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Une communauté en croissance

Percy Ernst lave des carottes

Un homme (peut-être Percy Ernst) lavant des carottes pour le marché. Les agriculteurs de Cole Harbour vendirent leurs produits au marché municipal d’Halifax (Halifax City Market) jusqu’au 20e siècle, comme le faisaient leurs ancêtres avant eux. [195-?}. Album de Percy Ernst. Archives du CHRHS.

Les liens entre Cole Harbour et Halifax, capitale en croissance, se renforçaient d’année en année. La plupart des produits en provenance de Cole Harbour et de la côte est avaient pour destination Halifax. Certains produits provenant de Cole Harbour étaient vendus au marché municipal d’Halifax (Halifax City Market), colportés dans la ville ou encore vendus à des marchands et commerces. Une grande partie des marchandises étaient ensuite expédiées vers des destinations situées le long de la côte est, aux Antilles et ailleurs. La ville fournissait également équipement, services, biens et produits de luxe. Les hommes d’affaires de Cole Harbour faisaient l’aller-retour ou séjournaient sur place, tout comme le faisaient les étudiants aspirant à faire des études supérieures. Les résidents de Cole Harbour comptaient sur la ville pour avoir des nouvelles du reste du monde; les navires qui accostaient régulièrement au port apportaient le courrier de l’étranger. Les ferrys qui traversaient le port d’Halifax ne dérougissaient pas et les habitants de Cole Harbour ainsi que ceux situés plus à l’est n’hésitaient pas à faire à pied l’aller-retour sur la longue route menant à la traverse du port.

Bétail sur la digue

Le bétail de Peter McNab Kuhn sur la digue qui sera construite plus tard dans le port. Avant 1917. Album Wilfred Bissett. Archives du CHRHS.

Au début du 19e siècle, le marais salé de Cole Harbour demeurait toutefois un centre d’intérêt important pour de nombreux résidents. Bien que le commerce avec Halifax se soit développé, l’accès à la ville demeurait un problème. Outre le fait d’avoir à traverser ou contourner le marais, certains regardaient sa vaste étendue et y voyaient des champs de foin et du bétail engraissé comme l’on en trouvait de l’autre côté de la province, sur les terres endiguées de la baie de Fundy. Les maraîchers qui cultivaient des choux et des navets imaginaient des rangs alignés sur des terres riches et faciles à cultiver. Ceux qui pêchaient dans le marais salé ou à l’embouchure de l’Atlantique, ou qui profitaient de l’abondance de gibier et d’oiseaux sauvages autour de l’estuaire, le préféraient tel qu’il était.

Toutefois, Cole Harbour était une communauté composée principalement d’agriculteurs qui se souciaient peu de la nature sauvage et considéraient toute terre non cultivée comme une terre gaspillée. Même s’ils appréciaient la grande quantité d’algues qui s’échouaient régulièrement sur la plage et qu’ils utilisaient pour engraisser leurs champs, ou le foin salé qu’ils récoltaient autour du marais pour compléter le fourrage d’hiver, ils éprouvaient de plus en plus le besoin de tirer davantage parti des terres non utilisées autour du marais.

Dessin à main levée d’un poisson du marais salé

Dessin à main levée de poisson trouvé dans le marais salé, par Goldie Gibson, 1977.

En 1842, la communauté commence à concrétiser ses rêves. Quelque 32 notables, principalement des agriculteurs représentant la majorité des patronymes connus de la région de Cole Harbour, proposent alors la création d’une société par actions dans le but d’endiguer le port et de transformer le marais en terres agricoles. Il fallut trois ans à la Cole Harbour Dyke Company pour devenir une entité juridique, avec comme signataires la moitié des personnes qui avaient assisté à la réunion initiale et quelques autres. Les efforts en vue d’endiguer le marais finirent par échouer. Des années plus tard, la mer emporta les quelques constructions qui avaient été entamées; les investisseurs acceptèrent leurs pertes et la vie du marais salé de Cole Harbour et de sa faune reprit son cours comme avant. Les deux marées quotidiennes continuaient de fournir des nutriments au marais et de l’enrichir, et de ramener à la mer une multitude de formes de vie éphémères, dont une abondance d’alevins et de jeunes poissons. Ne profitant plus de la sécurité de leur frayère, ils allaient devoir affronter les risques de poursuivre leur croissance en pleine mer. La première tentative de créer une digue a été décrite comme une entreprise courageuse, mais coûteuse, peu remarquée et aujourd’hui presque entièrement oubliée.