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Clairons, pierre et poutres : les inscriptions militaires commémoratives

Un soldat tenace et persistant

Beaucoup de jeunes Canadiens désiraient apporter leur contribution aux efforts de guerre de leur pays. Ils sentaient qu’ils avaient un rôle à jouer dans les conflits militaires livrés par le Canada dans des pays étrangers. Et certains souhaitaient ardemment faire leur part dans une lutte qu’ils jugeaient être une noble cause. C’est donc dire que leurs témoignages peuvent être significatifs à propos d’importants conflits militaires.

Vieille photo de deux soldats à l’air sérieux. Le premier est debout et s’appuie sur une canne, avec une main sur l’épaule du second qui est assis.

Richard Walter Mills, joueur de clairon, Première Guerre mondiale (à droite) avec son père, Richard Mills (à gauche)

Richard Walter Mills est né à Stratford, en Angleterre, en 1899 et est venu à Moose Jaw avec ses parents en 1907. En 1916, après avoir menti sur son âge, il s’est joint au 46e bataillon de Moose Jaw. L’armée l’a ensuite muté au 128e bataillon et il partit au combat outre-mer.

C’est là que les autorités découvrirent son âge exact. Il fut immédiatement renvoyé en Angleterre. Dès son 18e anniversaire de naissance, il a pu rejoindre ses camarades au combat.

Un clairon  : une constante présence

Lorsqu’il s’est enrôlé, l’armée confia à Mills un clairon en laiton, muni d’un cordon vert, dans le paquetage qu’on remettait à chacun des soldats de la Première Guerre mondiale. Ce clairon fut une présence constante durant toute l’expérience militaire de Mills.

Comme tous les clairons de ce type, il jouait un rôle important dans les communications entre les commandants et leurs troupes. Mills l’a porté pendant toutes ses années de service, même au plus fort des batailles auxquelles il a pris part. Il l’avait avec lui durant les batailles de la crête de Vimy, de Lens, de la cote 70, de Passchendaele et d’Arras. Ce furent de très dures batailles et elles constituent des moments significatifs quant à la contribution canadienne à l’effort des Alliés durant la Grande Guerre.

Des moments historiques immortalisés sur le clairon

Après avoir survécu à chacune de ces expériences angoissantes, Mills inscrivait le lieu du combat sur son clairon.

Les noms gravés sur ce clairon ont ainsi personnalisé un objet tout à fait commun et normalement fourni par l’armée. Ce faisant, le clairon devenait un objet témoin significatif à propos de ce conflit. L’acte tout simple d’inscrire le nom de ces batailles sert à immortaliser l’expérience de Mills et forme un témoignage sur les efforts de tout son bataillon.

Clairon en laiton, avec un cordon vert se terminant par un gland à franges.

Le clairon de Richard Mills. (laiton, métal, cordon en tissu, 18,0 x 30,3 x 9,7 cm, Première Guerre mondiale.)

Inscriptions dans la pierre

L’idée de graver des noms comme l’a fait Richard Mills s’inscrit dans une pratique multiforme et très courante dans le monde militaire. Cette pratique consiste à consigner les noms des batailles sur divers éléments du paquetage des soldats. Un autre aspect de cette pratique consiste à graver son propre nom sur un rocher ou une grosse pierre avant une bataille. Pendant la guerre des Boers, par exemple, les soldats canadiens inscrivaient souvent leurs noms sur un rocher. Parfois même, l’inscription prenait la forme d’un dessin, tel que l’image du profil d’un soldat. C’est ainsi que l’on a trouvé sur un rocher l’autoportrait du sergent J. Perry, qui faisait partie de la compagnie « C » du Royal Canadian Regiment.

Étui en cuir pour arme de poing, de très belle facture et datant de la Guerre des Boers. Les noms de son propriétaire et de divers lieux sont gravés.

Cet étui pour arme de poing a été porté par J. M. Barker du 2e régiment des Canadian Mounted Rifles. (cuir, 40,0 x 19,0 x 3,0 cm, Guerre des Boers.)

Inscriptions sur la maçonnerie et les tunnels de craie

De nombreux soldats canadiens ont écrit ou gravé des informations personnelles sur un mur en maçonnerie. Ils gravaient leur nom, leur numéro matricule ou encore l’emblème de leur régiment. Ces inscriptions sont courantes sur les murs des bâtiments situés à proximité des champs de bataille importants de la Première Guerre mondiale. Encore aujourd’hui, il est courant de trouver ces inscriptions sur les églises et d’autres bâtiments qui ont survécu à la destruction.

Les soldats ont également gravé des messages sur les murs des tunnels dans les anciennes carrières de craie situées sous les champs de bataille de Vimy en 1917. On peut seulement supposer qu’ils gravaient leur nom dans un lieu qui, selon eux, serait ultimement détruit durant la guerre. Ces soldats ont probablement supposé que personne d’autre ne verrait jamais ces témoignages. Malgré cela, ils voulaient probablement montrer qu’ils étaient là et qu’ils étaient encore bien vivants.

Photo en noir et blanc d’un soldat retouchant l’illustration sur le nez d’un avion.

L’aviateur-chef Robert Ducroq retouche « Jane », sur le fuselage d’un avion Auster à Orsogna, en Italie, en février 1944..

Des inscriptions poignantes

Les inscriptions que l’on trouve à Vimy sont particulièrement émouvantes à bien des égards. La pierre n’est pas uniquement le matériau des bâtiments et des tunnels. C’est aussi le matériau des monuments commémoratifs et des pierres tombales. Beaucoup des noms gravés sous terre à Vimy ont été plus tard transcrits sur le mémorial de Vimy. C’est là une réalité obsédante.

La tradition de l’inscription perdure

Un siècle plus tard, une poutre en bois était exhibée dans le cadre d’une tournée pancanadienne. Tirée d’un bunker canadien à Panjwai, en Afghanistan, cette poutre commémore la fin de la mission canadienne en Afghanistan. De nombreux soldats ayant servi durant ce conflit y ont apposé leurs signatures. Ces inscriptions en font un artéfact important et personnel à propos de ce conflit.

Un poème accompagne ces signatures sur la poutre. Composé par un militaire canadien, il commémore la mort du soldat Terry Street. Le poème, rédigé en anglais, dit  : « Nous avons quitté nos foyers et tout ce qui nous était cher / Pour venir combattre et faire face à la mort / Et rappeler à tous afin qu’ils n’oublient jamais / Que l’honneur et le courage ne sont pas uniquement des mots / Mais des qualités du cœur que nous avons fièrement honorées. »

Dans un certain sens, ce poème a une signification universelle. Tout soldat du monde entier aurait pu en être l’auteur. Et tout soldat aurait pu tout aussi bien en avoir été le sujet. Il pourrait s’agir d’un soldat ayant laissé une gravure sur un rocher au sommet d’une colline isolée en Afrique du Sud. Mais il pourrait tout autant s’agir d’un soldat ayant gravé une inscription sur la paroi d’un tunnel de craie à Vimy.

Photo en noir et blanc d’un homme occupé à peindre un insigne de bataille sur un char d’assaut canadien.

Un insigne de bataille est peint sur un char d’assaut, commandé par un Canadien, avant une bataille, en août 1918.

Un souvenir tangible et durable de la présence des soldats

La pratique historique de laisser des traces écrites signifie que de nombreux objets et structures deviennent des commémorations évidentes des militaires canadiens. Ces objets et ces structures, à travers le monde entier, constituent une preuve historique de la présence de soldats. Ils témoignent visuellement du fait que les hommes politiques de diverses périodes ont choisi d’envoyer des soldats dans plusieurs endroits reculés. Et, même si les gens ignorent la raison de la présence de ces inscriptions, celles-ci servent au moins à garantir que l’on se souviendra du nom de ces soldats.

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