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Les éléments étrangers

 

Les immigrants non britanniques au Canada devaient relever les défis de la langue, de la géographie, du climat et de la discrimination. En raison de politiques en matière d’immigration basées sur des caractéristiques raciales et culturelles, ils étaient jugés indésirables et aptes uniquement aux emplois d’ouvriers. Les gens du sud et de l’est de l’Europe ainsi que les Asiatiques comptaient parmi les immigrants les moins recherchés, puisqu’ils étaient considérés comme égoïstes et portés à des agissements criminels.

Article de journal.

Comme les autres étrangers, les Italiens étaient considérés comme des gens simples d’esprit, bons à être raillés, tel que le montre un article intitulé « An Amusing Incident » (Un incident amusant) publié dans le District Ledger (le 8 août 1908). Il décrit des Italiens qui portaient un lit de plume et une chaise berçante et menaient une chèvre en fuyant le Grand Incendie de Fernie.

Des qualificatifs désobligeants paraissaient dans les médias et étaient d’usage fréquent dans le lieu de travail : wop et dago désignaient les Italiens, les Espagnols et les Portugais; bohunk, Slav et hunkie, les Ukrainiens et les Européens de l’Est; Chinks, les Chinois.

La formation d’enclaves ethniques, telles les Petites Italies (en effet, bien des Italiens de Fernie habitaient l’Annexe), était un aspect d’un système de classes qui séparait nettement la main-d’œuvre des élites professionnelles et d’affaires. Or, de tels ghettos nourrissaient aussi un sentiment d’identité communautaire et l’idée que, face à la discrimination systémique, plus on est nombreux, moins il y a de danger.

En avril 1905, le District Ledger de Fernie, dans un article intitulé Not for Canadians (Pas pour les Canadiens), rapporta ce qui suit : Les Canadiens de Fernie seraient plus riches de 35 000 $ à 40 000 $ après chaque jour de paie.  Le bureau de poste expédie chaque mois, en mandats-poste, plus de 18 000 $, et un montant plus élevé encore est transmis par le biais de la banque à des destinations étrangères ….. La majeure partie de l’argent envoyé de Fernie est destinée à l’Italie. Ainsi, on tira prétexte de l’assiduité même des immigrants italiens et de leur engagement envers leurs familles dans le pays d’origine pour laisser entendre qu’ils n’étaient pas de bons Canadiens.

La réunification des familles, qui monta en flèche pendant la période de 1901 à 1911, ferait en sorte que plus d’argent serait dépensé à Fernie.

Grand groupe d'hommes debout dans une cour de camp.

Des Autrichiens, des Allemands, des Tchèques, des Slovaques et des Polonais (dont la plupart étaient en réalité des Ukrainiens) internés à Fernie, juin 1915. Ils furent internés à Morrissey de 1915 à 1918. Au moins un Italien, Giovanbattista Partenio, fut menacé par la police d’être interné et son passeport fut détruit, après qu’il eut été observé en train de flirter avec des femmes du coin.

 

Clip audio avec transcription : « Histoire orale de Patsy Caravetta | Les Italiens et les préjugés (00:44) »