Passer au contenu principal

Une vie de servitude

« [ils sont] conçus pour être soumis… esclaves par nature. »
 Citation attribuée au révérend Jonathan Odell, Fredericton, vers 1816.

Médaillon en or avec le portrait d’un homme aux cheveux blancs portant une veste noire et un foulard blanc.

Jonathan Odell (1737-1818), par un artiste inconnu. Aquarelle sur ivoire, sertie dans un médaillon en or de 5,5 x 3,5 cm, vers 1770.

Dès 1824, des fonctionnaires déclaraient qu’il n’y avait plus d’esclaves au Nouveau-Brunswick. En fait, ce n’était pas le cas, car il est prouvé que, jusqu’en 1845, John Harding (fils de George), habitant Maugerville, a légué ses esclaves à sa sœur Elizabeth Miles. La servitude se poursuivait également sous forme de service à long terme. Nombreux sont ceux qui, au sein du puissant « pacte familial » de Fredericton, ont maintenu une stricte division de classe et de race qui s’est poursuivie bien après la loi d’émancipation de 1833.

L’une de ces familles était celle de Jonathan Odell (1737-1818), membre éminent de l’élite sociale de Fredericton qui, malgré sa position dans la société, éprouvait une grande aversion pour les gens de couleur. En fait, vers 1816, on lui attribue la déclaration suivante : « Les Africains sont intrinsèquement inférieurs… conçus pour être soumis aux autres… esclaves par nature. »

Homme d’église, poète et Loyaliste pendant la Révolution américaine, Odell a été le premier secrétaire provincial de la nouvelle province du Nouveau-Brunswick. En 1791, le gouvernement britannique a créé le programme du Sierra Leone pour les colons noirs du Nouveau-Brunswick qui souhaitaient se réinstaller en Afrique. Malheureusement, Jonathan Odell a été nommé comme agent de recrutement pour le Nouveau-Brunswick. Tous les colons noirs souhaitant émigrer devaient s’adresser à lui et devaient fournir une preuve écrite de leur liberté.

Médaillon en or avec le portrait d’une femme aux cheveux bruns portant une robe bleue. 

Ann de Cou Odell (1740-1825) épouse de Jonathan Odell, par un artiste inconnu. Aquarelle sur ivoire, sertie dans un médaillon en or, vers 1780.

Odell était connu pour être particulièrement réfractaire au projet du Sierra Leone. On dit qu’il a fait beaucoup afin d’empêcher les colons noirs de retourner en Afrique et a répandu des rumeurs effrayantes selon lesquelles les colons seraient vendus comme esclaves à leur arrivée. Comme l’a rapporté le lieutenant John Clarkson, responsable de la coordination de l’expédition du Sierra Leone, à Richard Bulkeley en 1791 :

« J’ai eu une longue conversation au sujet de M. O. [Odell], secrétaire du gouverneur du Nouveau-Brunswick, dont la conduite, à tous égards, a été extrêmement répréhensible, en ce qui concerne l’affaire pour laquelle je suis ici… Quatre Noirs viennent d’arriver de la province du Nouveau-Brunswick; on les a empêchés de s’embarquer avec Peters, et ensuite ils ont été détenus sous un faux prétexte de dette; les agents mêmes de cette province ont pris les moyens les plus injustifiables pour empêcher ces gens de satisfaire leurs désirs, et quand ils ont constaté que la plupart d’entre eux n’étaient pas endettés, ils se sont arrangés pour produire de faux contrats et ententes pour les dissuader, et ils ont fini par dire que personne ne devait partir s’il ne pouvait présenter son sauf-conduit, sachant que beaucoup d’entre eux avaient perdu le leur; d’autres étaient tellement usés qu’ils étaient inintelligibles – c’est la plus honteuse de toutes leurs actions… »

Photographie en couleurs de l’arrière d’une maison identifiée comme étant le quartier des esclaves de la maison Odell.

Quartier des esclaves de la maison du révérend Jonathan Odell, anciennement sur la rue Church, à Fredericton, vers 1955.

 

Le quartier de esclaves, qui a été démoli depuis, était annexé à la maison Odell. C’est là que William Francis (1816-1894), père de Joseph Francis, est arrivé à Fredericton comme esclave et serviteur de la famille Odell, tandis que sa femme Hannah est arrivée à Fredericton comme esclave et servante du révérend Frederick Dibblee de Meductic et de Woodstock.

Coupure de journal annonçant le décès de William Francis

Avis de décès de William Francis, à Fredericton, le 16 février 1894.