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L’histoire de Nancy

« Ne suis-je pas une femme et une sœur? »
The Liberator, Boston, le 4 février 1832

Portrait d’une femme noire portant un bandeau vert. De petits oiseaux volent près de son visage avec les mots Equality, Liberté, Justice et Freedom.

« Nancy », par Claire Vautour. Acrylique sur toile cartonnée, 2020.

L’histoire de Nancy a débuté en 1786, lorsqu’elle s’est enfuie de chez Caleb Jones, un Loyaliste esclavagiste. L’édition hebdomadaire du 25 juillet du Royal Gazette and New Brunswick Advertiser contenait de nombreuses informations sur le transport maritime, ainsi que des proclamations royales, des éditoriaux et des renseignements provenant des ports de Londres, de Boston et d’Halifax. Dissimulé à la page trois, parmi les diverses annonces commerciales et immobilières, se trouvait un avis particulier qui se distinguait par ses lettres en caractères gras.

Annonce de journal datée du 24 juin 1786 et intitulée RAN AWAY.

L’annonce concernant l’esclave fugitive de Caleb Jones a été publiée dans le Royal Gazette and New Brunswick Advertiser le 25 juillet 1786.

L’avis continuait en disant qu’il était interdit à quiconque d’héberger l’une de ces personnes, « car ils devront en assumer les conséquences ». Une récompense de deux guinées était offerte pour le retour de chacun des hommes, et de six dollars pour chacune des femmes   à payer à la livraison à Thomas Jennings à York Point, dans la ville de Saint John. L’avis est signé et daté CALEB JONES, le 24 juin 1786.

Nancy a ensuite été rendue à Caleb Jones et, quatorze ans plus tard, elle et son maître esclavagiste sont devenus des paratonnerres pour la question plus large de la légalité de l’esclavage dans cette province. Avec comme avocats de la défense le flamboyant Samuel Denny Street et le vaillant Ward Chipman, le célèbre procès de la liberté de Nancy a eu lieu à Fredericton en février 1800.

Transcription manuscrite jaunie du tribunal

Mémoire juridique de Ward Chipman pour le procès de Nancy à Fredericton, au Nouveau-Brunswick, en 1800.

Au cours du procès, Ward Chipman a fait habilement remarquer que le Nouveau-Brunswick n’avait jamais légalisé l’esclavage et que la Common Law d’Angleterre ne reconnaissait pas les lois du Maryland.

Ses opposants ont répliqué en présentant l’argument suivant : puisque l’esclavage était légal dans l’Empire britannique, une loi provinciale n’était pas nécessaire. Finalement, aucun jugement n’a été rendu, car la cour était divisée. Le juge en chef Ludlow et le juge Upham se sont prononcés en faveur de Caleb Jones, tandis que le juge Isaac Allen et le juge Saunders se sont prononcés contre.Aucune décision n’ayant été prise, Nancy a été rendue à Caleb Jones.

Bien que Nancy n’ait pas obtenu sa liberté, le courage dont elle a fait preuve en défendant sa propre cause a permis à d’autres personnes d’obtenir la leur. Son procès a également contribué à attirer l’attention du public sur les cruautés de l’esclavage au Nouveau-Brunswick.

L’histoire de Nancy (sous-titres offerts en français) – Regardez cette vidéo avec une transcription en français.