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Le travail des standardistes

Kathleen Coxford ne s’attendait pas à travailler avec Millie Willis au bureau du standard téléphonique de Bell ce soir-là. Mais elle se dit que c’est certainement mieux que de se trouver dans le train, où elle aurait très bien pu être assise, à sa place habituelle, dans l’une des trois dernières voitures. Elle venait de quitter son emploi au gouvernement et était sur le point de commencer à travailler à la filature de laine Rosamond. La seule façon de quitter un emploi au gouvernement était de trouver un poste lié à l’effort de guerre, et la filature de laine Rosamond fabriquait des étoffes utilisées dans la confection d’uniformes pour les soldats. C’est ainsi qu’en ce dimanche soir, au lieu de se trouver dans le train à destination d’Ottawa comme d’habitude, Kathleen est au bureau du standard téléphonique avec son amie Millie, téléphonant frénétiquement aux membres de la famille et aux amis des passagers.

Portrait de mariage de Kathleen Coxford et de son mari Cyril McCallum Thomson, 1943

Kathleen Coxford et son mari Cyril McCallum Thomson, 26 novembre 1943

 

Kathleen ne reste pas au bureau du standard téléphonique toute la nuit. Elle se rend aider les blessés, mais elle constate rapidement qu’elle n’a pas les nerfs assez solides. Aussi, lorsqu’elle traverse la ville à la hâte, elle ne peut s’empêcher de remarquer les longues files d’attente aux cabines téléphoniques publiques. Les lignes ne dérougissent pas malgré le temps qui s’écoule. En fait, le nombre d’appels acheminés vers Renfrew est si important qu’un article paru dans The Renfrew Mercury la semaine suivante (31 décembre 1942) fera l’éloge de l’extraordinaire travail des standardistes…

… le nombre d’appels acheminés a été multiplié par cent…

Contrairement à sa sœur Kathleen, Ruth a les nerfs beaucoup plus solides. Kathleen laisse Ruth dans le feu de l’action au cinéma O’Brien, où elle s’occupera des blessés toute la nuit. L’accident de train a une incidence inattendue sur Ruth. Lorsque les deux sœurs rentrent finalement chez elles après la longue nuit, Ruth se penche vers Kathleen et lui dit avec confiance : « Je sais ce que je vais faire dans la vie. Je vais devenir infirmière. »

C’est ce qu’elle est devenue, et elle ne l’a jamais regretté.