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Marie-Rose Jalbert (1938 – )

Photographie couleur de Marie-Rose Jalbert assise à sa machine à coudre, devant une fenêtre. Elle porte un ruban à mesurer autour du cou. On voit des accessoires de couture, un miroir et une lampe autour de son plan de travail.

Marie-Rose et sa machine à coudre

Cette journée-là, la jeune Marie-Rose s’était rendue à pied à l’école au couvent de Château-Richer en empruntant l’avenue Royale, comme à l’habitude. Sur le chemin du retour, elle remarque qu’une ambulance se trouve devant la maison de ses parents. Sa mère, Rose-Anna, est malade. La vie de Marie-Rose vient de basculer. Elle ne se doute cependant pas que cet événement la mènera à posséder son propre salon de couture.

 

 

Aînée de huit enfants, Marie-Rose quitte l’école et s’occupe de ses frères et sœurs, pour qui elle prépare notamment les repas. Une fois sa mère rétablie, elle ne retourne pas étudier au couvent : elle doit se trouver un emploi. Heureusement, Marie-Rose se débrouille un peu en couture. Sa mère et elle confectionnaient des pantalons courts pour les enfants de la famille, à partir de vieilles chemises. La Compagnie Paquet, sur la rue Saint-Joseph, à Québec, l’embauche comme corsetière malgré son manque d’expérience. Elle y apprend comment faire les réparations et ajuster les corsets.

Lorsque sa gérante lui suggère de suivre des cours du soir, Marie-Rose n’hésite pas une seconde. À l’école de couture de sa tante Madeleine et chez Singer, on lui enseigne les différents points. Elle en apprend aussi davantage sur l’ajustement et la réparation des sous-vêtements féminins à la Dominion Corset. De fil en aiguille, Marie-Rose devient une corsetière ainsi qu’une couturière accomplie.

Photographie d’archives en noir et blanc d’une maison en briques divisée en deux étages. L’étage inférieur en crépi blanc est moins haut que l’étage supérieur. Un escalier menant à une galerie permet d’accéder à la porte principale du deuxième étage. De petites colonnes soutiennent un avant-toit qui couvre la galerie. Une plus petite porte adjacente à une fenêtre donne accès à l’étage inférieur.

Le premier Salon Marie-Rose

De retour à Château-Richer, elle annonce courageusement à son père qu’elle désire ouvrir son propre commerce.

Je suis arrivée chez mes parents et j’ai dit à mon père : Moi, j’aimerais ça m’ouvrir un commerce à Château-Richer. Eh bonté ! Ce n’était pas fait ça !

Quelle audace pour une jeune femme à cette époque où les hommes dominent le monde des affaires ! Aucune institution financière ne veut financer le projet. Refusant de se décourager, elle loue un local au cœur du village et ouvre son commerce en 1962. Le Salon Marie-Rose offre des services de corsetterie et vend de la lingerie. Six ans plus tard, la corsetière déménage son entreprise au 8415, avenue Royale.

Photographie couleur d’une maison rose pâle à un étage. La vue de trois-quarts montre deux portes d’entrée, une sur le côté et une à l’avant. Sur le côté de la maison, on voit des chaises blanches sur la petite galerie et des fleurs rouges en pot en/au bas des escaliers. À l’avant, des ballons rouges, jaunes, verts et bleus sont accrochés à la balustrade de la galerie. À côté de l’escalier situé à l’avant, une affiche orangée indique « Soutien-gorge - 20% ». Une enseigne où on lit « Salon Marie-Rose » est accrochée perpendiculairement à la façade, de façon à être visible de la rue.

Le Salon Marie-Rose au 8415, avenue Royale

Document publicitaire où on voit le logo du Salon Marie-Rose. Le texte, écrit en rose, se lit comme suit : « FÊTE DES PRIX. Pour mettre en valeur votre personnalité venez renouveler votre garde-robe au SALON MARIE ROSE satisfaction et service. 8415 ave Royale, Château-Richer Tél : 824-4684. 10% sur BRASSIÈRE Réduction sur BERMUDA Spécial sur JUPON Vente de GILET Escompte sur ROBE DE NUIT. En vigueur du 1er au 30 juin 1993. »

Publicité pour le Salon Marie-Rose

 

Pendant plus de quarante ans, Marie-Rose propose aussi des services d’ajustement, de retouches et de confection sur mesure. Plus qu’une couturière, c’est une confidente attentive et discrète pour ses clientes, qui passent des heures sur la « chaise de la confession », près de la machine à coudre.

Photographie couleur montrant des étalages dans un magasin. On y voit des emballages de soutien-gorge et d’autres sous-vêtements sur des présentoirs de plancher et dans des étagères murales. Deux fenêtres laissent entrer la lumière de l’extérieur.

L’intérieur du Salon Marie-Rose

 

Marie-Rose désire aussi s’impliquer dans sa communauté. Avec sa cousine Francine, elle remet sur pied le Cercle de fermières de Château-Richer. Elle fait même de la télévision ! Quelque temps après avoir fait remarquer au directeur de la télévision communautaire qu’il n’y avait « pas de place » pour la femme dans sa programmation, la voilà qui anime les émissions La place de la femme d’affaires et Marie-Rose reçoit, où elle interviewe des entrepreneures de la région.

Fière de son parcours, Marie-Rose poursuit ses activités bénévoles et contribue à la vitalité du village. Aujourd’hui, elle affirme que son plus beau cadeau est de rencontrer d’anciennes clientes qui se souviennent de ses bons services.

Château-Richer se souviendra longtemps de la détermination de cette femme moderne qui a ouvert la voie aux entrepreneures de la région.