Passer au contenu principal

Les femmes s’en mêlent !

« Les capitaines à terre »

Comme le veut l’époque, les épouses  semblent absentes des affaires maritimes. Pourtant, elles sont couchées sur les testaments et les actes notariés. Lorsque les capitaines Zélada et Joseph Desgagnés meurent en 1939 et en 1944, leurs épouses Mathilda et Amélia héritent des bateaux de la compagnie familiale avec leurs fils. En outre, elles veillent à la bonne marche des entreprises tout comme leurs brus, assignées à la comptabilité et au secrétariat inhérents au cabotage.

Sur cette photo en noir et blanc se trouvent six personnes. Au centre, une dame âgée et une enfant qui a dans sa main un bouquet de fleurs. Autour d’elles, on observe des curés et servants de messe. Au deuxième plan apparaît la coque d’un navire.

La marraine du navire


 
Les Cécilia, Annette, Denise et Huguette sont des gestionnaires hors pair. En plus d’être les capitaines de leurs maisonnées, elles secondent leurs maris au large. Elles font tantôt préparer la commande d’épicerie pour l’équipage ou s’assurent qu’un moussaillon recruté soit à l’heure dite au bout du quai, le temps d’une trop brève escale. Spécialistes de règles de la marine marchande et du cabotage, elles sont l’intermédiaire essentielle pour ceux des compagnies qui tentent de joindre leur mari de capitaine au large, pour réserver un voyage.

L’après-guerre a permis à certains ménages de mettre la main sur un nouvel atout : la radio à ondes courtes. Sur la bande marine, en plus de vérifier où se trouve le bateau de leur mari, elles sont en mesure de suivre les conversations des autres capitaines, de possibles compétiteurs. Elles peuvent ainsi avertir leur époux de ce qui se trame sur les autres goélettes lors d’éventuelles conversations tout autant épiées ! Alors, les capitaines font du théâtre ou utilisent des codes… secrets.

Sur cette photo en noir et blanc prise à l’extérieur apparaît au premier plan un bébé dans un parc. Il joue avec un ballon. À sa gauche, sur le gazon, un jeune garçon se tient debout. À l’arrière, trois adultes sont assis. Au centre, on observe une femme qui travaille à la machine à écrire. La dactylo est déposée sur une petite table dans le gazon.

Mère… et secrétaire !


 
Lorsque les capitaines Desgagnés passent sans s’arrêter devant le village de Saint-Joseph-de-la-Rive, ils saluent leurs épouses et leurs familles avec des coups de sifflet. Si l’un émet trois grands coups et deux petits, c’est qu’il passe tout droit. La famille accourt alors au bout du quai et envoie les salutations et les baisers à la volée. Ce bref moment de tendresse est un baume sur le cœur des femmes qui travaillent sans relâche lorsque leurs maris naviguent. Comble de joie: si le signal est trois grands coups, une pause et un autre grand coup, c’est que le bateau fera un arrêt.

Blanchisseuses, éducatrices, cuisinières, soignantes, bref, les femmes gèrent.