Passer au contenu principal

Curé Philippe-René Robinau de Portneuf (1707-1759)

Les Anglais étaient arrivés au printemps. Dès lors, ils s’étaient employés à remonter le fleuve Saint-Laurent et à s’en rendre maîtres dans le but de s’emparer de Québec. Depuis la cuisante défaite subie aux mains des Français au pied de la chute Montmorency trois semaines plus tôt, le 31 juillet 1759, leur présence se faisait plus menaçante sur la Côte-de-Beaupré. Depuis, les soldats anglais parcouraient les campagnes de la région, brûlant presque toutes les fermes sur leur passage.

Gravure montrant la bataille de Montmorency vue à partir de l’est. On aperçoit, à la gauche, sur le fleuve, des navires tirant des coups de canon. À droite se trouvent la chute Montmorency ainsi que la falaise boisée. En contrebas, on peut voir des soldats en formations rectangulaires.

La bataille de Montmorency du 31 juillet 1759

 

Malgré les directives des autorités religieuses qui interdisaient au clergé de prendre les armes sous peine d’excommunication, Philippe-René Robinau de Portneuf, curé de Saint-Joachim depuis près de 25 ans, se prépare avec quelques-uns de ses paroissiens à offrir une résistance armée à l’envahisseur. Plus de 150 soldats anglais étaient débarqués à Saint-Joachim sept jours auparavant. Rapidement, ils s’étaient emparés du presbytère, où ils demeuraient depuis.

En ce matin du 23 août, cependant, les Anglais ont décidé de passer à l’action. Le curé sait très bien ce qui se prépare : feu et destruction. Il a entendu parler des raids des troupes ennemies et sa décision est prise. Il n’abandonnera pas ses paroissiens. Terrés dans les bois, non loin de l’église, le curé et ses ouailles attendent, armes à la main, prêts à tout pour défendre leurs terres et leur patrie. Et voilà que les soldats approchent. Le moment de l’affrontement est venu.

Photographie couleur de ruines en pierre d’une église sur un terrain gazonné. Les pierres sont recouvertes de chaux blanche. Les ruines laissent deviner l’entrée, la nef et le chœur à l’extrémité ainsi que deux petites chapelles sur les côtés. Des arbres entourent le site, qui est protégé par une clôture noire faite de poteaux reliés par des chaînes.

Ruines de l’église de Saint-Joachim incendiée en 1759

Le curé Robinau de Portneuf et sept de ses paroissiens perdent la vie lors de ce combat contre les Anglais. Trois jours plus tard, le curé de Sainte-Anne-de-Beaupré rédigera leur acte de sépulture. Les défunts sont enterrés dans la paroisse voisine puisqu’en raison de la participation du curé, les Anglais ont incendié l’église de Saint-Joachim. Bien qu’il s’agisse du seul lieu de culte de la région qui est détruit pendant la guerre, la Côte-de-Beaupré, ravagée, portera les marques du conflit pendant des décennies. Considérée comme héroïque par plusieurs, la mort du curé de Saint-Joachim a marqué durablement les esprits.

Photographie couleur d’une plaque en bronze où on peut lire : « Non loin d'ici, le curé Portneuf et sept de ses paroissiens furent tués dans une sortie héroïque contre le détachement de troupes commandé par le capitaine Montgomery, le 24 août 1759. Ces braves furent inhumés à Sainte-Anne-de-Beaupré. » La traduction anglaise suit. Au bas de la plaque, il est inscrit : Commission des monuments et sites historiques ou artistiques.

Plaque commémorative honorant le curé Robinau de Portneuf et ses paroissiens

 

Aujourd’hui, Château-Richer se souvient… de ces tristes événements et une plaque commémorative orne l’église de Saint-Joachim dont la reconstruction a été terminée en 1779.