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Les régions frontalières, véritable repère des contrebandiers

Au début du XXe siècle, les Canadiens français sont plutôt appauvris. Par la force des choses et ce, même avant la prohibition, ils préfèrent de loin l’alcool de contrebande et celui fabriqué artisanalement aux produits taxés et donc plus dispendieux vendus par l’État. Par ailleurs, l’établissement d’une succursale de la Commission des liqueurs à partir des années 1921 ne peut se faire que dans les municipalités dont la population atteint au moins 5 000 habitants. Ces faits, combinés à une forte demande d’alcool illégal, principalement soutenue par le crime organisé américain, expliquent pourquoi certaines municipalités rurales vont devenir très actives au point de vue de la contrebande. Cette dernière est d’ailleurs facilitée par le fait que la frontière qui sépare le Canada des États-Unis, une des plus longues au monde, est une véritable passoire!

Cette carte démontre bien l’étendu sur le territoire québécois des opérations de la police des liqueurs dans les années 1920 et 1930:

Carte du Québec montrant où ont eu lieu les opérations de la police des liqueurs dans les années 1920-1930

Opérations de la Police des liqueurs dans les années 1920-1930. Source : Sûreté du Québec.

L’instauration et le maintien de la contrebande au Québec au cours des années 1920 et 1930 est grandement facilitée par les îles Saint-Pierre-et-Miquelon qui sont situées dans l’Atlantique Nord, à environ 20 km au sud de Terre-Neuve. Comme ce petit territoire français est régi par les règlements de la France, il n’est donc pas touché par la prohibition. Le bruit se répandit dans « les milieux de l’alcool » que Saint-Pierre-et-Miquelon pouvait être utilisé comme point de transbordement d’où l’alcool serait réexpédié vers le Canada et les États-Unis.

Des hommes déchargent des caisses sur un bateau

Déchargement de caisses de champagne à Saint-Pierre-et-Miquelon. Source : Jean-Pierre Andrieux.