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Les Noirs de Maugerville

« … vos pétitionnaires sont venus ici dans la lignée des réfugiés revendiquant le statut de réfugiés, car on leur avait promis des terres et tout ce qu’on avait promis aux autres, mais ils n’ont rien reçu. Ils prient respectueusement votre Excellence de leur permettre de lui faire valoir qu’ils seront réduits à la plus grande détresse si rien n’est pas fait pour eux, étant donné que bon nombre d’entre eux ont une épouse et une grande famille… »
– Robert Lawson et onze autres, Maugerville, 1785

Pétition manuscrite pour demander des terres énumérant les noms de douze Noirs de Maugerville, datée de 1785.

Pétition foncière des Noirs de Maugerville (recto), 1785.

Pour ceux qui étaient « libres », leur soi-disant liberté s’accompagnait de grandes cruautés; le traitement réservé aux « Noirs de Maugerville » en est un bon exemple. En 1785, Robert Lawson et onze autres personnes habitant Maugerville ont rédigé une pétition adressée au gouverneur du Nouveau-Brunswick, Thomas Carleton. Leur pétition exprime leur désespoir et leur frustration de ne pas avoir obtenu les terres promises pour commencer leur nouvelle vie au Nouveau-Brunswick.

 

Ces hommes étaient tous des Loyalistes noirs, des hommes libres et des réfugiés, qui ont tous échappé à la guerre de l’Indépendance américaine et ont immigré au Nouveau-Brunswick avec la promesse de recommencer leur vie à neuf. Six d’entre eux figurent dans le « Livre des nègres » en tant qu’anciens esclaves; trois d’entre eux ont voyagé ensemble sur le même navire, The Bridgewater, à destination de la rivière Saint-Jean en 1783.

Document manuscrit daté de 1785 et créé par les Noirs de Maugerville.

Pétition foncière des Noirs de Maugerville (verso), 1785.

Le récit populaire néo-brunswickois d’une expédition de Loyalistes – et de « l’espoir retrouvé » – suggère l’histoire de gens qui ont échappé à la persécution en quête d’une nouvelle terre promise. Ce ne fut pas le cas pour Robert Lawson et les « Noirs de Maugerville ». Bien que le gouvernement britannique ait promis aux Loyalistes blancs 100 acres et jusqu’à 1 000 acres pour commencer leur nouvelle vie, les Loyalistes noirs, les hommes libres et les réfugiés n’ont reçu que 50 acres, et la préférence étant accordée à ceux qui avaient servi dans l’armée. De plus, les colons noirs qui désiraient recevoir plus de 50 acres, devaient préalablement prouver qu’ils étaient en mesure de cultiver leur superficie avant d’en obtenir davantage. Ces restrictions ne s’appliquaient pas aux Loyalistes blancs.

Portrait représentant un homme blanc portant un uniforme britannique rouge.

Portrait de Thomas Carleton, premier lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, par un artiste inconnu. Huile sur toile, date inconnue.

Les « Noirs de Maugerville », Richard Lawson, Cuffe Bird, Obijah Hammond, York Lawrence, Bob Stafford, Daniel Cary, Simond Wood, Joseph Van Riper, Benjamin Sith, Samuel Pammel, Frances Lion et William Hutchinson, ne reçurent jamais les terres qu’ils demandaient.

Leur pétition a été rédigée en février et faisait état de leur inquiétude à l’égard du printemps à venir. Il est clair que l’hiver a été difficile pour les familles et que les provisions s’épuisaient, faisant de la famine une réelle possibilité. Néanmoins, la décision finale du gouverneur Carleton est inscrite au verso de leur requête : « Ils peuvent chercher des terres vacantes. »