Passer au contenu principal

Conseil des commissaires de licences Ontario

À la longue, la loi Scott a été considérée comme étant inefficace, car certaines personnes pouvaient encore mettre les mains sur l’alcool dans les municipalités qui n’étaient pas prohibitionnistes. Le premier ministre de l’Ontario James Whitney a magistralement esquivé la question en réformant la structure des droits de licence, afin d’apaiser et les militants de la tempérance, et les parties prenantes du commerce de l’alcool.

Vieil homme aux cheveux blanc sous 5 angles différents.

J.D. Flavelle. 1920.

 

J.D. Flavelle est sorti de sa brève retraite (après avoir vendu ses actions dans la minoterie), afin de travailler comme commissaire dans le comté de Victoria pour réglementer et imposer les lois abolitionnistes. Bientôt J.D. avait la réputation d’être ferme sur la loi mais aussi juste en suivant le processus. Il ne se voyait pas comme un « grognon de la tempérance » mais un « prohibitionniste aimable » qui ne voulait que servir son pays. Grand supporteur de James Whitney, J.D. — qui d’habitude ne se mêlait pas beaucoup des élections — a traversé de long en large le comté de Victoria pour appuyer les lois sur l’alcool et les droits de licence du gouvernement de Whitney pendant l’élection de 1914. Il soulignait souvent que les Libéraux qui l’opposaient, dont la campagne électorale était intitulée « Abolish the Bar » (Abolissons le bar) étaient motivés purement par le désir de reconstruire leur parti faible et pas du tout par les règlements prohibitionnistes.

Whitney est mort subitement trois mois après sa réélection en 1914 et a été succédé par William Hearst, un allié dévoué au mouvement de tempérance. Hearst n’avait pas le même charisme ou la même diplomatie que son prédécesseur, mais Hearst et son secrétaire provincial ont aboli l’administration d’alcool et de licences qui existait, pour fonder au lieu une commission appelée le Conseil des commissaires de licences. Le conseil était composé de 5 hommes, qui ont pris en charge le bureau de licences du secrétaire provincial et avaient un pouvoir absolu. Plutôt qu’avoir des commissaires de licences pour chaque circonscription, la province a été divisée en six districts. Chaque licence pour la vente et la consommation d’alcool était entièrement contrôlée par ce conseil, qui avait un vaste pouvoir. C’était la première étape d’une prise en main forte de la restriction des boissons alcoolisées par le gouvernement.

Lettre sur en-tête imprimée, tapée en encre noire avec une étampe violette.

La lettre écrite par J.D. Flavelle au Secrétaire provincial acceptant le poste de Président du Conseil de commissaires de licences. 20 avril 1915.

Les membres du conseil ont été annoncés le 22 avril 1915, dont J.D. était le président, le visage et le porte-parole. Le gouvernement conservateur avait sans doute remarqué les actions de Flavelle durant la dernière campagne électorale. Il était un excellent orateur, bien respecté, membre depuis toujours du Parti conservateur et le grand frère du millionnaire Joseph Flavelle. J.D. prenait son poste au sérieux et croyait que c’était son devoir de servir le gouvernement si on le lui demandait, une philosophie partagée par son frère William.

Le Conseil des commissaires de licences s’est mis tout de suite à la tâche et en juin 1915, J.D. a communiqué au public que vers la fin de l’année, « beaucoup d’individus » seraient déçus. Flavelle a ensuite expliqué les fonctions du conseil comme suit : « Nous n’avons aucun désir de punir les hommes, mais les intérêts de la province et de la communauté seront toujours plus importants que ceux de l’individu. » Pour Flavelle, l’établissement de cette commission était toute une besogne et il devait démontrer au public que le conseil était raisonnable et direct, suivant les lois telles que prescrites. La possibilité de fermer arbitrairement des magasins, d’octroyer des licences, de rédiger et d’adopter des lois sans l’intermédiaire de l’Assemblée législative et de diriger la police secrète en civil, faisait en sorte que Flavelle et son conseil étaient certainement les fonctionnaires les plus puissants en Ontario.

Caricature politique

J.D. Flavelle porte des cornes de diable dans cette caricature.

 

Un samedi soir tranquille, le gouvernement Hearst, avec la bénédiction de Flavelle et du conseil, a adopté la loi « Ontario Temperance Act » (Loi de tempérance de l’Ontario) qui a tout à fait interdit la consommation et la vente de boissons alcoolisées dans la province. Les fonctionnaires s’attendaient à ce que l’adoption de la prohibition causerait de l’agitation chez le public du comté de Victoria, mais selon l’inspecteur de licences William Thornbury, tout était calme. L’inspecteur était à Fenelon Falls le soir de l’adoption de la loi – les magasins ont fermé leurs portes à l’heure appropriée et il n’y avait que quelques ivrognes sur les rues. Mais étant donné que les buveurs auraient été arrêtés, ils se sont probablement cachés ce soir-là. Le 5 octobre 1916, J.D. Flavelle a assisté à la foire de Lindsay (qui avait accueilli 15 000 visiteurs cette année-là) et il a exclamé : « Pas un seul ivrogne sur le terrain! » alors que dans le passé, les policiers prenaient deux jours pour se débarrasser des caisses interminables de bouteilles.

Papier sur lequel est écrit de la calligraphie noire et colorée.

Livret donné à J.D. Flavelle en 1916 par l’église Cambridge Street Methodist Church, un an après que J.D. était nommé le président du Conseil des commissaires de licences. 1916.

Flavelle a avoué plusieurs fois avant sa retraite en 1921 que faire respecter la Loi de tempérance une fois décrétée en 1916 était un grand défi. Même si la prohibition était soutenue par la majorité, plusieurs politiciens à Queen’s Park étaient faibles dans leur exécution. Quand le Parti conservateur a annoncé la fin de la prohibition en 1926, William a abandonné le parti en citant son frère J.D., mort l’année précédente : « Les principes l’emportent sur le parti ».