Passer au contenu principal

Le Link Trainer : initiation au vol à l’aveugle

Homme sortant d’un modèle d’avion pendant qu’un autre homme le regarde

Le lieutenant d’aviation J P Smith se retire du Link Trainer pour une photo qui paraîtra dans le Windy Wings, le bulletin de la base.

Au moment d’arriver à la base aérienne de Claresholm, les recrues possédaient une formation de base au pilotage ainsi que quelques heures de vol. Toutefois, voler de nuit ou par mauvaise visibilité nécessitait des compétences plus poussées, que la plupart des élèves n’avaient pas encore acquises.

Malgré les rapides progrès technologiques qui avaient été accomplis dans le domaine de l’aviation, il demeurait très difficile de voler dans ces conditions en territoire ami, et encore davantage en territoire hostile, sous le feu de l’ennemi.

Il fallait donc permettre aux pilotes d’apprendre sans danger à naviguer dans un ciel sombre, de même que par mauvais temps. Aussi adopta-t-on le Link Trainer, un simulateur de vol destiné à enseigner aux élèves, en toute sécurité sur le sol de la base, les techniques du pilotage « à l’aveugle », c’est-à-dire aux instruments.

Modèle réduit d’avion fixé sur le piédestal du Link Trainer

Le Link Trainer d’ITS NEWS, École préparatoire d’aviation no 2, Regina (Saskatchewan), juillet 1942.

 


L’avènement du simulateur de vol

Edwin Albert Link inventa le Link Trainer à Binghampton, dans l’État de New York, à la fin des années 1920. Lui-même souhaitait apprendre à voler, ce qui l’a incité à mettre au point son propre simulateur.

À l’époque, les leçons de vol étaient coûteuses et potentiellement dangereuses. M. Link avait par conséquent décidé d’élaborer un moyen de familiariser les élèves aux rudiments du pilotage, et ce depuis le sol, bien avant leur première sortie aérienne.

Se servant de matériaux et des connaissances qu’il avait acquises à l’emploi de son père, propriétaire d’une fabrique d’orgues et de pianos, Edwin Link conçut le premier simulateur de vol en 1928.

Il créa la première unité, rudimentaire, à partir d’une série de pièces d’orgue mues par air comprimé et d’un moteur servant à faire monter ou descendre « l’avion », ainsi qu’à le faire s’incliner à gauche et à droite. À son bord, on avait l’impression d’être aux commandes d’un véritable aéronef!

M. Link fit breveter son invention en 1931. On n’adopta officiellement cette dernière dans le cadre d’un programme d’entraînement aérien militaire qu’en 1934, lorsque la United States Army Air Corps se procura six exemplaires du simulateur. L’année suivante, la marine impériale japonaise acheta elle aussi plusieurs unités pour entraîner ses pilotes.

Le début de la guerre, en 1939, propulsa le Link Trainer au rang de simulateur de référence pour l’entraînement des pilotes des forces aériennes. À la fin du conflit, plus de 35 pays avaient utilisé le fameux appareil, qui avait alors servi à former plus de 500 000 pilotes dans le monde.

Ce chiffre inclut l’ensemble des pilotes qui participaient au Programme d’entraînement du Commonwealth britannique au Canada, en Australie et au Royaume-Uni.

Homme équipé d’un casque d’écoute à un bureau

Instructeur de Link Trainer d’ITS NEWS, École préparatoire d’aviation no 2, Regina (Saskatchewan), juillet 1942.

 


L’initiation au vol dans le Link Trainer

On se servait du Link Trainer pour enseigner aux recrues les techniques du pilotage aux instruments, aussi appelé « pilotage à l’aveugle », en sécurité dans un hangar. L’appareil, dont on disait qu’il forgeait les pilotes, permettait aux pilotes de simuler les décollages, le vol, la navigation, les approches et les atterrissages, dans l’obscurité ou par mauvaise visibilité, en se servant uniquement des instruments de bord.

Le modèle réduit d’avion, fait de bois et de toile, était boulonné à un piédestal fixé au sol afin d’en assurer la stabilité. Son cockpit contenait l’ensemble des instruments, des leviers, des commandes et des pédales que l’on trouvait dans un avion d’entraînement réel.

Modèle réduit d’avion bleu et blanc du Link Trainer

Le Link Trainer du Claresholm and District Museum, auparavant la propriété de l’EPM no 15, subit des travaux de restauration.

Le pilote dépendait intégralement du tableau de bord, « volant » ainsi à l’aveugle.

L’instructeur de vol, assis à côté du simulateur, donnait des directives à l’élève au moyen d’une radio. Il pouvait également simuler des turbulences et d’autres conditions de vol depuis son poste de contrôle, exigeant notamment du pilote qu’il effectue des piqués et des manœuvres d’esquive.

Le Link Trainer, que la recrue commandait au moyen d’un manche, de leviers et de pédales de palonnier, était capable de bouger de haut en bas et de droite à gauche, et pouvait tourner à 360 degrés.

Un « crabe » mécanique enregistrait chaque séance d’entraînement, ce qui renforçait l’instruction en permettant à l’aspirant pilote d’examiner sa performance et de s’améliorer d’une séance à l’autre.

Deux pilotes des forces aériennes et un instructeur dans le poste de pilotage d’un avion, années 1940

Dans le cadre de leur entraînement, les pilotes devaient effectuer jusqu’à 100 heures de pilotage actif pour obtenir leur diplôme et le fameux insigne à deux ailes.

Une fois que l’instructeur estimait la recrue apte au pilotage, il l’autorisait à prendre les airs dans toutes sortes de conditions de vol, y compris de nuit, par mauvaise visibilité et par vents forts, ces derniers étant caractéristiques de la région.