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Une frontière « politique »

À la fin de la décennie 1830, la rébellion gronde au Bas et au Haut-Canada. Devant l’agitation populaire, les corps de milice sont renforcés. Quelque 400 à 500 volontaires sont recrutés dans les cantons de Brome, Stanstead, Sherbrooke et Sutton; uniquement à Abercorn, 64 hommes se portent volontaires en août 1838 pour traquer les patriotes, dont Royal Willey. Plusieurs membres de cette famille ont servi tout au long du siècle pour protéger la frontière; en 1864, huit Willey sont inscrits sur le Militia Roll du Canton de Sutton.

À gauche, le monument funéraire de Royal Willey; à droite, un portrait de James Willey.

Royal Willey, qui est inhumé au Old Abercorn Cemetery, faisait partie de la milice en 1837 et à droite, le portrait de James, en 1864.

 

D’autres sont moins loyaux et rejoignent les Hunter’s Lodges, une société secrète réunissant des patriotes en exil et leurs partisans anglophones qui, des deux côtés de la frontière, contestent la puissance britannique en Amérique du Nord. Des Hunter’s Lodges sont fondés dans les cantons de Potton, Bolton, Shefford et Sutton où le Dr Frederick Cutter a été la cible d’un tireur pour avoir exprimé de la sympathie pour Louis-Joseph Papineau et les patriotes. Comme quoi, tout le monde n’était pas loyaliste !

Cet étendard montre l’aigle américain soulevant le lion britannique

L’aigle domine le lion, symbole de la suprémacie américaine.

 

Durant la guerre de Sécession, qui a sévi aux États-Unis de 1861 à 1865, plusieurs Canadiens des cantons de Sutton et de Potton ont combattu aux côtés des nordistes. Par ailleurs, la conscription, au Nord comme au Sud, a donné lieu à des manifestations la dénonçant. De nombreux Américains ont fui au Canada pour l’éviter. On les a appelés des skedaddlers, un nom dont l’origine demeure mystérieuse.

Un conscrit est poussé manu militari vers le bureau de recrutement; un autre tente de se réfugier dans une église.

La caricature de gauche montre un militaire poussant un conscrit à la pointe de la baïonnette; celle de droite, un conscrit qui se réfugie dans une église.

Un conscrit est poussé manu militari vers le bureau de recrutement; un autre tente de se réfugier dans une église.

 

Par la suite, chaque fois que les États-Unis sont entrés en guerre, des objecteurs de conscience et des conscrits refusant de servir de chair à canon se sont cachés. Surnommés slackers, shirkers ou draft dodgers, des surnoms peu élogieux associés à la fainéantise et à l’esquive, ils ont été nombreux à se réfugier de ce côté-ci de la frontière. Durant la guerre du Vietnam notamment, la région a caché plusieurs jeunes Américains appelés sous les drapeaux. Ils ont été bien accueillis par la population canadienne très critique à l’endroit de cette guerre.

Groupe de manifestants contre la guerre au Vietnama; sur les pancartes, on peut lire : End the War in Vietnam, End Canadian Complicity, American War Objectors.

Les manifestations contre la guerre du Vietnam appuyant les jeunes américains en fuite étaient monnaie courante partout au Canada.