Passer au contenu principal

La vie au camp de bûcherons

Avant de repartir de notre campement, passons saluer quelques intrépides qui vont passer l’hiver dans cette forêt sombre qui nous semble bien hostile. L’industrie du bois repose sur les épaules de ces bûcherons qui se sont montrés fort ingénieux pour affronter les aléas de ce milieu inhospitalier.

Un groupe de travailleurs posent devant de petites cabanes en bois rond en pleine forêt.

Campement forestier au Rapide Blanc vers 1940

Un dur labeur

Au camp, dans la deuxième moitié du 19e siècle, la plupart des hommes ont moins de 26 ans. Ils quittent leur lit de camp à 4h du matin et ne le retrouvent que lorsque la noirceur les empêche de continuer le travail. Si la plupart sont Canadiens français, on rencontre quelques Atikamekw surtout à partir des années 1940. Leur implication dans la coupe forestière contribue à l’abandon de leur mode de vie traditionnel. Sans oublier que les compagnies forestières occupent les territoires sans aucune forme d’entente avec les Autochtones.

Des hommes sont assis sur des lits faits de sapinage et de rondins grossièrement taillés.

Dortoir en 1926

Vers 1830, aux balbutiements de cette industrie, les campements de bois rond servaient à la fois aux hommes et aux chevaux qui n’étaient séparés que par une cloison.

Dans la deuxième moitié du 19e siècle, l’expansion de l’exploitation forestière mène au développement de postes temporaires pour loger les bûcherons le long de la rivière. Le confort est cependant très limité et le salaire de misère est loin d’être une compensation équitable.

En 1855, les bûcherons gagnent entre 7 et 10$ par mois, dépendamment du nombre d’arbres abattus. Les hommes travaillent environ 12 heures par jour, et ce, six jours par semaine.

Ces conditions n’empêchent cependant pas les hommes de passer l’hiver en Haute-Mauricie. En 1861, on y dénombre 1126 travailleurs forestiers alors qu’ils sont entre 9000 et 10 000 dans les années 1920, une hausse attribuable à l’arrivée des papetières.

N’oublions pas qu’au milieu du 19e siècle, les paysans doivent se montrer résilients pour survivre dans un Québec encore en développement.

Qui étaient les travailleurs forestiers ? (sous-titrage disponible en FR et EN) – Regarder la vidéo avec la transciption (FR).

Au terme d’une semaine de labeur, le samedi soir est le bienvenu. On fête, on chante, mais surtout, on se raconte nos meilleures histoires. Le dimanche permet de ralentir le rythme. Après les offices religieux, les hommes en profitent pour affûter les haches et les godendarts.

Cette routine débute en septembre lorsque les travailleurs forestiers arrivent sur les chantiers en Haute-Mauricie. Après une période de coupe, ils font appel aux chevaux pour transporter les billots sur des plans d’eau. Cette opération s’effectue entre janvier et mars. En avril, lorsque les glaces fondent et que le courant emporte les pitounes, les hommes descendent eux aussi la rivière en effectuant de la drave.

Quatre chevaux tirent un chargement d'immenses troncs d'arbres où sont assis une vingtaine de personnes.

Chargement du bois tiré par des chevaux