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La rivière, la chasse et le commerce de la fourrure

Belle de la Mauricie… accrochés à la jupe de ton lit, des paysages sauvages.
Ta nature aux humeurs tranquilles : miroir noir étincelant ; aux humeurs fougueuses : tes eaux se fracassent en éclats assommés sur le roc érodé.
Tu as prêté ta voie aux Premières Nations et à nos aïeux.
Tu récidives en offrant, aux athlètes et aux plaisanciers, depuis des décennies, le privilège de caresser tes flots avec le ventre de leurs canots.

Susy Desrosiers

Huit hommes posent sur un quai devant un hydravion avec quatre carcasses d'orignaux.

Maurice Richard revient d’une chasse à l’orignal en 1960

Une halte s’impose sur les territoires de chasse qui entourent le Saint-Maurice. Pour y survivre, il faudra rivaliser d’imagination pour attraper les castors, les rats musqués, les orignaux, les lièvres et les ours qui parcourent ces étendues sauvages.

Apogée et déclin du commerce

Fourrure de castor enroulée

Fourrure de castor

Traditionnellement, les Atikamekw pratiquent la trappe et la chasse, des activités qui leur permettent d’échanger avec les autres nations. Au 17e siècle, l’arrivée en Mauricie d’Européens friands de fourrures vient modifier l’économie autochtone.

En 1657, Médard Chouart Des Groseillers, interprète et commerçant de fourrures, s’aventure sur le Saint-Maurice pour réaliser une expédition de traite.

Les trappeurs sont de plus en plus nombreux autour de la rivière quand René Gauthier de Varennes, gouverneur des Trois-Rivières, établit un poste de traite à La Gabelle, située à une vingtaine de kilomètres en amont de l’embouchure de la rivière, vers 1681. Après sa mort, son fils Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye fonde deux postes aux environs de Shawinigan. Ces comptoirs de fourrures disparaissent vers 1760, car on établit des postes permanents en Haute-Mauricie.

Plusieurs hommes, femmes et enfants s'affairent dans un campement rudimentaire installé sur les berges d'une rivière.

Camp de chasse autochtone vers 1929

Ces lieux permettent d’échanger les peaux des animaux chassés par les Atikamekw. Ils attirent aussi dans la région d’autres nations autochtones comme les Abénakis, qui viennent chasser dans le bassin du Saint-Maurice à titre d’engagés des compagnies de fourrures durant la première moitié du 19e siècle.

À partir de 1850, les Atikamekw délaissent progressivement l’économie de subsistance. Ils se consacrent de plus en plus aux activités liées au commerce de la fourrure, plusieurs devenant même trappeurs à temps plein. Ce mode de vie les rend dépendants d’objets manufacturés, du tabac et de la nourriture fournie dans les postes de traite.

Du commerce au sport

À la fin du 19e siècle, la chasse commence à être considérée comme un sport. Le gouvernement provincial vote en 1885 la loi sur la formation des clubs privés de chasse et pêche. Dans les communications gouvernementales, on affirme que cette loi sert à encourager la protection du gibier.

Un homme pose avec une carcasse d'orignal sur un quai devant un lac

Chasse à l’orignal au début du 20siècle

Dans les faits, cette législation va plutôt limiter l’accès aux territoires de la Haute-Mauricie, désormais réservés aux privilégiés qui sont les seuls à pouvoir accéder à de grandes réserves de gibier. La rivière est alors une attraction pour l’élite de l’est de l’Amérique du Nord, composée principalement d’hommes d’affaires et de politiciens.

Un chasseur ayant de l’eau jusqu’au cuisse enfonce des petits arbres sur les berges d’une rivière. Il tente de camoufler une cache faite de toile.

Chasse au canard, 1993

Ce n’est qu’en 1977 que le gouvernement provincial met fin au système des clubs privés en créant des zones d’exploitation contrôlée (ZEC), gérées par des associations d’utilisateurs, de chasseurs et de pêcheurs. Le territoire bordant la rivière attire aujourd’hui de nombreux chasseurs, notamment dans la ZEC de la Croche située à l’est de notre cours d’eau, à la hauteur de la rivière Croche.