se disait : « C’est la dernière marmite et il faut bien qu’on se restaure nous aussi, quelque part sur le bord de la route ».
Intervieweuse : Vous voliez le bœuf dans la marmite?
Gerald : Oh, oui, on volait le bœuf dans la marmite. On coupait une branche d’aulne pour la plonger dans la marmite et récupérer le bœuf.
Intervieweuse : Ray Guy explique qu’ils enfilaient leur gant et le plongeait dans l’eau, et alors, vous savez, l’eau glacée congelait le gant en quelque sorte si bien qu’il devenait froid. Et alors, ils le plongeaient dans la marmite et attrapaient le bœuf. Vous voyez.
Sharon : Le bon vieux temps, Charlene.
Lizzie : Les plus beaux jours…
Grace : Mon frère me dit… il a 74 ans. Il raconte qu’un jour, quand il y avait des soupers, enfin, non, les spectacles suivis de la soupe et du reste. Il a dit que… Tom Smith, il s’appelait… il mettait son quart de viande sur son traîneau et allait de porte en porte pour demander : « Vous faites une marmite de soupe? ». « Oh, oui », alors il coupait un morceau de la viande et le leur donnait pour faire la soupe avant d’aller à la maison suivante. C’est comme ça qu’ils faisaient.
Elizabeth : Ce que je me rappelle, à Jean De Baie où j’habitais avec une femme, c’est qu’ils arrivaient avec le morceau de viande pour qu’elle le cuisine. Elle avait un garçon de deux ans et ça le faisait pleurer, vous savez, que la maison sente si bon et qu’il ne puisse pas en avoir. Il pleurait un petit moment et puis elle prenait le couteau pour lui couper une lichette de viande tellement fine qu’on voyait presque au travers. Et elle disait : « J’espère que le prêtre ne m’en voudra pas d’avoir volé ce petit bout de viande ».
Lizzie : À Oderin, on n’avait que de la soupe de mouton, que du mouton [pas d’orignal là-bas]. Non, que du mouton, que de la soupe de mouton. [Bien bonne, malgré tout]. On tuait le mouton à l’automne et c’est là qu’on organisait les soupers. On faisait une soirée dansante et un souper, et on faisait la tournée comme vous disiez pour partager le mouton, comme vous expliquiez, faire la soupe, aller à la salle des fêtes, faire la fête, danser toute la nuit de dix heures à six heures du matin.