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Construire la pêche : des savoir-faire plus que centenaires

La construction de la pêche

La pêche à l’anguille est une activité commerciale intimement liée à la famille. Les droits devenus plus tard les permis de pêche suivent les générations de père en fils. Avec ce droit, on s’assurera également de transmettre tous les savoirs et les techniques de construction pour favoriser des pêches abondantes.

Choisir le bon endroit – Les archives familiales recèlent d’informations sur les bonnes et les mauvaises années de pêche. Elles permettent de savoir ce qui a été expérimenté et ce qui a donné des résultats.

Un bon emplacement

L’emplacement des engins de pêche à un endroit stratégique fait partie des savoirs familiaux. On recherche les pointes qui sont les plus propices à pêche abondante. Toutes sortes de techniques existaient pour trouver le meilleur endroit.

Choisir le bon endroit – Regardez la vidéo et sa transcription

Construire pendant la belle saison

Dès la fin de la saison de la pêche en automne et tôt au printemps, le pêcheur prépare tout le bois dont il aura besoin pour réaliser le châssis de ses pêches à anguilles. Ce travail s’ajoute à ses tâches saisonnières à la ferme, car la majorité des pêcheurs sont des agriculteurs.

Vers la fin avril, les travaux de construction de la pêche débutent et durent presque tout l’été, car il faut travailler au rythme de la marée.

Étape par étape, encore aujourd’hui, les pêches sont érigées dans cet ordre.

Installation des structures de base (poteaux, piquets, perches de rets) ;
mise en place de sapinage à la base des ailes de la pêche ;
installation des ansillons, des bourroles et des coffres ;
attache des filets du bas aux piquets ;
attache des filets du haut aux perches de rets.

L’installation astucieuse d’engins de pêche – Regardez la vidéo et sa transcription

Sur la rive du fleuve, deux hommes debout sur un échafaudage de bois tiré par un bœuf plantent dans le sol des poteaux à l'aide d'une masse. Au premier plan, trois autres travailleurs préparent des chaînes.

Construction d’une pêche à fascines à Saint-Denis-de-la-Bouteillerie (Québec), 1939

 
La plantation des piquets se faisait à grands coups de masse avant la mécanisation.

On raconte qu’il pouvait y avoir jusqu’à trois « masseurs » qui frappaient le même piquet en alternance. L’orgueil leur dictait le rythme des coups mettant à l’épreuve leur résistance.

Se préparer pour la saison de pêche – Regardez la vidéo et sa transcription

D’une époque à l’autre, les mêmes gestes

Juste avant l’installation des filets, les pêcheurs coupent une énorme quantité de sapinage. Ces branches sont placées à la base du futur mur. Une planche vient les presser et les tenir bien en place. Elles font barrière aux anguilles qui ne peuvent se faufiler sous les filets. À l’époque de la pêche à fascines, cela se faisait déjà. Seul le tracteur a remplacé le cheval et la scie mécanique la hache.

Une remorque débordante de branches de sapin et tirée par un cheval est arrêtée le long d’une rangée de poteaux qui s’avance dans l'eau, au loin on voit la rive. Les pieds dans l'eau, deux hommes prennent les branches de la remorque.

Émile Lizotte et son fils Georges-Henri travaillent à la construction d’une aile de chasse, Rivière-Ouelle (Québec) 1966

 
Une longue rangée de poteaux fichés dans un sol rocailleux et herbeux. Deux hommes mettent du sapinage à la base de la rangée.

Georges-Henri Lizotte fait les mêmes gestes qu’en 1966, mais avec son fils Pierre, Rivière-Ouelle (Québec), 2015

 
Anciennement, le pêcheur confronté à un estran rocheux utilisait des claies autoportantes faites en fascines. Émile Lizotte de Rivière-Ouelle plaçait 70 claies (de 3,5 mètres de long) pour bâtir sa pêche. Il déposait des centaines de grosses roches pour éviter que le tout ne soit emporté lors d’une tempête.

Sur la rive du fleuve à marée basse, une longue rangée de panneaux ajoutés, certains sont recouverts debranchages et forment une barrière. Les panneaux sont tenus en place par de grosses roches à leur base.

Ancienne pêche à fascines faite de claies autoportantes, 1966

 
Finalement, l’ansillon, la bourrole et le coffre sont transportés à leur place. Les filets sont installés à la fin du mois d’août ou le début de septembre pour l’arrivée des premières anguilles vers la mi-septembre.