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Faire de la digue une réalité

Plage de Lawrencetown à Cole Harbour à marée basse

Cole Harbour à marée basse, octobre 1981. Fonds Rosemary Eaton. Archives du CHRHS.

En 1876, un groupe d’investisseurs, plusieurs d’entre eux anglais, obtinrent l’estuaire de Cole Harbour dans un acte décrivant la terre comme « 5 000 acres de terres et de terres immergées ». Un certain nombre de conditions furent énoncées : la construction d’une digue à son embouchure avec une route sur le dessus et la distribution des lots créés dans le marais parmi les propriétaires adjacents. L’endigage de l’estuaire allait permettre de transformer le marais salé de Cole Harbour en terres agricoles productives. Cette hypothèse reflétait la vision qu’on avait de la nature au 19e siècle, mais elle était erronée, car le marais était impropre à l’agriculture.

La construction de la digue commença en 1877 et avança rapidement. L’embouchure du port fut réduite du côté est par le renforcement d’une plage-barrière existante et par l’extension de la plage de gravier naturelle du côté ouest. Un chemin de fer à voie étroite transportait le remblai à déverser au bout de l’extension qui progressait graduellement vers l’extérieur. La bande de terre ainsi créée est encore connue aujourd’hui sous le nom de Cole Harbour Dyke.

Un plan montrant une coupe transversale de la digue de Cole Harbour

Un plan de la digue de Cole Harbour de 1880, montrant une coupe transversale d’une boîte d’écluse. Les Archives publiques de Nouvelle-Écosse.

L’ouverture entre les deux côtés, large d’environ 100 pieds, fut comblée par un aboiteau. Il consistait en quatre vastes ouvertures munies de portes suspendues, séparées par de massifs piliers à colombages. À marée haute, la mer exerçait une pression sur les portes, les maintenant fermées, pendant que l’eau des ruisseaux qui se jettent dans l’estuaire s’accumulait derrière les portes. Lorsque la marée redescendait, la pression de l’eau douce à l’intérieur relevait et ouvrait les portes et l’eau se déversait avec force dans l’océan. Une fois l’accumulation d’eau douce libérée, les lourdes portes de bois retombaient dans un bruit fracassant et la marée montante les maintenait à nouveau fermées.

Une route d’une largeur de 12 portes parcourait le haut des portes de l’aboiteau sur un robuste pont en bois qui reliait pour la première fois les deux côtés du port, soit West Lawrencetown et Cow Bay. Les routes situées aux deux extrémités de la digue pouvaient accueillir des véhicules tirés par des chevaux, et la traverse était populaire malgré le long trajet qu’il fallait parcourir dans la ville. La route longeant le côté ouest du port jusqu’à la communauté de Cole Harbour (aujourd’hui Bissett Road) était accidentée. Par conséquent, les utilisateurs du pont de la digue se rendaient généralement à Halifax en passant par Cow Bay et Eastern Passage. La route sur la digue et le pont était utilisée de façon régulière. Les premières automobiles l’ont probablement empruntée avant que le pont ne soit détruit en 1917.

John George Bissett

John George Bissett. Californie. 1898. Album de Wilfred Bissett. Archives du CHRHS.

Bien que la société de concession de terrains et de digues ait changé de mains, l’un des premiers bénéficiaires, John Watson, un ingénieur civil d’Angleterre, conserva son intérêt tout au long du projet. Il demeurait chez John George Bissett lorsqu’il visitait Cole Harbour. John George, membre de la quatrième génération de la famille à résider en Nouvelle-Écosse, était maintenant le patriarche des Bissett de Cole Harbour. En tant que plus important propriétaire foncier local, il était également le représentant de Cole Harbour au conseil du comté et portait le titre de Squire Bissett. Watson engagea Squire Bissett pour superviser le projet de digue, rôle que ce dernier occupa pendant toute la durée de la société.