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Le contrôle de sa destinée à Saint Peter

« C’était un menuisier tout à fait accompli, et il a aidé à bâtir cette église en 1837… Je me sens étroitement liée à cette communauté et à cette région… »
– Mary Louise McCarthy, Fredericton, 2020

Entrevue avec Mary Louise McCarthy-Brandt (sous-titres disponibles en français et en anglais) – Voir cette vidéo avec une transcription en français.

En 1834, George Leek et ses fils étaient fermiers de plein droit, propriétaires de leur propre terre et exempts de toute servitude envers la famille Allen. Ils étaient aussi maîtres-menuisiers investis dans la construction de l’église anglicane Saint Peter. En ce sens, la communauté noire locale de Springhill ne se contentait pas de travailler, car elle s’émancipait vraiment en construisant sa propre église. Ceci est confirmé dans une lettre du révérend Stirling adressée à l’évêque Inglis en janvier 1843 :

« Votre Seigneurie sera heureuse d’apprendre que l’église Saint Peter de Kingsclear, qui a été consacrée lors de votre dernière visite au Nouveau-Brunswick… a été régulièrement ouverte un dimanche sur deux depuis sa consécration, et que les résultats les plus encourageants ont accompagné ces ministères partiels. La congrégation a augmenté de façon constante et un attachement croissant à l’Église se manifeste chaque jour, plus particulièrement parmi les classes les plus humbles de la population. L’assistance moyenne est d’environ cent personnes. Au cours de l’année dernière, neuf adultes (dont huit personnes de couleur), après avoir subi une longue épreuve et professé un examen strict et satisfaisant, ont été publiquement admis dans l’Église par le baptême, et je suis heureux de pouvoir ajouter que huit d’entre eux vivent conformément à la profession qu’ils ont alors faite, tandis que le neuvième, après une grave maladie supportée avec une patience chrétienne et encouragé par l’espoir que nourrissent les chrétiens à l’égard d’une immortalité bénie grâce aux mérites de son Rédempteur, est passé, j’en suis sûr, de l’Église militante sur la terre à l’Église triomphante dans le ciel. »

Ces baptêmes n’étaient pas des cas isolés, mais s’inscrivaient plutôt dans un mouvement d’émancipation beaucoup plus large. Les registres paroissiaux montrent que huit membres de la communauté noire locale ont été baptisés à Saint Peter en 1843 seulement (sur un total de treize). En 1846, sur quinze baptêmes enregistrés, six étaient des membres adultes de cette communauté, dont Catherine Dyer, âgée de 101 ans, qui, comme l’a indiqué le révérend E.J.W. Roberts, était « autrefois esclave et maintenant libre ».

La mention, dans la lettre du révérend Stirling, d’une dame récemment baptisée qui a supporté sa maladie mortelle avec tant de patience et d’espoir est particulièrement significative, puisqu’elle fut enterrée dans le cimetière adjacent à l’église Saint Peter. C’était une situation inhabituelle et unique, peut-être dans tout le Nouveau-Brunswick colonial, puisqu’ qu’à Saint Peter les tombes n’étaient pas séparées.

 

Photographie en couleurs d’un cimetière avec de l’herbe verte et plusieurs vieilles pierres tombales avec des arbres en arrière-plan.

De nombreux membres de la communauté noire de Fredericton sont enterrés dans le cimetière de l’église anglicane Saint Peter, 2021.

 

Contrairement aux trois cimetières voisins du XIXe et du début du XXe siècle qui étaient ségrégués (Kingsclear/Kilburne) ou entièrement isolés et réservés aux Noirs (Mactaquac Heights et Wheary), les tombes des Noirs et des Blancs du cimetière de Saint Peter sont complètement mélangées. L’image qui se dégage de ces documents est celle d’une congrégation assez bien intégrée de Noirs et de Blancs pratiquant leur culte ensemble et servant leur Dieu.

Photographie en couleurs d’un vitrail de l’église Saint Peter

George Leek et ses voisins construisant l’église Saint Peter, par Cuppen’s Studios de Saint John. Vitrail, 1978-1979.

 

L’émancipation des Noirs a depuis été commémorée à Saint Peter par un magnifique vitrail, offert en 1979 par les descendants de George et William Leek : Gladys Taylor Lupton (1903-2000) et sa sœur Esther Taylor Burgess (1911-2004).

Entrevue avec Lenisha Dymond (sous-titres disponibles en français et en anglais)   Regardez cette vidéo avec une transcription en français.