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Les archives – Le père Henri Nouvel

Pour mieux saisir la signification des découvertes, on se doit de consulter les archives historiques de la région. La rivière-aux-Outardes est connue depuis des temps immémoriaux par les Autochtones, et au moins depuis la fin des années 1700 par les Européens, car elle apparaît sur leurs cartes de navigation.

Le Jésuite, Henri Nouvel, est l’un des premiers Européens à donner une description du territoire de la Côte-Nord et de ses habitants. Au début de l’été 1664, Henri Nouvel entreprendra une expédition vers l’intérieur des terres jusqu’au lac Manicouagan, accompagnant un groupe d’Innus dans leur voyage. Dans les Relations des Jésuites, il raconte sa mission en offrant des détails intéressants sur les modes de vie et coutumes des anciens Innus.

Une carte de la Côte-Nord détaillant le trajet du père Henry Nouvel.

Itinéraire du Père Henri Nouvel de l’île aux Basques jusqu’au lac Manicouagan.

 

Ayant passé l’hiver sur l’île aux Basques accompagné d’Innus, il se rendit d’abord à l’embouchure de la rivière des Escoumins pour y rejoindre un groupe de Papinachois, un groupe d’Innus vivant près de la rivière du même nom et qui y pêchait le saumon. Durant le mois de mai 1664, ils se déplacèrent de rivière en rivière en suivant la côte vers l’Est, y séjournant chaque fois quelques jours. Vers la fin du mois de mai, le groupe atteint l’embouchure de la rivière aux Outardes (Peritibistokou) et partirent le 2 juin pour remonter vers le lac Manicouagan. Au moment de leur départ, Henri Nouvel observa une chasse aux phoques que les membres du groupe effectuèrent à la première chute de la rivière, en utilisant des lances, flèches et fusils. Le lendemain, ils quittèrent la rivière-aux-Outardes et se rendirent par portage jusqu’à la rivière Manicouagan (Manikouaganistikou). Le Jésuite et ses guides Papinachois parcoureront plus de 250 km, suivant la rivière et effectuant près d’une douzaine de portages. Le 9 juin 1664, le groupe atteint enfin le lac Manicouagan. Le 23 juin, il repartira vers la côte, prenant quatre jours pour descendre la rivière puis deux jours pour voguer sur le fleuve jusqu’à Québec.

Ce genre de témoignage est précieux, puisqu’il permet aux archéologues de mieux contextualiser les découvertes. Bien que ce témoignage ne parle pas directement de la Pointe-aux-Outardes, il nous renseigne tout de même sur le genre d’activités économiques que les personnes Innus pratiquaient dans la région. Il y est décrit un mode de vie mobile exploitant les ressources aquatiques de manière saisonnière. Ce mode de vie peut facilement être mis en lien avec les découvertes de 2018, interprétées comme un campement saisonnier ayant connu une grande consommation de nourriture marine.

Archeo-Mamu Côte-Nord 2020