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Année 2018 – La datation du site

On entend souvent les archéologues dire qu’un site date de telle ou telle année. Mais comment sont-ils capables de dater les sites archéologiques? Il existe différentes méthodes, dont certaines plus connues que d’autres.

Celle dont on entend le plus parler est la datation au carbone 14, ou la méthode radiocarbone. Elle est très efficace, mais non sans défauts. Elle a été utilisée pour dater les découvertes des fouilles de 2018, mais elle nous a donné une date de 75 ans avant aujourd’hui (donc 1875), ce qui serait très surprenant! Il est plus probable qu’un arbre proche du site ait mélangé son carbone avec celui du site pour nous donner une date faussée.

Les Terminus

C’est le concept de terminus qui a permis la datation du site de Pointe-aux-Outardes; en particulier le silex qui a servi de terminus ante quem, et la céramique autochtone qui a servi de terminus post quem. Je vous rassure, derrière ces appellations latines se cache une idée très simple et logique!

Un terminus ante quem correspond à la date la plus récente possible. Par exemple, prenons une photo de Paris avec la cathédrale Notre-Dame intacte, celle-ci aurait comme terminus ante quem le 15 avril 2019, date de son incendie. C’est-à-dire que cette photo ne peut pas être plus récente que le 15 avril 2019 car elle ne peut pas avoir été prise après cette date. Dans le contexte de notre site, c’est la céramique autochtone qui sert de terminus ante quem, puisque ce type céramique a cessé d’être produit au début des années 1600, le site ne peut donc pas être plus récent que le début des années 1600.

Tesson de céramique

Tesson de céramique autochtone, 2017

 

A contrario, un terminus post quem indique la date la plus ancienne possible. Par exemple, une photo de Québec avec le Château Frontenac aurait comme terminus post quem 1893, date de l’inauguration de l’hôtel. Ainsi, cette photo ne peut pas être plus ancienne que 1893, car elle ne peut pas avoir été prise avant. Pour notre site, c’est le silex qui fait office de terminus post quem, puisque le silex est une pierre européenne qu’on ne trouvait pas sur le territoire actuelle du Québec. Les autochtones n’ont pu s’en procurer qu’à la suite de l’arrivé des Européens au début des années 1500. Donc le site ne peut être plus ancien que le début des années 1500.

Grattoir en pierre

Grattoir en silex, 2017

 

En considérant ces deux artefacts trouvés sur le site, on peut déduire que le site a été occupé entre le début des années 1500 et le début des années des années 1600. C’est ainsi que l’on peut dater un site uniquement à l’aide de quelques artefacts clefs.

Archeo-Mamu Côte-Nord 2020