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Le point de bascule

Pearl Harbour et la Seconde Guerre Mondiale

Coupure de journal intitulée Les Japs sont une menace en Colombie-Britannique

McGregor McIntosh – Japonais de la Colombie-Britannique une ‘menace’, c.1942.

Le 7 décembre 1941, le Japon bombarde Pearl Harbor à Honolulu, Hawaii. Le même jour, le Canada déclare la guerre au Japon. Le bombardement constitue un point de bascule, qui permet au gouvernement d’adopter des lois discriminatoires. Selon les normes actuelles, ces lois peuvent être qualifiées de nettoyage ethnique.

Les fausses rumeurs selon lesquelles les Canadiens japonais sont des espions ennemis constituent un motif de représailles. La classe politique de Colombie-Britannique fait pression sur Ottawa pour que les Canadiens japonais quittent la côte de la province. Pourtant, pour la Gendarmerie royale du Canada et les responsables militaires, les Canadiens japonais ne représentent pas une menace pour la sécurité. Le gouvernement fédéral finit par céder aux pressions des hommes politiques de Colombie-Britannique.

Aucun Canadien japonais n’a jamais été accusé ou condamné pour espionnage ou sabotage pendant la Seconde Guerre mondiale.

L’action du gouvernement est rapide. La plupart des Canadiens japonais n’ont que 24 heures pour vendre leurs entreprises et leurs biens. Ne pouvant emporter qu’une seule valise, ils doivent abandonner la plupart de leurs biens personnels.

 L’internement des Canadiens japonais (sous-titres disponibles en anglais seulement). Voir la vidéo avec la transcription en français.

Le gouvernement confisque les bateaux de pêche appartenant à des pêcheurs canadiens japonais. Certains pêcheurs étaient encore sur leurs bateaux lorsque la marine les a remorqués dans le delta du fleuve Fraser. Certains d’entre eux se trouvaient loin de chez eux, où leurs familles inquiètes les attendaient.

Diaspora: groupe de personnes disperséeshors de leur terre d’origine, généralement par la force.

Des milliers de bateaux de pêche confisqués regroupés dans un port

Confiscation de bateaux de pêche japonais canadiens à Stevenson, en Colombie-Britannique.

Les hommes âgés de 18 à 45 ans doivent quitter une zone d’un rayon de 100 milles autour de la côte, baptisée la « zone de sécurité côtière ». Finalement, les familles en furent également chassées.

Les Canadiens japonais sont envoyés à Hastings Park à Vancouver. Hébergés dans des étables et d’autres bâtiments, une stalle à cheval est attribuée à chaque famille, qui dispose de peu d’intimité et de mauvaises conditions sanitaires. La nourriture était de mauvaise qualité et culturellement différente, ce qui provoque des maladies et de la malnutrition. Les personnes qui tombent malades, y compris les enfants, sont mises en quarantaine dans un sous-sol humide.

Ils m’ont emmené dans une stalle, une stalle pour animaux, il y avait une jeune maman. Elle ne comprenait pas l’anglais… Elle n’arrêtait pas de pleurer; elle était comme à côté d’elle-même, en panique. Ils lui avaient enlevé ses enfants… On aurait dit qu’elle était seule au monde.

-Shoichi Matsushita

Enclos à bétail utilisés pour loger les Japonaise Canadiens

Stalles pour femmes et enfants à Tashme

De Hastings Park, la plupart des personnes partent pour des camps d’internement situés à l’intérieur de la Colombie-Britannique : Bay Farm, East Lillooet, Greenwood, Kaslo, Lemon Creek, New Denver, Popoff, Rosebery, Sandon, Slocan City et le camp le plus important, Tashme.

Les familles qui ne souhaitent pas être séparées doivent travailler dans les provinces des Prairies. Nombre d’entre elles travaillent dans des fermes de betteraves à sucre en Alberta. D’autres sont forcées à partir plus loin et se retrouvent en Ontario.