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Cole Harbour grandit

Seymour LaPierre avec son cheval et son chariot

Seymour LaPierre sur son « Express Wagon » chargé d’articles possiblement destinés à être vendus au marché. [19-?]. Album de Joyce (Langille) LaPierre. Archives du CHRHS.

La communauté grandissante de Cole Harbour se forgea progressivement une identité distinctive en tant que zone agricole prospère et progressive. Le marché municipal d’Halifax (Halifax City Market) continua d’attirer de nombreux agriculteurs de Cole Harbour et d’autres communautés environnantes. Des fermes se développèrent des deux côtés de la route de Cole Harbour, allant jusqu’à Dartmouth. La route poussait vers l’est depuis le terminus du ferry de Dartmouth en passant par Cole Harbour, avec des embranchements vers Eastern Passage, Woodlawn et Preston jusqu’à Lawrencetown, Chezzetcook et au-delà. Établie le long de la route sans véritable centre ou secteur d’affaires, Cole Harbour ne devint jamais une ville. Avec le temps, les agriculteurs commencèrent à se spécialiser dans l’industrie laitière et maraîchère, devenue progressivement la force de Cole Harbour. Les drumlins de la communauté fournissaient le sol et Halifax, le marché. Les agriculteurs commencèrent à chercher des moyens de prolonger la saison agricole. Certains firent l’expérience des « couches chaudes », qui se répandirent à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Chaque année en mars, de nombreux maraîchers installaient 100 « couches chaudes » ou plus pour débuter la saison plus tôt.

« Couches chaudes » entourées de neige

« Couches chaudes » à la ferme Stuart Harris à Cole Harbour, en Nouvelle-Écosse. 1940. Album de Melvin Harris. Archives du CHRHS.

La population à l’est de l’estuaire de Cole Harbour et le long de la côte augmentait elle aussi, mais pas aussi rapidement. Les gens de la côte est qui avaient des commerces à Halifax se rendaient généralement en ville par bateau. Lorsqu’ils voyageaient par voie terrestre, c’est à pied ou à cheval qu’ils parcouraient les longs kilomètres qu’il fallait pour contourner les vastes étendues d’eau du marais salé de Cole Harbour. La route était encore en grande partie impraticable pour les véhicules à roues. Les charrettes à bœufs pouvaient être utilisées localement, à certaines périodes de l’année, mais ne s’aventuraient généralement pas très loin.

Cole Harbour Road recouverte de neige

Vue vers l’ouest de Cole Harbour Road, l’hiver, sur Beck’s Hill et sur la ferme de Thomas Bissett à droite et la ferme de Beck à gauche. [19-?]. Photographies de l’album de résidents de Cole Harbour : série non identifiée. Archives du CHRHS.

Plusieurs des personnes qui vivaient autour du marais salé de Cole Harbour établirent des fermes de subsistance là où les terres le permettaient. Cependant, les propriétés situées à l’est du port ne favorisaient guère l’agriculture. La pêche contribuait largement au revenu. Les propriétaires de terrains autour du marais coupaient le foin salé qui poussait au-dessus de la ligne de marée haute. Plusieurs chassaient et pêchaient dans ses eaux et récoltaient des palourdes dans les vasières exposées à marée basse.

Wilfred Bissett décharge la zostère de son chariot

Wilfred Bissett isolant sa maison pour l’hiver avec de l’herbe de mer. 1973. Fonds Rosemary Eaton. Archives du CHRHS.

On trouva de nombreux usages à l’herbe de mer (Zostera maritima ou zostère marine) qui pousse abondamment dans les eaux de Cole Harbour; elle était utilisée entre autres comme isolant dans les murs et autour des fondations des habitations locales. De plus, les algues qui s’échouaient sur le rivage pendant les tempêtes étaient utilisées comme engrais. L’accès à la plage était limité par le mauvais état des routes, mais avec le temps des dizaines de chariots de ferme descendaient sur la grève pour y ramasser des algues. En raison de la vive concurrence, il y eut des plaintes alléguant que certains agriculteurs prenaient trop de ce fumier de mer au détriment des autres. Une loi provinciale fut adoptée afin d’interdire la récolte des algues avant le lever du soleil. Les agriculteurs s’adaptèrent en faisant la queue sur la plage dans la pénombre avant l’aube, prêts à charger leurs charrettes au lever du jour.