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Le fermage

Portrait de groupe des travailleurs et des familles de la ferme Edenbank sur deux rangées devant une maison

Portrait de groupe à la ferme Edenbank de Sardis, vers 1889.
Musée et archives de Chilliwack, 2004.052.0700

Les premières colonies non indigènes de Chilliwack datent de la fin des années 1850 et du début des années 1860. En 1859, Jonathan Reece a été le premier à obtenir un permis de préemption à Chilliwack pour un terrain situé dans le centre-ville actuel.La plupart des terrains offerts aux nouveaux arrivants leur ont été accordés dans le cadre du « Land Ordinance Act » (loi sur la propriété foncière)de 1860, par lequel le gouvernement fédéral autorisait les nouveaux colons à occuper des terrains pour un coût minimal afin qu’ils puissent y implanter leur ferme à condition qu’ils augmentent la valeur marchande des terres et qu’ils ne s’absentent pas de leur concession plus de deux mois par an. Vingt-quatre ans plus tard, la province de Colombie-Britannique a voté le « Act to Prevent Chinese From Acquiring Crown Lands » (loi interdisant aux Chinois d’acquérir des terres de la Couronne), loi discriminatoire qui visait à restreindre l’accès des immigrants chinois à ces terres.

Groupe d’hommes près d’une batteuse à vapeur Kipp & Nowell devant la grange Nowell

Photo de travailleurs à la ferme Reuben Nowell avec une batteuse à vapeur, vers 1870-1880.
Musée et archives de Chilliwack, PP500480

Les emplois agricoles les plus courants pour les immigrants chinois étaient le fermage et le travail agricole salarié. De nombreuses fermes, comme celle d’Edenbank qui appartenait à Allen Casey Wells (dit A.C.) et la ferme Evans qui appartenait à Allen Evans, ont employé un grand nombre de travailleurs chinois dès l’époque de la préemption. Les travailleurs agricoles avaient des tâches variées allant du défrichage des terrains, à la plantation et à la culture des produits comme les pommes de terre ou le foin en passant par diverses autres corvées agricoles. Les travailleurs agricoles chinois travaillaient dans les exploitations qui appartenaient à leurs employeurs et étaient rémunérés pour leur travail.

Entre 1900 et les années 1920, le secteur agricole a eu recours au travail saisonnier, en particulier dans la culture du houblon. La culture du houblon a été, à une certaine époque, le plus gros employeur de main-d’œuvre saisonnière, recrutant des centaines de travailleurs temporaires autochtones, chinois, japonais et originaires de l’Asie du sud dans les champs de houblon de la « Hulbert Hop Company » et de la « British Columbia Hop Company ».

Boulier en bois composé de 9 barres et 63 boules de bois

Boulier employé par les travailleurs chinois pour faire les comptes dans l’entreprise « British Columbia Hop Company » de Sardis.
Musée et archives de Chilliwack, 1990.028.001.

Même s’il existait des emplois permanents dans le secteur du houblon, les postes étaient rares et la plupart des activités dans les champs de houblon, comme la récolte ou la taille, étaient temporaires et subordonnées à l’abondance des récoltes. Le nombre de travailleurs chinois dans les champs de houblon de Chilliwack a beaucoup diminué dans les années 1920 et 1930 en raison de l’orientation discriminatoire des pratiques de recrutement qui a favorisé la communauté mennonite en pleine expansion et les travailleurs blancs pendant la grande dépression des années 1930.

Photographie en noir et blanc de deux hommes pulvérisant le houblon dans un champ avec un cheval et un chariot

Sing et un collègue pulvérisant le houblon à « Hulbert Hops Gardens, » vers 1901-1937.
Musée et archives de Chilliwack, 1987.013.004

Boîte à biscuits en métal ornée d’un motif floral orange, bleu, jaune et rouge

Cadeau d’un travailleur à son employeur, à la ferme Evans.
Musée et archives de Chilliwack, 1979.031.001

Les rapports sociaux entre les travailleurs agricoles et leurs employeurs étaient complexes et les travailleurs offraient souvent à leurs employeurs des cadeaux au moment des fêtes. Écoutez un entretien de 1983 entre Penny Lett du Musée et société historique de Chilliwack et Doreen McCutcheon, où il est question de la vie de Jim Lee, travailleur agricole chinois du quartier chinois sud qui était employé par la ferme familiale de Doreen.

Audioclip accompagné de la transcription.

Le fermage était également courant chez les Chinois de Chilliwack. Le fermage consiste à louer des terres à une autre personne pour qu’elle les exploite en échange d’un loyer sous forme d’argent ou d’un pourcentage des récoltes produites sur les terres louées. À Chilliwack, le système du fermage remonte aux environs des années 1860; il a été essentiel à la transformation de terrains en terres arables. La terre en fermage était louée par les propriétaires agraires et fonciers.

Regardez la vidéo de l’entretien avec le Dr Chad Reimer, auteur de « Chilliwack’s Chinatowns, » pour en savoir plus sur le fermage à Chilliwack.

Regardez la vidéo et sa transcription.

Le fermage présentait certains avantages par rapport au travail salarié offert à l’époque. Même si les accords passés avec les propriétaires fonciers prévoyaient certaines obligations comme le défrichage de la parcelle louée, le fermage garantissait un certain degré d’indépendance aux fermiers chinois et pouvait s’avérer assez lucratif pour leur permettre d’économiser de l’argent pour acheter leurs propres terres, même si rares ont été ceux qui y sont parvenus. Le fermage a pris beaucoup d’importance : en 1911, Chilliwack comptait 49 fermiers chinois indépendants, ce qui représente une augmentation de 2 350 % par rapport au nombre de fermiers enregistré en 1901.

En 1922, une commission mise en place par le ministre provincial de l’Agriculture, Edward Dodsley Barrow (dit E.D.), dans le cadre de l’assèchement du Lac Sumas, a déterminé que les fermiers chinois :

  • produisaient 90 % des produits agricoles livrés par camion en C.-B.
  • produisaient 55 % des pommes de terre de la province
  • possédaient 5 000 acres de terres
  • louaient 10 030 acres de terres

Ces chiffres sont considérables au sein du secteur agricole de la Colombie-Britannique.