Passer au contenu principal

Le Pacte de l’automobile

Une locomotive de fret remonte une rue bondée, avec des centaines de spectateurs qui se tiennent de part et d’autre.

Le dernier train de fret CN quitte King street, dans le centre-ville d’Oshawa, en 1963. Bien qu’une ligne secondaire vers le centre-ville « désindustrialisé » ait été maintenue jusqu’en 2004, l’essentiel de la production de GM fut transféré à l’usine sud.

Le marché automobile canadien rebondit au début des années 1960, les bébés-boumeurs étant maintenant en âge d’acheter leurs premières voitures. Il reste cependant un problème majeur : les Canadiens achètent moins de voitures et payent plus cher pour celles qu’ils achètent.

Image publicitaire d’une voiture de sport. La légende indique : LE COUPÉ CORVAIR MONZA CLUB, LA VOITURE LA PLUS CARACTÉRISTIQUE DE SON GENRE!

La très impopulaire Corvair, produite à Oshawa.

GM tente d’entrer sur le marché canadien des véhicules « bon marché » avec sa 1959 Corvair, construite à Oshawa, la première voiture compacte au Canada. En raison de son moteur situé à l’arrière, un style qui n’est pas conventionnel, de son prix inadapté et d’une mauvaise réputation acquise à la suite de problèmes de sécurité, c’est un échec.

Dépliant présentant onze modèles de voitures différents.

Un dépliant de 1966 montrant des véhicules fabriqués à Oshawa.

Si les compagnies automobiles américaines soutiennent leurs filiales canadiennes, les bénéfices générés par celles-ci retournent généralement aux États-Unis. GM ne fait pas exception à cette règle. En 1963, le déficit commercial du Canada atteint 580 millions de dollars, car l’importation de pièces automobiles est nettement plus élevée que la fabrication et l’exportation. Le gouvernement canadien reste circonspect quant à l’ouverture du libre-échange avec les États-Unis, craignant que le Canada ne fasse pas le poids face au mastodonte industriel américain.

L’Accord canado-américain sur les produits de l’industrie automobile de 1965, connu sous le nom de « Pacte de l’automobile », relève quasiment du libre-échange, mais pas tout à fait. Les voitures conçues aux États-Unis doivent inclure un certain pourcentage de pièces fabriquées au Canada pour pouvoir être commercialisées sans droits de douane et les constructeurs doivent aussi développer leurs filiales canadiennes, sans quoi ils risquent de perdre les avantages du pacte. Le pacte ne s’applique qu’aux constructeurs automobiles déjà actifs au Canada et exige également d’eux un investissement de 260 millions de dollars.

Si le pacte est très controversé et impopulaire aux États-Unis, il stimule fortement l’industrie automobile canadienne. L’investissement dans les filiales canadiennes devient plus facile et plus rentable, et la production et les salaires des ouvriers s’envolent.

En 1969, l’usine d’Oshawa produit près de 500 000 véhicules, soit 100 000 de plus que la production des constructeurs automobiles du Canada en 1959. Le Canada a retrouvé sa place d’exportateur. Tout va bien, mais GM commence à devenir trop complexe, en raison notamment du nombre considérable de pièces et de matériaux que l’entreprise produit. La chaîne de production Chevrolet nécessite à elle seule 15 000 composants différents. Le manuel des pièces fait 45 cm d’épaisseur!