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Barbara et A.C. Leighton : trente-cinq ans de vie commune

« C’est grâce à elle qu’il est devenu, – ou qu’il a continué à être -, l’artiste à succès qu’il était, et qu’il est devenu meilleur qu’il ne l’était … »
—Heather MacEwan Foran

Photo noir et blanc d’un couple habillé élégamment, debout sur le quai, consultant quelque chose que la femme tient à la main.

Barbara et A.C., vers les années 30

Les amis de Barbara lui reconnaissent le mérite d’avoir été une épouse qui a vraiment soutenu son mari dans toutes ses activités professionnelles. Elle était responsable de la cuisine et du confort d’A.C., mais elle s’est donnée à cette tâche avec joie et bonne volonté. Ils ont parcouru le monde ensemble. De l’Angleterre à l’Écosse et à l’Irlande, de la côte ouest de la Colombie-Britannique à l’Oregon et à la Californie, et finalement aux montagnes Rocheuses, les Leighton ont poursuivi leur inspiration artistique et ont trouvé des endroits où ils se sentaient chez eux.

A.C. et Barbara n’ont jamais eu d’enfants. La nièce de Barbara, Mary Sherbino, se rappelle avoir été terrifiée par A.C. lorsque sa sœur et elle étaient enfants. Cela contraste avec les jeunes années d’A.C., où les enfants étaient attirés par lui. Barbara se souvient d’une époque antérieure, lors qu’ils vivaient en Angleterre, où des « enfants venaient de plusieurs kilomètres à la ronde » le voir peindre. Ils « traînaient toujours autour de lui et lui grimpaient dessus ». Un jeune garçon, Richard, venait frapper à la porte et A.C. lui faisait des dessins fantaisistes, des lions qui mangeaient des fraises et des girafes avec des béquilles. Richard venait tous les matins prendre son petit déjeuner avec les Leighton et passait beaucoup de temps avec eux. Son père avait été tué à la guerre et sa mère était en phase terminale. Ses frères aînés avaient été mis en adoption et A.C. et Barbara avaient donc espéré l’adopter. Finalement, le grand-père de Richard décida qu’il ne pouvait pas se séparer de lui et les Leighton se retrouvèrent sans enfants.

À leur retour au Canada au début des années 1940, A.C. et Barbara ont acheté une terre à Chilliwack, en Colombie-Britannique, et ont engagé un homme et sa famille pour travailler à la ferme. Comme c’était souvent le cas, l’aventure les a rattrapés : l’homme et sa famille ont disparu du jour au lendemain, laissant Barbara et A.C. seuls pour s’occuper de la ferme pendant un certain temps. Une fois ce problème résolu, ils ont déménagé à Crescent Beach, dans l’actuel Surrey, en Colombie-Britannique. Finalement, désireux de profiter des montagnes et du soleil stimulant de l’Alberta, A.C. et Barbara sont retournés à Calgary et se sont installés à Highland Park.

« Ace disait que lorsque le soleil ne brillait pas, vous ne vouliez pas vous lever. Mais si le soleil brillait, vous vous sentiez en pleine forme et prêt à démarrer ».—Barbara Leighton

Rarement longtemps au même endroit, en 1952 les Leighton déménagent à nouveau en Angleterre, cette fois pour trouver un soulagement aux problèmes de santé chroniques qui poursuivaient A.C. depuis qu’il était jeune homme. Ces problèmes allaient malheureusement mettre une fin prématurée à sa vie. Ce déménagement, en 1952, fut si soudain que Barbara n’eut d’autre choix que de laisser la vaisselle sale dans l’évier, car A.C. devait partir pour l’Angleterre immédiatement. Mais leur avion fut pris dans une tempête de neige en route pour Londres et dut faire un atterrissage d’urgence à Shannon, en Irlande.

Huit mois plus tard, ils vivaient toujours à Limerick, sans projet de départ immédiat. Ils avaient un appartement à Limerick et une cabane de berger au sommet d’une montagne irlandaise où A.C. pouvait peindre. À leur retour à Calgary trois ans plus tard, la vaisselle était toujours dans l’évier.

La maison que construisirent A.C. et Barbara. (sous-titrage disponible en français et anglais). Regarder la vidéo avec la transcription français.

C’est à cette époque, en 1955, que les Leighton ont décidé de s’installer définitivement dans la région de Calgary. A.C. Leighton voulait un terrain avec vue sur les montagnes car ses problèmes de santé lui rendaient les déplacements plus difficiles. Ils sont allés voir un terrain au sud de Calgary, mais celui-ci ne répondait pas aux normes d’A.C. Sur le chemin du retour, ils ont rencontré un fermier et lui ont fait part de leur déception. Il leur a dit qu’il avait une parcelle de terre qui pourrait les intéresser.

La propriété qu’ils ont inspectée ce jour-là avait appartenu à l’origine à M. Thomas Jameson, qui l’avait nommée « Ballyhamage Ranch », d’après une ville d’Irlande. Depuis sa position sur une haute colline, A.C. Leighton pouvait voir toute l’étendue des Montagnes Rocheuses à l’horizon; il décida sur le champ d’acheter le quart de section. Barbara sortit les 100 dollars d’« argent fou » qu’elle gardait toujours pour les situations spontanées, et A.C. rédigea une reconnaissance de dette sur une page de carnet de croquis pour le reste du montant.

A.C. s’est aussitôt procuré le bois et a recruté un groupe d’hommes locaux. En une fin de semaine, ils ont travaillé ensemble à la construction de l’enveloppe de ce qui est aujourd’hui la Studio Gallery. Au fil des ans, ils ont continué à construire, ajoutant des sections transversales, une tour et bien d’autres choses encore, jusqu’à ce que la maison devienne le bâtiment que vous voyez aujourd’hui. Ils ont conservé le nom irlandais et ont appelé cette nouvelle maison Ballyhamage. Elle deviendra le Leighton Art Centre tel qu’il est aujourd’hui.

Photo aérienne en couleur d’une maison noire et blanche avec des collines et des montagnes au loin.

Vue de la dernière maison des Leighton — « Ballyhamage », non datée